Quelles sont les grandes tendances dans l’allocation stratégique d’actifs?
Que doit-on retenir de l’allocation moyenne des investisseurs fortunés et de celle des fonds de dotation des universités américaines…
Sans aucun doute, comprendre les grandes tendances dans l’allocation stratégique des portefeuilles (par grande classe d’actifs) est une démarche riche d’enseignements. A ce titre, l’allocation des fonds de dotation des grandes universités américaines tout comme l'allocation moyenne des investisseurs privés peut apporter un éclairage précieux.
Au niveau mondial, les investisseurs fortunés favorisent les actions…
Dans le World Wealth Report 2017, publié ce mois-ci par Capgemini, une étude menée auprès de plus de 2500 investisseurs privés dont les actifs investissables s’élèvent à plus d’1M€, et répartis sur 19 marchés importants d’Amérique du Nord, d’Amérique Latine, d’Europe et d’Asie Pacifique, permet de constater la composition et l'évolution de leur allocation moyenne.
En se concentrant plus particulièrement sur l'évolution entre 2016 et 2017,on peut constater une hausse significative de l’allocation en actions (de 24,8% à 31%), pour atteindre un plus haut depuis 5 ans. Cette tendance est particulièrement vraie pour les investisseurs européens qui semblent beaucoup plus confiants qu’en 2016 : ils sont en effet plus nombreux à estimer pouvoir faire fructifier leur patrimoine (85% vs 62,5% un an auparavant).
De façon intéressante, comme pour « compenser » l’augmentation de la prise de risque liée à l’augmentation de l’exposition actions, le pourcentage de liquidités dans leurs portefeuilles augmente lui aussi de 23,5% à 27,3%. Cette hausse est encore plus forte chez les investisseurs les plus fortunés qui tiennent encore plus à se protéger des pertes et à se constituer ainsi une poche de sécurité.
L’allocation dédiée aux obligations est, quant à elle, restée inchangée par rapport à 2016. Cela n’est pas surprenant au regard de l’environnement actuel qui n’a pas beaucoup évolué depuis 1 an et qui reste caractérisé par la menace d’une hausse des taux à court-moyen terme.
En revanche, étonnamment pour cette population d’investisseurs historiquement largement exposée à l’immobilier, l’allocation en immobilier a fortement baissé par rapport à 2016 (de 17,9% à 14%). Mais cela s’explique notamment par le fait que les investisseurs fortunés considèrent aujourd’hui les valorisations immobilières comme très élevées, alors que les prix continuent d’augmenter dans tous les grands marchés, et redoutent l’éclatement de cette bulle. A noter que les investisseurs fortunés américains sont particulièrement frileux vis-à-vis de l’immobilier, leur allocation étant la plus faible des différentes régions.
Enfin l’allocation aux investissements de diversification (qui inclut les produits structurés, les hedge funds, les dérivés, le Forex, les matières premières et le Private Equity), atteint son plus bas niveau depuis 2013 à 9,7% (versus 15,7% en 2016), contrepartie de la hausse significative de la part actions…
Cependant il convient de nuancer ce dernier point, car pour les investisseurs les plus fortunés, les investissements de diversification (comprenant le Private Equity, les hedge funds et l’immobilier), et en particulier le Private Equity, restent encore la catégorie d’investissements privilégiée.
Et que retenir des fonds de dotation des grandes universités américaines ?
Pour compléter ce bref aperçu des grandes tendances dans l’allocation, intéressons-nous enfin au fonds de dotation de Stanford… investisseur de long terme par excellence ! L’allocation privilégie les investissements alternatifs et le Private Equity pour la moitié de l’allocation ! Les actions quant à elles, constituent un tiers de l’allocation, le reste étant réparti pour 6% sur l’obligataire et 9% sur les matières premières. C’est donc une allocation clairement tournée vers la croissance mais l’horizon d’investissement « infini » de ce type de fonds permet une telle prise de risque !
On retrouve d’ailleurs le même type d’allocation pour le fonds de dotation de Yale qui favorise également le Private Equity (30% de l’allocation) ou celui de Harvard (20% de l’allocation) !
Un éclairage intéressant sur les tendances, nécessaire mais pas suffisant…
Ces différentes études s’avèrent évidemment utiles pour identifier certaines grandes tendances dans l’allocation d’actifs. Mais elles montrent également que la généralisation est très difficile et qu’en réalité, selon son niveau de patrimoine ou encore son horizon d’investissement, les choix d’allocation peuvent être très variés. Ainsi on verra les investisseurs de très long terme et les plus fortunés se tourner davantage vers les investissements alternatifs et le Private Equity pour capter de la performance quand des investisseurs plus orientés vers le moyen terme et moins fortunés et ayant plus difficilement accès à ces classes d’actifs leur préfèreront les actions. Une constante : l’allocation obligataire qui reste stable, voire en baisse dans la plupart des patrimoines, mais rien d’étonnant étant donné l’environnement actuel sur les taux.
Dans tous les cas, au-delà de ces exemples instructifs qui ne constituent aucunement des modèles à répliquer, on retiendra ce principe fondamental : bien réfléchir à ses objectifs propres et en particulier à son horizon d’investissement sera déterminant pour construire SON allocation d’actifs.