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Analyse des accords commerciaux entre le Royaume-Uni et les États-Unis

Edmund Shing, Global Chief Investment Officer et Stephan Kemper, Chief Investment Strategist, BNP Paribas Wealth Management

Points Clés

1. La prudence est de mise - l’enthousiasme autour de l’accord commercial entre le Royaume-Uni et les États-Unis reste mesuré. Loin d’un tournant décisif, il confirme plutôt la complexité et la longévité des négociations commerciales.

2. Triplé commercial – Bien que les détails de l’accord américain soient décevants, ils contribuent à lever certaines incertitudes. Plus significatif encore, le Royaume-Uni a récemment conclu deux autres accords majeurs, avec l’Inde et l’Union européenne. Ces partenariats devraient constituer des moteurs de croissance à long terme.

3. Garder le cap – Nous restons Positif sur les actions britanniques, car elles offrent des valorisations attractives et une hausse des rendements des dividendes.

 

Les bonnes nouvelles peuvent prendre du temps

Le président américain Donald Trump a récemment annoncé un « accord commercial majeur » avec le Royaume-Uni. La réaction des marchés a pourtant été plutôt mesurée. Nous pensons que les investisseurs ont eu raison de tempérer leur enthousiasme, car cet accord était probablement le plus facile à conclure. Et pourtant, il aura fallu cinq ans pour l’obtenir. Initiés en 2020 sous la première administration Trump, les pourparlers se sont poursuivis  malgré les changements d’administration. Malgré les déclarations optimistes de l’ex-première ministre britannique Liz Truss en 2021, qui affirmait que « la majorité du texte était finalisée », quatre années supplémentaires auront été nécessaires pour concrétiser l’accord.


Le bonheur des uns fait le malheur des autres

L’accord commercial n’offre guère plus de visibilité aux investisseurs quant à l’évolution des négociations commerciales plus larges liées aux droits de douane pour les partenaires américains, car il n’a rien à voir avec des tarifs réciproques. On est loin du « grand accord commercial complet et exhaustif » vanté par Donald Trump.

Tout aussi important, les droits de référence de 10 % resteront en place, ce qui constitue une autre preuve que l’ère du commerce  mondial (largement) exempt de droits de douane semble révolu. Cela souligne seulement que même pour les accords les plus attendus, le temps pour les conclure reste un facteur déterminant.


Le Royaume-Uni est le véritable vainqueur des accords commerciaux

Nous considérons que cet accord renforce notre opinion positive sur les actions britanniques, dans la mesure où il réduit l’incertitude. Plus important encore, il ne s’agit que d’un épisode parmi une série de bonnes nouvelles pour les relations commerciales du Royaume-Uni. Début mai, les Britanniques ont annoncé un accord de libre-échange (ALE) avec l’Inde, l’un des plus significatifs depuis le Brexit. Au cœur de cet accord figurent des réductions tarifaires massives : l’Inde s’est engagée à réduire ou supprimer les droits de douane sur 90 % des lignes de produits exportées par le Royaume-Uni, et 85 % d’entre elles deviendront totalement exonérées de droits dans un délai de dix ans. Selon les projections du gouvernement britannique, cet accord pourrait accroître les échanges bilatéraux de 25,5 milliards de livres sterling et augmenter le PIB du Royaume-Uni de 4,8 milliards de livres par an à long terme.

Les résultats du sommet UE–Royaume-Uni du 19 mai constitue un autre moteur de croissance à long terme. Le Royaume-Uni y a acté la refonte la plus significative de ses relations commerciales et de défense avec l’Union européenne depuis le Brexit. L’accord, de grande envergure, prévoit notamment une réduction des restrictions pour les exportateurs alimentaires britanniques et les visiteurs européens, ainsi qu’un nouvel accord controversé sur la pêche. Mais l’élément clé reste le pacte de sécurité et de défense, qui permettra au Royaume-Uni de faire partie des achats conjoints européens et ouvrira la voie à la participation de ses entreprises à un programme de 150 milliards de livres pour réarmer l’Europe. Cet accord devrait ajouter près de 9 milliards de livres à l’économie britannique d’ici 2040 et contribuer à atténuer les effets négatifs des hausses tarifaires américaines.


Garder le cap – Voir les actions britanniques sur le long terme


Qu’est-ce qui rend le FTSE 100 si attractif ?

Nous réitérons notre opinion positive sur les actions britanniques. Sa dépendance à l’égard de la croissance globale est parmi les plus faibles d’Europe et même en dessous de l’indice S&P 500 (voir graphique 1). Cela constitue un amortisseur dans un environnement de ralentissement de la croissance mondiale. Ainsi, le FTSE 100 a surperformé les actions américaines et européennes lors de la majorité des corrections du S&P 500 depuis 1990 (voir tableau 1). Ce constat est d’autant plus pertinent que nous maintenons une opinion négative sur les actions américaines. Par ailleurs, la corrélation entre le FTSE 100 et le pétrole s’est atténuée récemment (voir graphique 2). De même, la relation historique entre la performance relative du FTSE et le dollar américain semble s’être affaiblie. Bien qu’une part importante des bénéfices des entreprises britanniques soit libellée en dollars, la récente faiblesse du billet vert ne s’est pas traduite par une sous-performance significative (voir graphique 3). Enfin, les actions britanniques présentent une décote de valorisation notable par rapport à leurs homologues mondiaux. Le FTSE 100 se négocie avec une décote de 33 % par rapport au MSCI World, sur la base du ratio cours/bénéfices à 12 mois. Ce niveau correspond au rang percentile 33, indiquant que les valorisations restent dans la fourchette historique basse. En parallèle, le FTSE 100 continue d’offrir un rendement du dividende attractif, supérieur de 1,75 point de pourcentage à la moyenne mondiale (voir graphique 4), un niveau conforme à sa moyenne de long terme.