Perspectives économiques : les résultats des élections américaines changent la donne. Comme nous l'avons indiqué dans notre Flash après les élections américaines, les effets sur la croissance américaine devraient être positifs au cours des prochains trimestres, mais mitigés à négatifs en 2026. L'hypothèse clé est que l'augmentation des mesures de relance et des droits de douane devrait faire grimper l'inflation, l'économie restant proche du plein emploi. Nous attendons des hausses tarifaires de la part du président américain, mais nous partons du principe qu'elles seront inférieures aux attentes, car ces menaces seront également utilisées comme technique de négociation. Nous allons probablement revoir à la baisse la croissance européenne, mais seulement légèrement. Nous ne prévoyons que peu d'impact sur les prévisions d'inflation, qui pourraient même être encore plus faibles. Il en va de même pour la plupart des autres pays.
Les risques de récession dans la zone euro restent faibles dans la mesure où la tendance sous-jacente reste favorable, notamment la consommation. Les perspectives de revenus restent positives, d'autant plus que les incertitudes relatives à l'inflation et au pouvoir d'achat se sont dissipées. Notons également que de nombreuses nouvelles négatives ont déjà été intégrées dans les cours et que les statistiques économiques ont généralement surpris de manière positive, même dans la zone euro. Nous avons également observé des signaux positifs de la dynamique du crédit dans l'enquête de la BCE sur les prêts.
En Chine, le marché a été déçu, l'annonce budgétaire faite après le Congrès national du peuple (NPC) n'ayant pas répondu aux attentes, sans parler de soutien budgétaire à la consommation ou au marché immobilier. Les marchés s'inquiètent également des droits de douane potentiels aux États-Unis et du durcissement de la position de Donald Trump à l'égard de la Chine, qui devrait nommer Mike Waltz comme conseiller en matière de sécurité nationale. Il reste toutefois une marge de manœuvre pour davantage de mesures de relance budgétaire.
Une moindre incertitude et une possible fin des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient pourraient avoir un impact positif sur la croissance mondiale (via la baisse des prix de l'énergie et l'amélioration du sentiment) au cours des prochains mois. À moyen terme, nous pouvons toutefois nous attendre à un effet négatif dû aux droits de douane. Guy Ertz
Banques centrales et marchés obligataires
L'impact de l'élection américaine est que la Fed pourrait interrompre le cycle de baisse des taux plus tôt que prévu, l'inflation pouvant augmenter fin 2025. Pour l'instant, la Fed ne modifiera pas son plan, car elle prend ses décisions en fonctions des données économiques et ne spécule pas sur l'impact des actions du nouveau président. Ainsi, le plan de baisse des taux directeurs en décembre et à un rythme trimestriel sur la majeure partie de l'année 2025 reste selon nous valable. Nous pensons que la Fed arrêtera son cycle de baisse en septembre 2025 avec un taux directeur de 3,75 %, soit deux baisses de 25 pb en moins par rapport à notre scénario précédent.
Dans la zone euro, la désinflation est bien engagée et la croissance économique ralentit. La probabilité d’avoir plus de baisses de taux directeurs est donc plus élevée. Nous tablons désormais sur un taux terminal de 2 % qui devrait être atteint en septembre 2025, contre 2,25 % dans le scénario précédent.
Nous avons revu à la hausse nos objectifs de rendements obligataires aux États-Unis compte tenu du risque d'inflation (la politique de Donald Trump se concentre sur moins d'immigration et plus de droits de douane) et du risque d'augmentation des dépenses budgétaires qui suggérerait une augmentation de l'offre de bons du Trésor. Le rendement à 10 ans américain pourrait s’établir à 4,25 % dans 12 mois (contre 4 % auparavant). Nous n'avons pas modifié notre objectif à 12 mois sur le rendement du Bund allemand (2,25 %). Nous restons Neutre sur les emprunts d'État.
En ce qui concerne les obligations d'entreprises, la vague rouge constitue le scénario parfait pour le crédit, car il implique moins de réglementations et une baisse de l'impôt sur les sociétés. Les obligations d'entreprises pourraient tester de nouveaux points bas du cycle aux États-Unis. En Europe, la vague rouge n'est pas positive pour le crédit compte tenu des droits de douane potentiels et des incertitudes géopolitiques. Toutefois, nous pensons que ces risques sont déjà intégrés dans les cours en bonne partie, et nous ne croyons pas que Donald Trump impose autant de droits de douane que ce qui est annoncé. Le contexte technique reste très favorable, et nous restons Positif sur les obligations d'entreprises investment grade en EUR et en USD, et Neutre sur les obligations d'entreprises à haut rendement (les valorisations sont très serrées).
Sur les marchés émergents, les fondamentaux sont solides et le portage élevé. Toutefois, la politique budgétaire américaine expansionniste attendue devrait générer des rendements obligataires américains plus élevés et la divergence des politiques des banques centrales suggère un renchérissement du dollar. Ces deux facteurs ne sont pas favorables aux obligations émergentes. En outre, les droits de douane et les tensions commerciales potentielles nuiront aux exportateurs des pays émergents. Par conséquent, nous passons de Positif à Neutre sur les obligations émergentes. Edouard Desbonnets