A la recherche du rendement perdu !
5 préceptes à mettre en pratique pour une allocation d’actifs dans un monde de taux bas
Ce n’est pas un scoop ! Les rendements sur les classes d’actifs traditionnelles ont atteint des niveaux historiquement bas. Sans compter que ces faibles rendements impliquent des valorisations déjà élevées et suggèrent de faibles rentabilités également pour le futur. En conséquence, dans un tel environnement de marché, les investisseurs doivent accepter d’abaisser leurs espérances de gains… Pas simple… !
Mais comment en est-on arrivé là ?
Si on regarde un peu en arrière, on constate que depuis 30 ans la baisse des taux d’intérêt a été accompagnée de rentabilités élevées (toutefois décroissantes au cours du temps), à la fois pour les actions et les obligations. A posteriori, un simple portefeuille composé à 60% d’actions et 40% d’obligations aurait produit de très beaux résultats sur ces 30 dernières années.
Or, les taux d’intérêt sont parvenus aujourd’hui à des niveaux historiquement bas : les taux d’intérêt à long terme sont mêmes négatifs en terme réels (ajustés de l’inflation) dans de nombreux pays.
Et comme ces taux constituent le socle des rendements des actifs risqués, toutes les classes d’actifs sont impactées. Par exemple, au début des années 80, les obligations d’Etat françaises offraient des rendements de 14 à 16% ! La baisse des taux qui a suivi a été un moteur essentiel de la hausse de prix de toutes les classes actifs, et en premier lieu de l’obligataire, avec pour corollaire des rentabilités élevées sur cette période. Ainsi si les performances de très nombreuses classes d’actifs ont été très bonnes sur ces 30 dernières années, une des raisons en est que les points d’entrée, il y a 30 ans, étaient très bas, le niveau d’entrée ou prix d’achat d’une classe d’actif étant primordial dans la génération de performance.
Alors que faire aujourd’hui dans ce contexte de taux bas et de valorisations élevées ? Qu’ont fait et que font les investisseurs pour pallier cette baisse généralisée des rendements ?
Sans surprise, pour obtenir le même niveau de rendement qu’il y a 30 ans, le réflexe naturel des investisseurs est de prendre davantage de risques (consciemment ou inconsciemment d’ailleurs !) et ils s’exposent ainsi à des rentabilités futures potentiellement satisfaisantes… mais également potentiellement décevantes ! En effet, si en 1995, on pouvait générer une rentabilité de 7,5% avec une allocation 100% obligataire pour un niveau de volatilité faible (6%), soit peu d’incertitude sur la performance générée…, en 2015 il en est tout autrement ! Avec seulement 12% d’obligataire et les 88% restants investis en classes d’actifs « risquées » : 63% d’actions, 13% d’immobilier et 12% de Private Equity, la prise de risque est devenue significative (17,3% de volatilité) pour générer une performance de 7,5% (cf. graphe, source Callan Associates).
D’autre part, effet collatéral logique, ce rallye vers les actifs « risqués » engendre une inflation du prix de ces actifs…
Bref, comme le résume cette citation fameuse du financier américain Raymond DeVoe, Jr: « La recherche effrénée de rendements élevés aura causé davantage de pertes financières que celles résultant de braquages » !
En fin de compte, comment résoudre cette difficile équation ?
La solution est loin d’être évidente mais la meilleure façon d’aborder la question de l’allocation d’actifs dans un contexte de taux bas, et donc de faibles rendements (ou fortes valorisations), serait avant toute chose de mettre en pratique les préceptes suivants :
- être réaliste dans ses objectifs de performance et réduire ses attentes de rentabilités futures au regard des rentabilités passées,
- réduire le niveau de risque global du portefeuille, et particulièrement la sensibilité au risque de taux,
- se diversifier, en intégrant toutes les classes d’actifs,
- remettre l’accent sur la préservation du capital grâce à une allocation stratégique pertinente avant toute décision tactique,
- savoir saisir les opportunités structurelles d’investissement de long-terme.
Ces préceptes ne constituent pas une solution miracle, loin de là… mais au moins permettront-ils d’éviter que Monsieur Raymond DeVoe n’ait encore raison pour de nombreuses années !

Augmentation de la prise de risque au cours des 30 dernières années pour générer un même niveau de rentabilité
Source : Callan Associates - 2016