Les attentes et le résultat des élections
Avant les élections, les sondages d'opinion indiquaient déjà qu’en l'absence d’un revirement significatif, le parti de l'Union (CDU et CSU) deviendrait le plus grand parti au Bundestag et que la grande coalition CDU/CSU-SPD (sociaux-démocrates) pourrait former un gouvernement. Après le dépouillement, l'Union a obtenu 28,52 % des votes, devant l’Alternative pour l'Allemagne (extrême droite) avec 20,8 % des suffrages. Arrivent ensuite les sociaux-démocrates (SPD) avec 16,41 % et les Verts avec 11,61 %. Parmi les plus petits partis, on trouve le FDP (4,33 %), BSW (4,97 %) et Die Linke (8,77 %). Seule Die Linke a dépassé le seuil minimum de 5 % pour entrer au Bundestag.
Il semble donc que la grande coalition CDU/CSU-SPD sera en mesure de former un gouvernement, avec Friedrich Merz (CDU) comme chancelier. C'est la bonne nouvelle. Les principaux partis démocratiques - Union, SPD et Verts - n'ont probablement pas la majorité suffisante des deux tiers du Bundestag pour réformer le système du frein à l’endettement (« Schuldenbremse »). C'est une source clé d'incertitude. Die Linke soutiendrait un assouplissement du frein à l’endettement, mais il souhaite une réduction des dépenses militaires.
Étapes suivantes
Les discussions de la coalition porteront sur trois thèmes : les dépenses sociales, le financement par une réforme du frein à l’endettement et l'immigration. Avec une grande coalition, nous nous attendons à des négociations clés autour des deux premiers thèmes. Depuis 2002, le temps moyen pour former une coalition est de plus de 70 jours.
Impact économique
Incertitude : l'incertitude politique ayant eu un impact négatif sur la croissance économique allemande, la levée de cette incertitude devrait être positive pour la croissance dans les prochains mois.
Frein à l’endettement : à ce stade, les principaux partis démocratiques - Union, SPD et Verts - n'ont pas la majorité suffisante des deux tiers au Bundestag pour réformer le frein à l’endettement ou mettre en place des fonds hors budget. Comme mentionné, die Linke préconise un assouplissement du frein à l’endettement, mais souhaite une réduction des dépenses militaires.
Nous considérons plus probable d’obtenir un soutien pour des dépenses plus élevées via des véhicules hors budget que la réforme totale du frein à l’endettement. Il devrait être plus facile d’obtenir un soutien pour une dépense publique temporaire et ciblée qu'une augmentation illimitée de l'emprunt. Il ne semble pas encore y avoir de consensus sur la façon de dépenser l'emprunt supplémentaire, et les détails ont leur importance.
Mesures de relance budgétaire : en fonction de l'accord possible sur l’assouplissement du frein à l’endettement, nous prévoyons une augmentation des dépenses d’investissement de 0,7 % du PIB sur une base annuelle. Cela devrait se traduire par une augmentation de la croissance du PIB réel d'environ 0,3 %. Selon le dosage des politiques, les effets pourraient être plus importants à moyen terme s'ils sont associés à une réforme du côté de l'offre, telle qu'une réduction de la bureaucratie pour les entreprises. Une nouvelle dette via des véhicules hors budget pourrait toutefois prendre de 12 à 18 mois avant d’être disponible.
Baisse des prix de l'énergie : les 3 principaux partis démocratiques soutiennent tous les mesures visant à réduire les prix de l'énergie. Ceci, combiné à la fin potentielle du conflit en Ukraine, pourrait entraîner une baisse substantielle des coûts de l'énergie pour certaines industries, mais aussi pour les ménages.
Conclusion
Le résultat des élections allemandes est favorable aux marchés car il réduit l'incertitude et ouvre la perspective d'une augmentation des dépenses publiques avec des effets multiplicateurs potentiellement élevés. Le fait que les principaux partis démocratiques - à savoir l'Union, le SPD et les Verts - ne disposent pas d'une majorité suffisante des deux tiers au Bundestag pour réformer le système de frein à l’endettement ou mettre en place des fonds hors budget reste une source d'incertitude. Les autres principaux obstacles sont le manque de consensus sur la façon de dépenser les emprunts supplémentaires, et les détails auront leur importance. Des progrès importants dans la recherche d’un tel consensus seront encore nécessaires pour évaluer l'impact total et le calendrier d'une reprise en Allemagne. Dans un tel scénario, l'Allemagne pourrait également ouvrir la voie à un plus grand consensus au niveau de l'UE, conduisant à une percée en termes d'investissements publics importants, notamment dans la défense et l’infrastructure.