Guy Ertz
Bonjour et bienvenue dans un nouveau podcast de BNP-Paribas Wealth Management. Je suis Guy Ertz, Chief Investment Advisor, BNP Paribas Wealth Management avec moi aujourd’hui Edouard Desbonnets, Senior Investment Strategist, Fixed Income. Bonjour Edouard.
Edouard Desbonnets
Bonjour Guy.
Guy Ertz
Alors avant de se lancer dans plus de détails du marché obligataire d'entreprise, peut-être quelques mots d'introduction. Quant au contexte économique, on voit l'inflation qui continue de baisser. On est en route vers l'objectif de la banque centrale. L’environnement économique en termes de croissance tend à s'améliorer après une certaine faiblesse. En particulier, on voit des améliorations quant au secteur des services. Toujours quelques faiblesses dans le secteur manufacturier. Alors, comment se sont comportés les obligations de l'entreprise Investment Grade donc de qualité depuis le début de cette année ? Et est-ce que les événements récents quant à l’incertitude politique en France ont eu un impact ?
Edouard Desbonnets
Oui, les événements politiques en France ont eu un impact et un impact, même relativement important, sur les marchés du crédit. On a vu la volatilité qui était basse pendant des semaines, qui a commencé à grimper après les élections. On a aussi vu les spreads de crédit. Donc en gros la perception du risque. Ces spreads se sont élargis plus quinze points de base en seulement dix jours au niveau de l'indice, avec davantage de stress sur les obligations financières. Aujourd'hui, le spread moyen sur l'indice des obligations d'entreprises Investment Grade est de 124 points de base, ce qui en fait exactement la moyenne historique sur les dix dernières années. Donc on peut dire que les obligations d'entreprises Investment Grade en euros ne sont plus vraiment chers par rapport à leur historique. Et en termes de performance, on se situe à plus 0.6 % depuis le début de l'année pour les obligations d'entreprises Investment Grade. La baisse des taux d'ailleurs, toute récente a bien aidé.
Guy Ertz
Bien. Donc effectivement l'environnement politique a eu un impact. Mais est ce qu'on a vu aussi ceci se refléter dans les flux de marchés ?
Edouard Desbonnets
Oui, il y a eu moins d’émissions d'obligations qu'avant. On parle de 11 milliards d’euros d’émission la semaine dernière. La moyenne habituelle en juin, c'est environ 14 milliards par semaine. Donc le marché primaire a ralenti un peu, mais il est encore resté actif. Il y a toujours de l’appétit. D'ailleurs, la demande était environ deux fois et demie plus forte que l'offre. Et cela dit, ça s'explique aussi par le fait que les entreprises ont dû rendre les choses un peu plus attractives. Elles ont dû offrir des rendements un peu plus élevés pour vendre leurs obligations.
Guy Ertz
Bien, maintenant, peut-être pour revenir sur le niveau de rendement qu'on a aujourd'hui. Donc, on est un petit peu en dessous de 4 % à 3.8, et c'est un petit peu plus bas que l'année passée, mais ça reste à un niveau élevé par rapport à l'historique des dernières années. Est-ce que c'est une incitation à envisager d’investir dans les obligations Investment Grade en euros ?
Edouard Desbonnets
Absolument, oui. Les rendements sont attractifs en ce moment et on devrait bientôt même revoir la combinaison rendement élevé plus faible volatilité, une fois que le risque politique se sera un peu tassé. En France, si on regarde les valorisations, elles sont OK. Le point mort des obligations d’entreprises Investment Grade et d’environ 90 points de base et sa situe autour du 80ᵉ percentile historique qui est un coussin de sécurité important et ça veut dire qu’il faut vraiment qu'il y ait un bond sur les taux ou sur les spreads avant que l'investissement dans les obligations perde de l'argent. Donc les obligations d'entreprises Investment Grade devraient offrir des rendements positifs. Maintenant, la question est de savoir si ces obligations peuvent surperformer les obligations d'état. Et pour ça on regarde l’excess breakeven qui aujourd’hui est autour du 70ᵉ percentile du range historique. Donc il y a à priori plus de chances que les obligations d'entreprises Investment Grade battent les obligations d’État que l’inverse. Un autre élément favorable aux obligations d'entreprises, c'est la dynamique des nouvelles émissions. On s'attend à ce que cette dynamique s'essouffle un petit peu dans la deuxième moitié de l'année parce que les entreprises devraient plus se focaliser sur le désendettement plutôt que sur le refinancement. De l'autre côté, la demande, elle, devrait rester forte.
Guy Ertz
On n'a pas encore parlé de fondamentaux des entreprises. On a effectivement eu des chiffres un petit peu faibles au niveau du premier trimestre. Mais c'est vrai qu'on a mentionné tout à l'heure. Depuis, on connaît une certaine accélération. Qu'est-ce qu'on peut dire des principaux indicateurs ? Quant aux fondamentaux du crédit.
Edouard Desbonnets
Ils étaient relativement stables, en tout cas en 2024. Et dans l'ensemble, les fondamentaux sont plutôt solides. Les entreprises affichent une forte rentabilité, elles ont beaucoup de liquidités, l’endettement moyen a diminué et on peut croire que cette tendance pourra continuer puisque de nombreuses entreprises ont déjà déclaré vouloir réduire leur objectif d'endettement. Et en fait, elles sont même incitées à le faire puisque les banques centrales n’ont pas l’intention de réduire les taux rapidement et agressivement. Le seul point faible à surveiller en fait, c’est le ratio de couverture des intérêts parce qu’il a beaucoup diminué. Mais cela dit, il est maintenant au niveau de sa médiane de long terme, donc il n'y a pas vraiment de stress à ce stade. La couverture des taux d’intérêt est complètement gérable. Donc oui, les indicateurs de crédit sont solides et ça se reflète aussi d'ailleurs dans les notations des agences de crédit où on voit plus de rehaussement de notation que de déclassement de la part de ces agences de notation.
Guy Ertz
Alors peut être, en conclusion, et pour résumer, les obligations de l'entreprise Investment Grade en euro offrent un rendement élevé. Elles continuent de profiter d'un soutien quant à l'environnement économique qui est en amélioration ou si un support lié aux flux entrants dans cette classe d'actifs et un soutien technique. Merci Edouard pour cet éclairage et merci à nos auditeurs d’avoir écouté ce podcast hebdomadaire de BNP Paribas Wealth Management. N'hésitez pas à liker, partager et à vous abonner à cette série de podcast pour plus d’amples informations sur nos stratégies et thématiques d’investissement. Veuillez consulter le site internet de BNP Paribas Wealth Management. Merci et à bientôt.