Ralentissement de la croissance américaine, mais récession peu probable
L’économie américaine poursuit sa croissance avec une progression du PIB réel entre 1 % et 2 %, tandis que l’inflation continue de se modérer autour de 2,3 %, légèrement au-dessus de l’objectif de 2 % fixé par la Réserve fédérale. Malgré l’effet des droits de douane, qui agissent comme une taxe supplémentaire sur la consommation intérieure, la croissance devrait se maintenir de manière modeste l’année prochaine. L’impact le plus significatif des tarifs sur la croissance américaine réside dans le ralentissement de l’investissement des entreprises, freiné par l’incertitude entourant les politiques économiques. Toutefois, ce ralentissement de l’activité n’est pas suffisamment marqué pour susciter des inquiétudes majeures. Le marché de l’emploi reste étonnamment résilient, comme en témoignent les demandes d’allocations chômage inférieures à la moyenne, et les ménages américains conservent un niveau de richesse relativement élevé.
Europe : une promesse sans cesse reportée.
La zone euro devrait bénéficier, dès la fin de cette année, d’une hausse des dépenses publiques en matière de défense et d’infrastructures, avec un accent particulier sur l’Allemagne. Parallèlement, les consommateurs européens profiteront d’un marché de l’emploi relativement solide, de prix de l’énergie en baisse et d’un redressement progressif du marché immobilier résidentiel, soutenu par la baisse des taux d’intérêt en euros. L’inflation devrait atteindre, voire passer sous l’objectif de 2 % fixé par la BCE d’ici le début de l’année prochaine, ce qui permettra à la banque centrale de poursuivre la baisse de ses taux directeurs, potentiellement sous les 2 %. Toutefois, le facteur clé susceptible de stimuler davantage l’activité économique reste le prix de l’énergie, notamment du gaz naturel et de l’électricité. Bien que ces prix soient orientés à la baisse, ils demeurent presque deux fois plus élevés qu’avant 2022, ce qui continue de peser sur la confiance des consommateurs et freine la reprise. Dans l’ensemble, une accélération de l’activité économique est attendue à partir de la fin de cette année et tout au long de 2026.
Stimulation supplémentaire probable en Chine
L’activité du marché immobilier domestique peine à se stabiliser et continue de peser sur la confiance des consommateurs chinois, freinant ainsi la consommation intérieure, les ménages préférant épargner plutôt que dépenser. Nous anticipons que le gouvernement chinois et la banque centrale mettront en place de nouvelles mesures de relance — telles que des baisses de taux d’intérêt et des incitations fiscales — afin de stabiliser le marché immobilier et de soutenir la demande intérieure. Les ventes au détail en Chine affichent une croissance annuelle modeste, dans une fourchette de 5 % à 6 %, tandis que l’inflation reste inexistante. Avec l’impact croissant des droits de douane américains sur les exportations chinoises, la Chine devrait exporter de la déflation vers l’Europe et le reste de l’Asie dans les mois à venir, dans le but de trouver des débouchés pour sa production manufacturière.
Conclusions sur la liquidité et le cycle économique mondial
Le cycle économique mondial traverse actuellement une pause à mi-parcours, caractérisée par : i) une croissance modeste mais positive, ii) une inflation en repli, et iii) une majorité de banques centrales poursuivant l’assouplissement monétaire. Les prix de l’énergie constituent une variable clé pour la croissance. Malgré les tensions persistantes au Moyen-Orient et le conflit prolongé en Ukraine, les prix du pétrole et du gaz sont orientés à la baisse, avec une augmentation attendue de l’offre mondiale de pétrole par l’OPEP+.
La tendance de la liquidité macroéconomique mondiale peut être approximée par l’évolution de la masse monétaire au sens large. L’agrégat monétaire M2 mondial continue de croître à un rythme soutenu, ce qui soutient les marchés financiers à risque tels que les actions, le crédit corporate, les matières premières et les cryptomonnaies. Parallèlement, la volatilité des marchés financiers continue de se modérer, en lien avec une baisse de l’incertitude liée aux politiques économiques, offrant ainsi un soutien supplémentaire aux actifs risqués.