#Stratégie d'investissement — 27.07.2017

Changement de perspectives concernant l’euro face au dollar

Guy Ertz

  • Le dollar est resté faible ces dernières semaines. Les doutes quant à la capacité du gouvernement Trump à mettre en œuvre les mesures réglementaires et fiscales annoncées ont augmenté, poussant de nouveau à la baisse les attentes en matière d’inflation.
  • Les chiffres plus faibles que prévu concernant l’inflation et l’absence de pression salariale en dépit du faible taux de chômage suggèrent que la Fed est confrontée à des pressions croissantes l’incitant à reporter ses prochaines hausses de taux d’intérêt.
  • Nous avons décidé de modifier quelque peu nos perspectives concernant la Fed. La prochaine hausse des taux ne devrait plus intervenir en décembre, mais plutôt en mars 2018. Cela signifie aucune hausse des taux cette année, et trois en 2018. Autrement dit, nous anticipons une hausse de moins que précédemment.
  • À court terme, peu de facteurs politiques ou fondamentaux nous semblent susceptibles de susciter un raffermissement du dollar. Les indicateurs de surachat et la forte position longue adoptée sur l’euro (positionnement spéculatif pariant sur une hausse de la devise) laissent cependant entrevoir une certaine normalisation à court terme.
  • Malgré notre changement de point de vue concernant la Fed, nous pensons que les marchés sous-estiment l’action future de la Fed en termes de normalisation de sa politique, alors que c’est l’inverse en ce qui concerne les perspectives relatives à la BCE. Ce constat étaye l’argument en faveur d’un redressement progressif du dollar.
  • Nous avons révisé notre objectif sur trois mois à 1,13 (pour 1 euro) au vu des indicateurs techniques. En modifiant nos perspectives concernant la politique de taux de la Fed, nous avons également été amenés à réviser notre objectif à 12 mois qui passe de 1,05 à 1,10. Rising Political Uncertainty Should Lead The Fed To Hike Only Next Year
     

La montée des incertitudes sur le plan politique devrait inciter la Fed à attendre l’an prochain pour relever ses taux

Les doutes quant à la capacité du gouvernement Trump à mettre en œuvre les mesures réglementaires et fiscales annoncées ont augmenté ces dernières semaines. Le fait que le président soit confronté à de sérieux obstacles dans ses efforts visant à abroger l’Affordable Care Act (Obamacare) limitera sa marge de manœuvre concernant d’autres mesures de relance à court terme. L’enquête sur les relations entretenues par Trump avec la Russie pèse également sur la confiance du marché et sur la capacité du président américain à obtenir un large soutien politique.

Le peu d’avancées sur le front politique et l’absence de pressions inflationnistes au cours des prochains mois nous contraignent à modifier quelque peu nos perspectives concernant la Fed. La prochaine hausse des taux ne devrait plus intervenir en décembre, mais plutôt en mars 2018. Cela signifie aucune hausse des taux cette année, et trois en 2018. Autrement dit, nous anticipons une hausse de moins que précédemment.  La Fed devrait annoncer une réduction de son bilan en septembre. La BCE ne devrait réduire son programme d’assouplissement quantitatif que de manière très progressive. L’inflation augmente, mais seulement de façon très progressive et la forte appréciation de l’euro observée récemment constitue déjà en soi une forme de resserrement qui limitera la hausse de l’inflation. Le resserrement de l’écart de taux d’intérêt entre les États-Unis et l’Europe limite quelque peu le potentiel de hausse du dollar par rapport à notre précédent scénario.

Le dollar devrait toutefois se raffermir progressivement par rapport aux niveaux actuels dans la mesure où les marchés sous-estiment le potentiel de hausse des taux de la Fed et la capacité du Parti républicain à prendre des mesures réglementaires et fiscales. Les prochaines élections de novembre 2018 seront une source de motivation importante pour trouver des compromis permettant de donner des signes clairs d’amélioration de la situation économique d’ici au printemps prochain.
 

Facteurs de raffermissement du dollar et conclusion

À court terme, peu de facteurs politiques ou fondamentaux nous semblent susceptibles de susciter un raffermissement du dollar.

L’euro est de nouveau entré il y a quelques jours en territoire de surachat face au dollar d’après l’indice RSI (Relative Strength Index). Un autre indicateur d’excès est l’accumulation de positions vendeuses pour le dollar alors que l’inverse est vrai pour l’euro. Cette situation laisse entrevoir un raffermissement à terme du billet vert.

Concernant l’analyse technique, un mouvement de correction est attendu et la moyenne mobile sur 50 jours constituera le prochain niveau de soutien à environ 1,13 (pour 1 euro). Un ajustement plus important que prévu ne saurait être exclu à court terme (1,177 est le prochain niveau de résistance).

Le dollar devrait se raffermir à moyen terme dans la mesure où les marchés sous-estiment la Fed et la possibilité que des mesures réglementaires et fiscales soient prises plus tard dans l’année.

Nous avons révisé notre objectif sur trois mois à 1,13 (pour 1 euro) au vu des indicateurs techniques et de dynamique. En modifiant nos perspectives concernant la politique de taux de la Fed, nous avons été amenés à réviser notre objectif à 12 mois qui passe de 1,05 à 1,10 (pour 1 euro).