Les Actions Américaines Sont-Elles Si Chères ?
Les actions américaines paraissent chères suite à la bonne performance boursière. Mais qu’en est-il des autres composantes des indices américains?
Le S&P500 a atteint de nouveaux records fin septembre et en toute logique, les valorisations sont aujourd’hui à un niveau élevé. D’après le ratio de valorisation Shiller – élaboré par le Prix Nobel d’économie du même nom (1) –, les actions américaines du S&P500 s’échangent à 30 fois les bénéfices, soit un plus haut depuis quinze ans. Quoiqu’encore bien loin de l’euphorie des années 2000 (ratio prix sur bénéfice par action (P/BPA) à 45), cette valorisation élevée limite, selon nous, le potentiel d’appréciation des indices américains. A de tels niveaux, une respiration du marché américain semble nécessaire. Des annonces de la banque centrale américaine et en conséquence des mouvements sur les taux d’intérêt et le dollar américain pourraient à court terme entraîner un regain de volatilité et enclencher une consolidation des indices américains.
Sur la base des critères de valorisation de R. Shiller, quelles sont les secteurs les plus à risque ? Le tableau ci-dessous décline un indice large américain (Datastream) par industrie.

Valorisation des différents secteurs selon la méthodologie de R. Shiller au 25 septembre 2017
Source: Thomson Reuters Datastream, BNPP WM
Les conclusions sont les suivantes:
- Il est difficile de trouver un secteur réellement attrayant à ce stade : le ratio Shiller est actuellement bien au-dessus de sa moyenne de dix ans pour la grande majorité des industries. Certaines valeurs défensives s’échangent à des niveaux élevés ayant été massivement privilégiées pendant une longue période de taux d’intérêt bas. Quant aux cycliques et aux financières, elles ont intégré la bonne conjoncture économique de ces dernières années (meilleure croissance économique, hausse des bénéfices des entreprises).
- Avec un poids de près de 25% dans les indices, la technologie participe largement à la cherté des actions américaines. Sans toutefois atteindre le niveau record de la bulle TMT de l’an 2000 (P/BPA de 150 !) le bénéfice par action est actuellement 18% supérieur à sa moyenne de dix ans. Certaines valeurs de l’internet – dont les fameuses stars FAANG (Facebook, Amazon, Apple, Netflix et Google) – s’échangent par ailleurs à des niveaux de valorisation parfois stratosphériques. Même si la plupart des valeurs technologiques bénéficieront d’une croissance importante à moyen terme, soutenue par un contenu en constante évolution, le secteur entre dans une zone à risque à ces niveaux de valorisation.
- Seules deux catégories de secteurs sont encore en retrait par rapport à leur moyenne historique : 1/ Les valeurs liées aux matières premières 2/ Les valeurs décotées, mais qui souffrent de mutations structurelles importantes (nouveaux entrants, émergence de la numérisation) comme, par exemple, la distribution alimentaire.
Sur la base des valorisations et au stade actuel du cycle économique et financier, il est donc difficile de maintenir des préférences sectorielles marquées sur les marchés boursiers américains. En conséquence, nous avons réduit nos positions dans plusieurs secteurs (banques, consommation cyclique et technologie) ces derniers mois. Nous continuons néanmoins de miser sur 1/ l’énergie, soutenue actuellement par la remontée du prix du baril et 2/ la pharmacie (croissance solide) qui bénéficie d’une tendance haussière favorable depuis la victoire de D. Trump.
(1) Le double avantage de la technique de calcul de R. Shiller est de se fonder sur la profitabilité passée des entreprises (et non sur des estimations d’analystes, sujettes à caution) et de lisser celle-ci sur le long-terme. Il en découle un ratio de valorisation de long terme plus objectif.