Entre soulagement économique et craintes politiques
Des créations d’emplois plus fortes que prévu aux Etats-Unis et la formation de nouveaux gouvernements en Italie et en Espagne ont rassuré les marchés qui ont fortement rebondi vendredi.
La semaine dernière a été particulièrement agitée, les marchés craignant une nouvelle crise de l’euro du fait de l’impasse politique italienne et redoutant les conséquences des tarifs douaniers relancés par le président Trump. La journée de mardi fut marquée par la chute de 2,7% de la bourse italienne et une remontée spectaculaire des rendements obligataires italiens. Sur la semaine, le Stoxx Europe 600 a limité son recul à 1,1% et le MIB italien à 1,3% tandis que le S&P500 gagnait 0,5%.
Rapport de l’emploi américain
L’économie américaine a créé 223 000 emplois en mai et le chômage a baissé à 3,8%, au plus bas depuis 18 ans. Les salaires moyens ont progressé de 2,7% sur un an, contre 2,6% en avril. Sur les 12 derniers mois, en moyenne 190.000 emplois ont été créés par mois. Sur cette nouvelle, le dollar s’est raffermi et les obligations ont chuté, les rendements US à 10 ans remontant à 2,91%.
Gouvernement populiste en Italie
La formation d’un gouvernement avec le parti anti-establishment Mouvement 5 Etoiles et le parti d’extrême droite Lega a mis fin à la plus longue crise politique de l’après-guerre. Elle a permis d’éviter de nouvelles élections dont les investisseurs craignaient qu’elles ne deviennent de facto un referendum sur l’adhésion à l’euro.
Le soulagement des marchés n’est probablement que temporaire car les deux partis de la coalition entendent bien respecter leurs dispendieuses promesses électorales. Tôt ou tard, le nouveau gouvernement risque de se heurter aux règles de l’union monétaire et se confronter aux autorités européennes. Il ne faudra pas un très grand dérapage budgétaire pour que les investisseurs prennent peur étant donné que la dette italienne atteint déjà 130% du PIB. Les rendements des obligations italiennes ont un peu baissé mais restent élevés. Les investisseurs demandent toujours une prime de risque politique.
Tarifs douaniers
Dimanche dernier à Pékin, la troisième rencontre des négociateurs américains et chinois s’est terminée sans accord. Les deux plus grandes économies mondiales se dirigent-elles vers une confrontation portant sur 50 milliards de dollars dès ce 15 juin ?
L’agence de presse officielle chinoise parle de progrès concrets sans en dire plus. Mais elle met en garde l’administration américaine contre tout tarif douanier punitif qui ferait dérailler les négociations qui sont supposées durer tout l’été. La nouvelle menace de tarifs douaniers la semaine passée a surpris et mécontenté les chinois car elle semble contredire la trêve annoncée il y a deux semaines par M. Mnuchin.
Il apparaît qu’une partie de l’entourage de Donald Trump est moins encline que lui à conclure rapidement des accords mais vise à contrecarrer les ambitions stratégiques à long terme de la Chine. Si cette thèse prévaut, cela pourrait faire plus de dégâts dans les marchés.
L’Europe a également été surprise par le président Trump qui est allé de l’avant avec ses tarifs sur l’acier et l’aluminium alors qu’elle espérait pouvoir négocier une exemption. Les mesures de rétorsion devraient suivre.
Un pas vers l’internationalisation des bourses chinoises
233 valeurs chinoises cotées sur les bourses continentales (actions « A ») sont maintenant incluses dans l’indice MSCI Emerging. C’est un pas important vers l’ouverture des bourses chinoises aux investisseurs internationaux même si pour le moment, ces 233 valeurs ne représentent que 0,8% de l’indice aux côtés des 30,5% d’actions chinoises cotées à Hong Kong et aux Etats-Unis. Si 100% des actions « A » devaient être incluses dans l’indice MSCI Emerging, elles représenteraient 16%, poussant le poids de la Chine à plus de 40%. Cela devrait se faire sur de nombreuses années.
Et ensuite ?
Malgré toutes ces incertitudes politiques de menaces de guerre commerciale, le S&P 500 a connu un mois de mai positif et le MSCI World All Country est toujours au-dessus de sa moyenne à 200 jours. Cela va-t-il durer ? Une partie de la réponse viendra des habituelles statistiques économiques de début de mois. La vigueur de l’économie reste le meilleur contrepoids aux craintes politiques comme viennent encore de nous le démontrer les chiffres du marché de l’emploi américain.