Mise à jour des perspectives économiques
La croissance se stabiliserait au-dessus du niveau potentiel en 2018 avant de décélérer en 2019. Les tensions commerciales sont les principaux risques.
Les États-Unis
Aux États-Unis, avec une croissance du PIB attendue à 3,1 % en 2018, l'économie entre dans sa neuvième année d'expansion. Nous prévoyons néanmoins un ralentissement de la croissance en 2019 à 2,1%. L'économie commence également à montrer quelques signes de surchauffe, qui sont susceptibles d'encourager la Fed à poursuivre progressivement le resserrement de sa politique monétaire. L’impulsion fiscale a été décidée à un stade avancé de la reprise, à un moment où l'utilité d'une telle mesure est sujette à débat. A l'heure où les réglementations bancaires sont susceptibles d'être relaxées, le cycle du crédit approche de sa fin. Les crédits à la consommation ont enregistré une croissance record au quatrième trimestre 2017. Nous pensons que les réductions d'impôt ajouteront 0,5% à la croissance du PIB cette année. Le marché de l'emploi fait enfin preuve de vigueur, montrant ses premiers signes de tension avec des taux de participation croissants. La croissance des salaires s'accélère et dépasse désormais largement la hausse des prix. Nous prévoyons une augmentation de l'inflation en 2018 pour atteindre 2,3 % avant de se stabiliser à 2,1 % l'an prochain. Une surchauffe est probable et la politique monétaire doit être ajustée en conséquence. Le message de Mr. Powell reste le même: la Fed est en voie de normaliser sa politique monétaire via une augmentation des taux d’intérêt et une réduction de son bilan. Nous sommes d'avis que la Fed augmentera ses taux quatre fois cette année, compte tenu de la vigueur de l'économie et des signes d'inflation. Nous ne prévoyons toutefois qu'une seule hausse de taux l'an prochain, car la croissance devrait ralentir. Le taux terminal serait donc de 2,75 %.
La zone Euro
Dans la zone euro, après 18 trimestres consécutifs de croissance, l'économie devrait continuer de croître à un rythme soutenu cette année. Nous prévoyons que la croissance du PIB atteindra 2,6 % en 2018 avant de ralentir en ligne avec l'économie mondiale à un niveau de 2,1 % en 2019. En outre, la dispersion des performances économiques entre les Etats membres s'estompe. Les résultats des enquêtes d’opinion ont été un sujet d’inquiétudes récemment. Leur faiblesse devrait toutefois être temporaire. La robustesse de la demande intérieure sera le principal moteur de la croissance. La consommation des ménages offrira une contribution positive, soutenue par des créations d'emplois toujours dynamiques et une accélération des salaires. L'investissement sera un deuxième facteur qui soutiendra l’activité économique. Après quatre ans et demi de reprise économique et un taux de chômage qui est passé de 12 % à 8,5 %, les salaires ajustés en fonction de la croissance de la productivité continuent de croître à un taux annuel inférieur à 1 % et l'inflation sous-jacente ne montre toujours pas de signes convaincants d’accélération. L'absence de pressions inflationnistes suggère que l'économie dispose encore de ressources inutilisées. Nos prévisions d'inflation pour 2018 et 2019 sont de 1,7 %. Les écarts dans les pays périphériques diminuent grâce à la forte reprise qui se produit également dans ces pays. L'incertitude quant à la croissance potentielle explique pourquoi la BCE n’est pas pressée d’agir. En effet, nous sommes d'avis que la BCE optera pour une extension du programme d’achat obligataire avant d’y mettre un terme fin 2018. Les taux d’intérêt directeurs seraient relevés bien après la fin de l’assouplissement quantitatif, c'est-à-dire en milieu d’année 2019 pour le taux de dépôt et fin 2019 pour le taux de refinancement.
Japon
La croissance du PIB a atteint 1,7 % en 2017 et nous prévoyons qu'elle sera de 1,3 % en 2018 et 0,6 % en 2019. L'économie nippone a connu une reprise de l'activité tirée principalement par l'environnement international, mais aussi par la politique expansionniste. Le yen a perdu un cinquième de sa valeur en cinq ans. Couplé à des réductions d'impôts, cela a soutenu les exportations. Le Japon est revenu à un excédent de sa balance courante et l'économie est presque àu plein emploi avec moins de 3 % de chômage. Les fondamentaux structurels du Japon ont peu changé. La déflation, en particulier, reste une question épineuse, les prix à la consommation stagnant depuis quelques années. La croissance des salaires est également restée faible malgré le quasi plein emploi. Nous prévoyons une hausse modeste de l'inflation, qui passera de 0,5 % en 2017 à 0,9 % en 2018 et 2019. Nous pensons que la Banque du Japon maintiendra ses taux directeurs inchangés pendant un certain temps. La banque centrale pourrait commencer à réduire ses achats d’ETFs, quel que soit le niveau d'inflation.
Les économies émergentes
Dans les pays émergents, la croissance économique a ralenti depuis l'été dernier, mais elle devrait se renforcer au cours des deux prochaines années si l'environnement mondial reste favorable, ce que nous attendons. Le rééquilibrage de l'économie chinoise implique non seulement un ralentissement durable de la croissance économique, mais aussi que les pays exportateurs de pétrole seront les plus touchés par ce changement de régime en Chine.
Les principaux facteurs de risques
Les tensions qui menacent le commerce mondial pourraient nuire à la reprise économique et constituent le risque clé aujourd’hui. Les menaces protectionnistes du Président Trump visent principalement la Chine. Mais c'est le principal partenaire commercial des Etats-Unis et il est peu probable que ces mesures aient des effets favorables à terme. Heureusement, nous n'en sommes pas encore là. Le deuxième risque à moyen terme est l'augmentation de la dette privée et publique, en particulier aux États-Unis. Enfin, une hausse plus rapide de l'inflation pourrait inciter la Fed à relever les taux d’intérêt plus que prévu. Le déficit américain pourrait augmenter fortement ce qui exercerait de nouvelles pressions sur les taux d'intérêt.