Marché actions : GAFA et valeurs technologiques
Seulement un petit nombre de valeurs a porté les indices américains ces derniers mois.
Une bonne performance américaine grâce aux FAANG
Quelques valeurs stars, reprises sous les acronymes GAFA ou FAANG (Facebook, Amazon, Apple, Netflix, Google), ont permis aux indices boursiers américains de s’envoler. En moins d’une décennie, ces quelques sociétés sont devenues les premières capitalisations boursières de l’indice S&P500 (Apple en tête, puis Amazon, Alphabet, Microsoft et Facebook). En 2009, la tête du classement était encore trustée par des entreprises en grande partie issues de « la vieille économie », en l’occurrence Exxon, Wal-Mart, Procter & Gamble, Johnson & Johnson et Microsoft. Radicalement transformé en une décennie, le marché boursier américain a donc pleinement tiré parti de la forte digitalisation de l’économie mondiale. Les FAANG représentent aujourd’hui 12% de la capitalisation totale de l’indice S&P500 contre moins de 8% début 2016. La différence de performances du S&P500 avec et sans les FAANG s’est donc accentuée ces derniers trimestres. Même dans les phases d’incertitude, les FAANG ont été perçues par les investisseurs comme des valeurs refuge, leur offrant des perspectives de croissance, a priori solide, et disposant de liquidités potentiellement disponibles pour leurs actionnaires (rachats d’actions, essentiellement).
La concentration de la performance du marché américain sur seulement quelques valeurs appelle toutefois à une certaine prudence. Depuis le début de l’année, l’indice S&P500 a gagné 136 points (soit 5,4%), Amazon a contribué à elle-seule pour 40% de cette progression! De plus, certaines valeurs FAANG s’échangent à des niveaux de multiples de valorisation élevés (cours sur bénéfices de 140 pour Netflix pour l’année fiscale 2018). Les investisseurs ne sont donc pas à l’abri d’une déception. La récente chute du cours de Netflix et celle de Facebook en est une illustration. Enfin, la mise en place de nouvelles réglementations des activités de ces nouvelles méga-entreprises constitue un risque potentiel. Rien n’est certain, à ce stade, mais les craintes d'un contrôle plus strict de leurs activités (suite au scandale Facebook, notamment), ou de toute mesure contre leur position potentiellement monopolistique sont susceptibles d’infléchir l'appétit des investisseurs.
Quelles perspectives pour le secteur technologique ?
Au-delà de cet engouement exceptionnel pour quelques valeurs internet, que penser du secteur technologique en général? Sa croissance est intacte, tirée par des opportunités sur le long terme dans des domaines très variés. Tous les sous-secteurs de la technologie – c’est-à-dire les semi-conducteurs, le hardware et les logiciels – en profitent. Les semi-conducteurs jouissent d’une demande solide dans différents segments (robotique, automobile, smartphone, etc.) tandis que les services logiciels sont soutenus par la montée en puissance de la gestion de données (big data). La croissance bénéficiaire qui en découle est robuste, toujours à deux chiffres.
Toutefois, après la belle performance du secteur (+26% en 2017), nous préférons être neutres. La marge d’autofinancement des entreprises technologiques, en forte progression ces dernières années, a porté la performance du secteur. Elle s’élève aujourd’hui à un niveau historique de 30% aux Etats-Unis. Le potentiel de progression paraît désormais plus limité. La valorisation du secteur n’est pas excessive, mais justifie également une vue neutre. Le cours sur bénéfices du secteur s’élève à 18 aux Etats-Unis (21 en Europe) et est proche de sa moyenne de deux ans.
Pour finir, une escalade des tensions commerciales entre les Etats-Unis et ses partenaires pourrait avoir des conséquences néfastes sur le secteur dont la chaine de valeur s’est fortement internationalisée. Les semi-conducteurs en seraient les premiers pénalisés. Face à cette incertitude, nous préférons donc maintenir une vue neutre.