Perspectives mensuelles sur les devises septembre 2019
La prudence est de retour et a poussé les devises défensives à la hausse

L'aggravation des tensions commerciales a ébranlé la confiance des investisseurs et déclenché la vente des actifs des marchés émergents. L'incertitude devrait persister plus longtemps que prévu, car les États-Unis et la Chine ne semblent pas enclins à accorder des concessions, ce qui rendra un accord difficile. Nous pensons qu'une impasse durable est plus probable qu'une résolution, de sorte que les tensions continueront de peser sur l'économie mondiale. Le ralentissement du commerce mondial a nui aux monnaies liées aux matières premières, en particulier celles de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, ces économies dépendant fortement de la demande chinoise. Les marchés sont devenus prudents et se sont tournés de plus en plus vers des monnaies plus sûres, soutenant le yen et le franc suisse.
Dollar américain (USD)
La valeur d’un euro a récemment oscillé autour de 1,10, son plus bas niveau depuis mai 2017, suite à un retour de l'aversion pour le risque et à la baisse largement attendue des taux de la Fed. Sur le plan commercial, l'annonce de nouveaux tarifs douaniers américains a rendu un accord commercial avec la Chine encore plus difficile. Nous pensons que la demande chinoise a peu de marge de manœuvre pour se redresser à court terme et que l'économie européenne devrait rester affaiblie. Nous voyons donc l'EURUSD osciller autour de 1,12 au cours des 3 prochains mois au lieu de 1,14. A moyen terme, l'écart de croissance entre les États-Unis et l'UE et l'incertitude persistante devraient limiter le potentiel de hausse de l'euro. La baisse de l'écart des taux d'intérêt laisse toutefois entrevoir un affaiblissement du dollar. Nous avons révisé notre objectif sur 12 mois de 1,18 à 1,14.
La devise japonaise (JPY)
Le yen japonais a atteint un sommet à la fin août. Les incertitudes devraient maintenir l’aversion au risque pendant un certain temps. Nous prévoyons que l'économie enregistrera une croissance proche de zéro au second semestre de 2019 et tout au long de 2020. Nous ne voyons pas de stimulus de la politique monétaire. Dans l'ensemble, l'aversion au risque devrait continuer à soutenir le yen, mais nous ne pensons pas que la monnaie ait un potentiel d'appréciation supplémentaire important, étant donné que le dollar devrait rester fort. En effet, les mesures de relance budgétaire attendues aux États-Unis devraient soutenir le dollar américain. Les querelles actuelles avec la Corée du Sud pourraient représenter un risque de baisse tangible. Nous voyons le USDJPY se négocier autour des niveaux actuels à court et à moyen terme. Par conséquent, nous avons révisé à la baisse notre cible à trois mois, la faisant passer de 108 à 106, et nous avons maintenu la cible à 12 mois inchangée à 106 (valeur de 1 dollar).
Le franc suisse (CHF)
Le franc suisse a profité de l’aversion au risque et a été soutenu par la préférence des investisseurs pour des placements sûrs. Dans un contexte de tensions commerciales et de craintes croissantes d'un ralentissement mondial, les flux d'informations économiques et politiques européens ont soutenu le CHF. A court terme, nous ne voyons pas de percée imminente sur le plan commercial alors que la question du Brexit demeure incertaine. Dans ce contexte, nous avons revu à la baisse l'objectif à 3 mois pour le EURCHF de 1,11 à 1,10. Nous pensons que l’appétit pour le risque restera faible d'ici la fin du troisième trimestre 2020. Nous prévoyons donc un euro plus faible que prévu jusqu’ici. Nous révisons notre objectif pour l’EURCHF à 1,12 sur les 12 prochains mois (contre 1,18 auparavant).

Source : BNP Paribas Wealth Management
Le dollar australien (AUD)
La tendance du dollar australien s'est inversée à la mi-juillet. En effet, le ralentissement de la demande chinoise a ébranlé la confiance du marché, car l'Australie dépend fortement de la demande de minerai de fer. Dans ce contexte, nous pensons que le dollar australien a moins de potentiel d'appréciation à court terme car les tensions commerciales ne devraient pas s'apaiser au cours des prochains mois. Nous prévoyons que l'AUDUSD se négociera à des niveaux proches des niveaux actuels au cours des 3 prochains mois (autour de 0,69). En ce qui concerne la politique monétaire, la banque centrale a déjà abaissé ses taux de 0.50%, tandis qu'une nouvelle baisse des taux est prévue d'ici la fin de l'année. En outre, nous anticipons une reprise de la demande chinoise qui devrait stimuler la croissance australienne. La résilience attendue du dollar devrait limiter le potentiel d’appréciation de l'AUD. Ainsi, nous avons révisé à la baisse nos cibles sur 12 mois, les ramenant de 0,74 à 0,72 (contre 0,74).
Le dollar néo-zélandais (NZD)
Le dollar néo-zélandais a été la monnaie la moins performante du G10 en août. Le kiwi a souffert d'une pression baissière en raison d'une aversion au risque plus élevée. Le ralentissement de la demande chinoise a freiné les prix des produits laitiers, sur lesquels l'économie néo-zélandaise repose fortement. Sur le plan monétaire, la baisse des taux plus forte que prévue le mois dernier a surpris le marché. La probabilité d'une nouvelle baisse a augmenté car les anticipations d'inflation ont continué de baisser en juillet. Nous ne voyons pas le kiwi augmenter à court terme, et pensons que le NZDUSD devrait se négocier à des niveaux proches des niveaux actuels (autour de 0,65) sur les 3 prochains mois. Le NZD devrait se renforcer à moyen terme, car nous nous attendons à ce que les mesures de relance budgétaire chinoises donnent un nouvel élan à l'économie du kiwi. Toutefois, nous constatons un potentiel d'appréciation plus faible compte tenu d'un environnement extérieur défavorable. Le NZDUSD devrait se négocier autour de 0,68 au lieu de 0,70 au cours des 12 prochains mois.