Messages clés
•Les résultats du premier tour suggèrent une diminution de la probabilité d'une majorité absolue pour l'extrême droite ou l'extrême gauche, et augmentent la probabilité d'un Parlement sans majorité, qui pourrait conduire soit à une impasse politique, soit à une majorité relative, le plus probablement avec le RN en tête.
•Bien que l'incertitude demeure, nous pensons que les résultats réduisent la probabilité de victoire absolue des deux partis extrêmes, scenarios qui auraient les conséquences fiscales le plus importantes.
Les sondages ont été assez justes. Les résultats du premier tour des élections législatives françaises montrent une forte progression du Rassemblement National (RN) avec 33,15% des voix, contre 27,99% pour la coalition de gauche Nouveaux Front populaire (NFP) et 20,76% pour le bloc centriste Ensemble soutenant le président Emmanuel Macron. La participation a été forte (66,71% de votants), la plus élevée de ces 25 dernières années.
La possibilité d'un Parlement sans majorité claire se dessine, avec des projections de sièges pour le RN variant selon les sondages entre 240 et 310. Cependant, une majorité absolue de 289 sièges reste incertaine. Les triangulaires, où 3 candidats se disputent un siège, devraient être très nombreuses lors du second tour le 7 juillet. Des estimations (Ipsos par exemple), suggèrent qu'il pourrait y avoir entre 285 et 315 triangulaires au second tour, soit plus de la moitié des 577 circonscriptions, contre seulement 8 en 2022. Cela augmente l'importance des alliances entre partis opposés au RN. Des appels à des alliances tactiques pour barrer la route au RN ont été lancés par différents partis. Ainsi, la probabilité d'une majorité absolue du RN a diminué par rapport à certaines attentes avant le week-end.
Même si le RN ne parvient pas à obtenir une majorité absolue, les résultats du premier tour suggèrent que ce parti est le plus susceptible de diriger le prochain gouvernement mais qu'il pourrait devoir compter sur le soutien d'autres partis (en particulier Les Républicains) pour faire passer des lois. Jordan Bardella, le potentiel Premier ministre du RN, a affirmé que son parti ne formerait pas un gouvernement minoritaire, mais des alliances semblent probables. Une cohabitation, situation dans laquelle le président et le Premier ministre proviennent de partis différents, pourrait arriver, pour la première fois depuis celle sous Jacques Chirac entre 1997 et 2002.
Les implications fiscales sont importantes. Le scénario d'un Parlement sans majorité pourrait entraîner des conséquences différentes sur la politique budgétaire à court et à moyen terme. Une impasse politique pourrait mener à une légère amélioration budgétaire à court terme car le RN aurait une capacité limitée à mettre en œuvre son programme complet, mais elle rendrait les réformes structurelles plus difficiles.
La probabilité réduite d'une majorité absolue pour le RN devrait permettre une légère réduction des primes de risque en début de semaine, surtout si les candidats anti-RN se retirent pour former un front républicain. Les écarts de rendements entre les obligations françaises et allemandes devraient se resserrer. Le CAC 40 pourrait continuer sa progression. L’euro pourrait temporairement se renforcer. Nous maintenons cependant nos objectifs à 1,06 à 3 mois et 1,12 à 12 mois.