#Investissements — 11.07.2017

Quand l’allocation d’actifs fait la part belle aux actifs réels…

Jean-Patrick Mousset

Ou comment protéger son portefeuille de l’inflation

Actif réel… ça veut dire quoi ?

Qu’ont en commun l’immobilier, les vignobles, les terres agricoles, les forêts, l’infrastructure, l’or ou les matières premières ?

Ce sont ce qu’on appelle des actifs… réels, c’est-à-dire des actifs physiques dont la valeur découle de leur substance ou de leur utilité (par opposition aux actifs financiers).
 

Actif réel … pourquoi ?

L’inflation est l’un des risques qui peut avoir le plus d’impact sur la valeur et les rentabilités des actifs à long terme. Elle peut avoir plusieurs origines : une politique monétaire expansionniste, un effet rareté de certaines matières premières, ou encore la faiblesse de la devise de référence de l’investisseur.

Les actifs réels ont comme avantage de fournir une bonne couverture contre l’inflation, d’offrir une protection à la baisse pendant les périodes chahutées, et de bénéficier d’un effet de rareté. Prisés des investisseurs long-terme, ces actifs sont également attractifs pour des investisseurs privés qui cherchent à préserver la rente annuelle de leur patrimoine de la hausse des prix.

Plus spécifiquement, les actifs réels réagissent à l’inflation « non-anticipée » c’est-à-dire au différentiel entre l’inflation observée sur une période et les prévisions antérieures du taux d’inflation sur cette période. Car l’impact de l’inflation peut être particulièrement important sur des actifs générant des rendements annuels fixes.

S’ils partagent cet effet protecteur face à l’inflation, on peut noter une certaine hétérogénéité parmi les actifs réels :
 

  • Pour une protection contre l’inflation à court terme, on pourra privilégier par exemple les Matières Premières, pour une protection contre l’inflation à long terme, plutôt l’Immobilier, et pour diversifier plus généralement un portefeuille traditionnel actions/ obligations, on choisira l’or.
  • D’autre part, on pourra choisir des actifs réels cycliques (matières premières, foncières cotées) ou des actifs  plus défensifs comme l’or ou les obligations indexées sur l’inflation (OATi), qui, par extension, sont également considérées comme des actifs réels.
  • Enfin, si l’on veut s’orienter vers des actifs cotés, on aura le choix parmi les emprunts indexés sur l’inflation, les foncières cotées, les actions du secteur infrastructure, l’or, ou encore les matières premières accessibles via des ETF ou par l’intermédiaire de fonds d’actions minières par exemple. Si l’on préfère des actifs réels non cotés, qui offrent une liquidité moins grande, l’immobilier direct, les vignobles, les forêts, les terres agricoles, ou encore les fonds d’infrastructure seront des investissements à considérer.

Dans tous les cas, la plupart des actifs réels produisent un revenu indexé sur l’inflation, et représentent un attrait pour les investisseurs à la recherche de revenus récurrents. Ainsi, par le passé, on constate que les actifs réels ont fourni une bonne protection lors des hausses du niveau d’inflation.


Alors quelle allocation aux actifs réels dans un portefeuille ?

La proportion d’actifs réels à inclure dans le portefeuille d’un investisseur privé dépend à la fois de ses convictions sur l’environnement macro-économique, de son budget de risque, de son horizon de temps et de sa sensibilité au risque de perte. Et si les actifs réels peuvent aider à construire des portefeuilles générateurs de rendements récurrents, plus robustes à la résurgence à terme du risque inflationniste ou au retour de périodes agitées, il demeure important, comme toujours, de bien diversifier à l’intérieur même de cette poche.

Actifs réels, actifs traditionnels, actifs alternatifs… tous ont un rôle à jouer dans une allocation. Reste toujours à trouver le savant dosage pour bien répondre à ses objectifs, comme nous vous l’expliquions dans « Pourquoi l’allocation d’actifs est reine… » !

A titre d’exemple les fonds de dotation des grandes universités américaines, comme Yale et Harvard, sont alloués à 20% aux actifs réels, majoritairement à l’immobilier et à ce qu’ils appellent les « ressources naturelles ». Pour ces investisseurs à l’horizon d’investissement infini, ce sont des actifs qu’il est indispensable d’intégrer pour protéger les rendements de l’inflation à long terme.