L'OPEC décide de baisser la production de pétrole
Nous pensons que cet accord conclu par l’OPEP est crucial. Il s’agit en effet de la première réduction concertée de la production depuis la crise financière, et en même temps de la concrétisation du changement de politique annoncé par l’OPEP lors de la réunion d’Alger il y a deux mois
L’accord
L’OPEP a décidé de ramener la production à 32,5 millions de barils par jour, ce qui équivaut à une réduction de 1,2 million. L’aboutissement de cet accord, qui prendra effet en janvier, montre que l’Arabie Saoudite accepte que l’Iran bénéficie d’un traitement de faveur et puisse porter sa production à environ 3,8 millions de barils par jour. L’Arabie Saoudite elle-même réduira sa production de 486.000 barils par jour, la ramenant ainsi à 10,058 millions de barils par jour. L’accord appelle également les pays non membres de l’OPEP à réduire leur production d’environ 600.000 barils par jour.
La réaction du marché
Le prix du pétrole brut a grimpé de 8,8% à Londres. A New York, le Brent affichait un prix de 50,4 $ le baril à la fin de la journée.
Les devises des pays producteurs de pétrole ont amorcé une remontée en apprenant la nouvelle. Le peso colombien et le rouble russe se sont montrés les plus performants parmi les pays émergents, tandis que la couronne norvégienne est parvenue à progresser en dépit du repli des autres devises du Groupe des dix.
Le Stoxx Europe 600 et le S&P 500 ont laissé entrevoir une hausse modérée au bilan de la journée. Les rendements des obligations d’Etat ont grimpé, mais sans renouer avec leurs records de la semaine dernière.
Nos conclusions
Si chacun respecte les conventions, l’accord de l’OPEP permettra d’atteindre début 2017 un équilibre entre l’offre et la demande. En conséquence, nous revoyons notre juste valeur du pétrole pour 2017 de 45-55 dollars à 50-60 dollars. Vu le regain de rentabilité – et donc d’activité – attendu de la part des producteurs américains de pétrole de schiste, le prix du pétrole ne devrait pas dépasser les 60 dollars le baril dans l’immédiat.
La leçon que nous avons retenue du début de 2016 est qu’une extrême faiblesse du prix du pétrole est néfaste pour les marchés des actions, et pas seulement parce qu’elle affecte les bénéfices des compagnies pétrolières: les réductions des investissements décidées par le secteur pétrolier ont en effet mis à mal l’industrie lourde, l’un de ses principaux fournisseurs. Les prix très bas du pétrole ont également affaibli les pays producteurs, au point de les obliger à sabrer dans leurs importations en provenance du reste du monde. Au total, un prix fluctuant aux alentours de 55 dollars le baril ne compromettra pas trop le pouvoir d’achat du consommateur (s’agissant toujours de la moitié du prix auquel le baril se négociait à la mi-2014), mais profitera aux bénéfices des géants pétroliers et à l’industrie en général.