Retour en force de l’aversion pour le risque
Les incertitudes politiques et géopolitiques sont nombreuses. C’est la situation politique en Italie qui est le facteur déclencheur pour un retour marqué de l’aversion au risque.
La volatilité des marchés va probablement rester élevée pour quelque temps, avec une absence de catalyseur pour faire revenir rapidement la confiance. Les fondamentaux restent cependant favorables et nous maintenons nos vues constructives à moyen terme.
Les incertitudes politiques italiennes plongent les marchés dans le doute
La perspective de nouvelles élections en Italie à la sortie de l’été se révèle le catalyseur pour une nette remontée de la volatilité sur les marchés financiers. Le rendement de l’obligation du gouvernement italien à échéance dans dix ans passe de 1,78% en début de mois à 3,10% aujourd’hui (mardi 29 mai 2018). La bourse italienne poursuit sa descente aux enfers avec une baisse avoisinant les 3% ce matin, portant le recul à 12% depuis la mi-mai. Le secteur financier, 37% de l’indice MIB30, en est la plus grosse victime avec le retour des craintes sur le cercle vicieux entre obligations gouvernementales et leur détention par le secteur bancaire, qui pourrait déboucher aux yeux de certains sur de l’instabilité financière. Moody’s avait par ailleurs déjà indiqué il y a quelques jours qu’il plaçait les emprunts italiens sur sa liste « Negative Watch ».
Les répercussions s’étendent hors de l’Italie. L’euro se traite à 1,1550 contre le dollar, le yen et le franc suisse se renforcent. Sur les marchés obligataires, les rendements reculent non seulement dans les pays formant le noyau de la zone euro mais aussi aux Etats-Unis, où le Treasury à 10 ans offre maintenant moins de 2,90%, pendant que dans les pays dits périphériques de la zone euro, ils se tendent fortement. Les marchés actions reculent de 1,50% en zone euro et sont attendus en baisse aux Etats-Unis.
Une volatilité appelée à perdurer
D’autres sources de stress cohabitent avec les incertitudes italiennes. Citons par exemple l’Espagne qui s’achemine vers un vote de confiance envers le gouvernement actuel en raison de gros scandales de corruption du Parti Populaire, ou, les tensions commerciales entre la zone euro et les Etats-Unis, ou encore entre les Etats-Unis et le reste du monde (ALENA, Chine…). Il faut bien sûr relever que les incertitudes géopolitiques sont également élevées et les élections en Turquie, au Brésil et au Mexique ne prennent pas une direction rassurante pour les investisseurs.
D’un point de vue plus fondamental, les statistiques économiques attendues au cours des prochains mois devraient confirmer une modération de l’activité économique et un raffermissement des tensions inflationnistes, développements qui devraient alimenter la prudence des investisseurs.
L’environnement reste porteur
Si le flux de nouvelles doit se révéler peu porteur à court terme, soit durant l’été, nous restons constructifs à moyen terme. Bien que les risques soient plus élevés et plus nombreux que de coutume, nous n’anticipons pas qu’ils auront la force suffisante pour renverser les perspectives de poursuite de la croissance mondiale à un rythme au-dessus du potentiel en 2019 et de remontée graduelle de l’inflation. Le resserrement des conditions monétaires peut, si nécessaire, toujours procéder à un rythme encore plus modéré qu’attendu. Les entreprises continueront par conséquent à générer de très bons flux de liquidités et à augmenter leurs bénéfices.
Nous conservons dès lors nos anticipations de tendance haussière des rendements obligataires et des marchés actions. Nos préférences pour les obligations d’entreprises avec duration pas trop longue et une notation « investment grade » demeurent, ainsi que pour les bourses et secteurs pro-cycliques. Nous anticipons toujours peu d’évolutions fortes sur les marchés des devises : l’euro devrait progressivement regagner du terrain contre dollar et le yen fluctuer pas loin des niveaux actuels dans 12 mois. Les fonds alternatifs restent un très bon investissement dans un environnement de dispersion accrue des performances et l’or un très bon actif de diversification.
Concrètement, nous recommandons de considérer les phases de volatilité accrue comme des opportunités d’investissement dans une optique à 12 mois. Diverses opportunités sont attendues au cours de l’été.