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TRANSCRIPTION TEXTUELLE

Edmund Shing

Bonjour, Bienvenue à un nouveau podcast hebdomadaire de BNP Paribas Wealth Management. Je suis Edmund Shing Chief Investments Officer, rejoint aujourd'hui par mon bon collègue et ami Guy Ertz de Luxembourg, bonjour Guy.

Guy Ertz

Bonjour.

Edmund Shing

Aujourd'hui, on va discuter de l'économie et les marchés financiers suisses, qui représentent un investissement intéressant aujourd'hui, un moment de volatilité. Guy, qu'est-ce qu'on peut dire de l'économie, de la conjoncture suisse et bien sûr de l'environnement pour les marchés financiers en Suisse ?

Guy Ertz

Alors tout d'abord, c'était intéressant de noter que malgré une devise qui s'était fortement appréciée les dernières années, finalement l'économie suisse a bien résisté. L'économie suisse a aujourd'hui un niveau de croissance qui est similaire, voire supérieur au taux de croissance observés dans les autres pays de la zone euro. Et on voit aussi que la Suisse a été, l'économie suisse a été souvent corrélée au développement en Allemagne et on sait qu'on attend un développement plutôt positif quant à la croissance en Allemagne. Donc de ce côté-là, effectivement, l'économie suisse devrait continuer de bénéficier de cet effet de croissance Eurozone via aussi l'Allemagne. Alors certes, il y a certains risques au niveau des droits de douane aux Etats-Unis, où on n'a pas encore tous les éléments aujourd'hui, mais on pense que l'économie suisse va continuer d'enregistrer des taux de croissance plutôt au-delà de 1 % ou proche de 1 %. Donc un point en cette année, 1,3 l'année prochaine. L'autre élément est évidemment l'élément complémentaire quand on analyse l'économie, c'est le volet inflation. Ici, c'est intéressant parce que la Suisse n'a pas connu autant le choc d'inflation que nous avons connus en Eurozone dans les années 2021-2022. Evidemment, dans un contexte de forte hausse des prix de l'énergie après le début du conflit en Ukraine, l'effet lié à l'appréciation du franc suisse à quelque part, en partie en tout cas compensé la hausse du prix, donc de l'énergie. Quand on traduit en francs suisses. Donc l'inflation en Suisse a certes augmenté, mais beaucoup moins qu'en Eurozone. Et aujourd'hui, comme en Eurozone, l'inflation est retombée plus bas et en fait nettement plus bas que 2 %. Donc tout doucement, on a quand même une perception de risque de déflation à l'horizon. Et c'est certes un élément qui aujourd'hui préoccupe beaucoup de personnes.

Edmund Shing

Ok, donc effectivement c'est un environnement assez compliqué pour la banque centrale, la BNS. Mais je te rappelle qu'entre 2014-2022, on a quand même déjà connu une période où le taux directeur suisse était négatif. Est ce qu'on risque de revoir des taux négatifs en Suisse dans les prochains trimestres ?

Guy Ertz

Alors le risque a certainement augmenté. Alors, ce n'est pas une situation particulièrement confortable pour la banque centrale de pratiquer un taux directeur négatif. Nous, on pense qu'elle va essayer d'éviter cette situation, qu'elle a encore, donc une baisse de taux, qu'elle va décider mais qui va ramener le taux directeur à zéro et que, en tout cas, dans le scénario qu'on a aujourd'hui, elle n'ira pas au-delà de ça et donc restera avec un taux à zéro. Maintenant, la question évidemment liée à ça, c'est quel est l'impact ? Côté taux de change, parce qu'on a parlé tout à l'heure déjà de la force du franc suisse, les derniers trimestres, les dernières années. Et évidemment, dans les déterminants clés du taux de change, on a le différentiel de taux d'intérêts qui joue un rôle. Alors nous, ce qu'on pense, c'est que certes, le différentiel de taux est relativement élevé entre la Suisse et la Banque centrale de Suisse et la BCE, mais ce qui joue beaucoup, évidemment, et qui a joué beaucoup les dernières années, au-delà du différentiel de taux, c'est évidemment la prime liée à l'incertitude. Parce qu'évidemment, le franc suisse, c'est une devise refuge, une devise recherchée en cas de stress, d'incertitude. Et on sait à quel point aujourd'hui cette incertitude est élevée. Donc, si on combine les différents éléments qu'on vient de mentionner, donc une économie qui résiste assez bien aujourd'hui à une inflation certes faible et des taux faibles, mais en même temps aussi un appétit récurrent de la part des investisseurs pour une devise défensive. Notre objectif de cours pour nous aujourd'hui, c'est 0.94, donc c'est un niveau pas très loin du niveau actuel. Donc c'est la valeur d'un euro en francs suisses. Alors, si on utilise la prévision maintenant contre dollar, ce serait donc en valeur 0.82. Donc finalement une devise qui va d'après nous rester forte les prochains mois.

Edmund Shing

Ok, donc le franc suisse, évidement, ça reste un refuge de valeur pour les investisseurs mondiaux les taux de dépôts comme tu viens de décrire va rester proche de 0 %. Donc quel intérêt pour les obligations suisses pour les investisseurs aujourd'hui ?

Guy Ertz

Alors ça, c'est une très bonne question, parce qu'évidemment, toutes ces prévisions que je viens de mentionner sont quelque part reflétées dans les cours des obligations et donc dans le rendement à maturité des obligations. On voit notamment pour le rendement de l'obligation d'État, un rendement qui est proche de zéro et qui est même tombé en dessous de zéro, les derniers jours ou les dernières semaines. Donc on sent bien que le marché anticipe en tout cas une voie, un risque substantiel que la banque centrale donc, réduise le taux directeur, même en territoire négatif. Alors ce que ça veut dire, évidemment, pour les investisseurs, c'est que, qu'on aille sur une maturité, sur des maturités deux ans ou dix ans, on est sur des rendements à maturité proche de zéro. Alors, pour le dix ans, on est un petit peu au-dessus de zéro, on est plus proche de 0,5 que de zéro, mais ça reste des niveaux extrêmement faibles. Donc on sent bien qu'aujourd'hui on a finalement peu d'opportunités parce que même si on regarde les obligations d'entreprises de qualité en ajoutant une prime de risque qui reflète donc le risque de défaut, on est toujours sur des rendements attendus très faibles. Donc finalement, pour nous, un marché qui n'offre pas vraiment d'opportunités au vu des taux si bas. Maintenant, la question est évidemment quelles sont les alternatives ? Et la première question évidente, c'est évidemment qu’en est-il du marché actions ? Donc Edmund, que penses-tu du marché Action suisse aujourd'hui ? Est ce qu'on a finalement des opportunités ou plutôt des risques ?

Edmund Shing

Oui, je pense que toujours une opportunité pour tout le monde. Tous les investisseurs qui veulent rester investis en Francs suisses. Si on regarde tout d'abord la valorisation du marché boursier suisse, le SMI Swiss Performance Index, on est quand même on se traite à 17 fois le PE estimé qui est un peu plus cher que le marché européen qui se traite à 14x, mais quand même est moins cher que, par exemple le marché boursier américain, qui c'est qui se traite plus de 20x le PE. Donc enfin, c'est un marché de qualité dominé par plusieurs sociétés globales, donc les secteurs comme par exemple le luxe, le pharma et aussi tout ce qui est agroalimentaire mais avec les fortes marques, donc les marges de rentabilités assez élevées. Donc c'est normal que ça se traite. Ce marché se traite avec une prime de valorisation par rapport aux autres marchés européens. Cela dit, si on regarde la performance à long terme du SMI, le marché suisse et se comporte quand même très bien, mieux que le marché européen dans le temps. Effectivement, la corrélation entre le marché suisse et le facteur de qualité en Europe reste très fort. Donc on a une sur performance dans le temps du marché suisse et je pense que si on reste optimiste sur la conjoncture mondiale et surtout la conjoncture européenne, je pense qu’investir, même aujourd'hui dans les actions suisses, reste toujours une bonne idée.

Merci beaucoup Guy de ton aide aujourd'hui et merci à tout le monde d'avoir écouté ce podcast. Veuillez liker, partager ce podcast et jusqu'à la semaine prochaine. Au revoir.

Transcription Podcast - La Suisse face aux conséquences de l'aversion au risque