#Stratégie d'investissement — 26.10.2017

La BCE réajuste

Edouard Desbonnets

D’une politique monétaire ultra accommodante à une politique monétaire très accommodante...

Toile de fond

L’économie de la zone euro continue à croitre à un rythme rapide. La reprise a été généralisée et a concerné tous les pays et l’ensemble des secteurs. L’inflation reste faible pour l’instant mais la croissance devrait finalement aider à faire remonter les prix. Le risque de déflation a enfin disparu. Dans ce contexte, un ajustement s’avère nécessaire. En conséquence, la BCE a décidé aujourd'hui de réduire son soutien à l’économie en ajustant son programme d'achat d'actifs, de façon similaire à ce qu’il avait fait fin 2016, lorsqu'il avait réduit ses achats nets de 80 à 60 milliards d'euros par mois.
 

La décision

L’annonce était largement attendue tant la BCE avait multiplié les signaux envoyés au marché. Cela dit, nombre de scenarios restaient possibles tant en termes de montants que de durées.

La BCE a finalement choisi de réduire ses achats mensuels nets de 60 à 30 milliards d’euros et de prolonger le programme pour neuf mois à partir de janvier 2018.

Cette décision était la plus consensuelle d’après le marché. La politique monétaire reste très accommodante, surtout si l’on tient compte de la quinzaine de milliards d’obligations qui arrive à maturité chaque mois, et qui sera réinvestie en plus des 30 milliards d’achats nets.

Mario Draghi est resté très prudent dans sa communication de façon a éviter une envolée rapide des rendements obligataires comme aux Etats-Unis quand Bernanke avait fait une annonce similaire en 2013. Il a également voulu éviter de provoquer une envolée de l’euro, ce qui aurait pénalisé les grandes entreprises de la zone euro, et qui aurait été contre-productif puisque cela aurait en fin de compte pesé sur l’inflation.

Le recalibrage du programme va limiter les problèmes de pénurie puisque certaines banques centrales nationales ont éprouvé des difficultés à trouver des obligations à acheter dans le marché.

Nous pensons que la décision est sans surprise, mais que le ton est resté très accommodant. La BCE ne devrait pas mettre un terme à son programme de rachats avant la fin 2018 et le taux principal de refinancement ne devrait donc pas augmenter avant fin 2019.
 

Les premières réactions de marché

En l’absence de surprise sur le contenu, l’annonce n’a pas eu d’impacts majeurs sur les marchés. Cependant, le ton accommodant a rapidement fait baisser les rendements allemands: -2bp sur le rendement à 2 ans et -3pb sur le rendement à 10 ans. L’euro s’est déprécié contre le dollar d’environ 0,7% à 1,172. Les marchés actions de la zone euro ont continué à progresser.