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TRANSCRIPTION TEXTUELLE

Intervenant : Guy Ertz

Bonjour, je suis Guy Ertz, Deputy Chief Investment Officer, BNP Paribas Wealth Management. Aujourd'hui, nous parlerons des obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro. Quels sont les moteurs de leurs performances ? Quels sont les risques à venir et comment se comportent-elles comparées aux obligations d’entreprises « Investment Grade » européennes et à haut rendement américaines ? Pour répondre à ces questions, nous sommes avec mon collègue Edouard Desbonnets, Senior Investment Strategist, Fixed Income. Bonjour, Edouard.

Intervenant : Edouard Desbonnets

Bonjour Guy.

Intervenant : Guy Ertz

Commençons par l'année dernière. 2024 a été une année fantastique pour les obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro. Mais qu'elles en sont les causes ? Qu'est-ce qui en a fait une si bonne année ?

Intervenant : Edouard Desbonnets

En effet, 2024 a été une année magnifique : 8,1 %. C'est la performance totale des obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro l'an dernier. C'est donc tout à fait remarquable. Le principal moteur a été la compression des spreads, ce qui indique alors que la perception du risque a beaucoup diminué. Le contexte économique a également été favorable. Vous savez que l'inflation a fortement baissé dans la zone euro, si bien que la BCE a pu commencer à réduire ses taux et, ce faisant, réduire les risques de liquidité et rendre les obligations d'entreprises à haut rendement plus attractives. Et enfin, n'oublions pas la demande. L'ensemble des rendements de l'an passé étaient à des niveaux très attractifs. Et nous avons observé une demande record d'obligations à haut rendement de la part des investisseurs particuliers. Il s'agit donc d'un mélange parfait de conditions favorables pour les obligations d'entreprises à haut rendement.

Intervenant : Guy Ertz

Passons désormais à l’année 2025. Il semble qu’aujourd'hui l'environnement soit plus complexe. Que penses-tu des perspectives des obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro cette année ?

Intervenant : Edouard Desbonnets

Je pense qu'elles devraient proposer des performances satisfaisantes, mais probablement pas dans le même ordre de grandeur que l'an dernier. Je vais vous donner trois raisons justifiant mon opinion. Premièrement, le soutien technique au marché pourrait s'affaiblir. Vous savez que l'an dernier, les émissions nettes d'obligations étaient limitées, ce qui a rendu les obligations d'entreprises à haut rendement relativement rares. Mais en 2025, nous pensons que l'offre nette deviendra positive, ce qui devrait exercer des pressions baissières sur les prix. Deuxièmement, les fondamentaux des entreprises restent globalement très solides, mais les inquiétudes se font de plus en plus vives. La croissance économique de la zone euro devrait être atone et la qualité de crédit de la classe d'actifs s'est légèrement détériorée au cours des derniers trimestres. Les agences de notation ont procédé à plus de rétrogradations que d’améliorations. Et enfin, une troisième raison : L'environnement économique dans son ensemble reste incertain. Les tensions politiques au sein de la zone euro et les risques liés au commerce mondial pourraient également accroître la volatilité.

Intervenant : Guy Ertz

Un point positif semble donc être le faible taux de défaut en Europe. Pensez-vous que cette tendance va se poursuivre ?

Intervenant : Edouard Desbonnets

C'est assez probable. Et c'est là l'un des facteurs positifs pour les obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro. Les défauts ont été très rares. Le taux de défaut sur 12 mois n'est que de 0,3 %. Et même compte tenu des difficultés économiques qui nous attendent, nous nous attendons à ce qu'elles n'atteignent que 1,5 % en 2025. C'est donc toujours très faible d'un point de vue historique. Les taux de défauts ne sont donc pas réellement une source de préoccupation. Toutefois, nous suivons de près les valorisations, qui sont extrêmement tendues. Cela signifie qu'il n'y a pas tellement de marge pour que les spreads se contractent davantage. Vous savez que le spread moyen de la classe d'actifs est d'environ 300 points de base. Ce chiffre est inférieur de 260 points de base à la moyenne historique. Et les spreads sont serrés sur la plupart des segments de crédit. Si l'on regarde les obligations notées BB, elles se négocient à un niveau inférieur de 200 points de base à leur moyenne historique. Les obligations notées B sont inférieures de 300 points de base et seuls les segments les moins bien notés, donc les obligations notées C, se négocient similairement à leur moyenne historique. Cela laisse donc penser que le marché intègre déjà beaucoup d'optimisme. Les valorisations sont tendues. La dispersion devrait augmenter. La sélection des obligations est donc encore plus importante aujourd'hui.  Comme pour les performances attendues, nous ne pouvons plus vraiment compter sur la compression des spreads. Ainsi, le rendement total provient du portage qui est en fait le revenu que vous gagnez en gardant l'obligation. Et en termes de nombre, je veux dire, si nous prévoyons un modeste élargissement des spreads de 25 points de base, cela devrait nous donner un rendement attendu pour cette année, 2025, à environ 4,7 %.

Intervenant : Guy Ertz

OK. Comparons donc les obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro à d'autres marchés obligataires. Par conséquent, comment ce marché se comporte-t-il comparé à d'autres marchés similaires tels que les obligations Investment Grade européennes, les obligations Investment Grade américaines ou les obligations à haut rendement américaines ?

Intervenant : Edouard Desbonnets

Selon nous, les obligations d'entreprises « Investment Grade » constituent en effet une alternative solide pour les investisseurs prudents, tant en euro qu'en dollar. Dans la zone euro, ils offrent des performances attendues similaires à celles des obligations à haut rendement. Elle est d'environ 4,4 % pour les obligations « Investment Grade », contre 4,7 % pour celles à haut rendement. Mais, bien entendu, la volatilité des obligations « Investment Grade » est bien plus faible. Donc, pour quelqu'un à la recherche de stabilité, c'est une excellente option. Pour les obligations d'entreprises « Investment Grade » américaines, nous prévoyons une performance de l'ordre de 7 %. C'est donc mieux que son équivalent en euro, mais avec plus de volatilité que les obligations d'entreprises « Investment Grade » européennes. Et, pour nous, les valorisations des obligations d'entreprises à haut rendement sont encore plus faibles que celles des obligations d'entreprises à haut rendement de la zone euro. Elles tendent à être plus risquées, mais avec des taux de défaut plus élevés. Mais cela dit, l'économie américaine progresse plus vite que dans la zone euro, ce qui soutient leurs marchés du crédit, et nous avons calculé une performance attendue autour de 5,5 % pour 2025.

Intervenant : Guy Ertz

OK. Permets-moi de résumer. Dans un premier temps, il existe un potentiel limité de nouvelle contraction des spreads. Le portage restera donc la principale source de performance cette année. Deuxièmement, nous devons faire preuve de sélectivité dans la mesure où les valorisations au niveau des indices sont relativement tendues. Et, enfin, ne négligez pas les alternatives. Les obligations « Investment Grade » en euro et en dollar offrent des profils de risque-rendement intéressants.

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Transcription Podcast - Obligations d'entreprises à haut rendement