« Chindia » deux marchés complémentaires pour investir
La croissance s'accélère en Inde, portée par les dépenses des entreprises manufacturières et celles en infrastructures. Parallèlement, l'économie chinoise, en plein rééquilibrage, se stabilise, grâce à l'essor des services et à la hausse de la consommation. L'Inde est un investissement de croissance, la Chine, un investissement de rendement. Parmi les pays d'Asie, la Chine et l'Inde sont les moins exposées au protectionnisme américain. La conjonction de ces facteurs concourt à créer un thème d'investissement intéressant de par l’équilibre des facteurs en jeu.

Des marchés extrêmement complémentaires
La croissance indienne s'accélère et l'économie chinoise se stabilise. La population en âge de travailler augmente en Inde, alors qu'elle diminue en Chine depuis 2014. La croissance indienne devrait être soutenue par les dépenses des entreprises manufacturières et les investissements en infrastructures. La consommation et les services devraient être les principaux moteurs de la croissance chinoise. L'Inde est un investissement de croissance, tandis que la Chine est un investissement de rendement. Regrouper l'Inde et la Chine est avantageux car l'Inde est peu exposée à l'économie chinoise : les exportations de l'Inde vers la Chine représentent seulement 0,5 % du PIB (Produit Intérieur Brut) et seulement 1 % des exportations à valeur ajoutée. Parmi les pays asiatiques, l'Inde et la Chine ont les plus faibles exportations de valeurs ajoutées destinées aux consommateurs finaux américains en termes de pourcentage du PIB (à l'exception de l'Indonésie). Il s'agit d'un avantage, compte tenu des incertitudes majeures qui planent quant à l'évolution des mesures protectionnistes américaines.
Inde : en route vers le statut de pays à revenus moyens
L'économie indienne affiche le taux de croissance le plus élevé au monde et le pays sera un moteur majeur de la croissance au cours des prochaines années. Cela s'explique par l'essor de la population en âge de travailler qui, selon les prévisions, devrait croître de 1,4 % par an entre 2015 et 2025. Il s'agit du taux le plus élevé parmi les dix plus grosses économies mondiales. L'amélioration notable de la productivité devrait également soutenir la croissance. À l'heure actuelle, l'Inde affiche une productivité horaire égale à 42 % de la productivité horaire de la Chine.
L'Inde affiche un potentiel de rattrapage important.
Son PIB par tête représente 11 % du PIB par tête américain, contre 25 % pour la Chine. La part du secteur manufacturier dans le PIB est égale à 17,5 %, contre 39 % pour la Chine. Pour exploiter ce potentiel de rattrapage, le gouvernement a engagé les réformes nécessaires (augmentation des investissements d'infrastructure, adoption d'une taxe sur les biens et sur les services, consolidation et recapitalisation du secteur bancaire, accès élargi aux investissements directs étrangers, etc).
Ces mesures ont permis à l'Inde de gagner 16 places dans l'indice de compétitivité 2016-2017 du Forum économique mondial, se hissant au 39e rang sur les 138 du classement. Il s'agit de la plus forte progression. Les progressions les plus notables concernent, dans l'ordre, l'efficience des marchés de biens et l'efficience du marché de l'emploi. La décision récente du gouvernement d'abandonner les grosses coupures devrait permettre au pays de redresser ses finances publiques, car cela permettra de diminuer l'économie parallèle et de faciliter le recouvrement de l'impôt.
L'imperméabilité de l'économie indienne aux tendances économiques mondiales est également un atout pour le pays. La décorrélation qu’il offre en fait un important facteur en matière de construction de portefeuille.
Chine : un changement de modèle de croissance
Le gouvernement chinois a adopté des mesures de relance budgétaire qui permettront à l'économie chinoise de croître de 6 % au moins. Le gouvernement s'efforce de soutenir la croissance alors que se profile l'élection des délégués du parti communiste chinois lors du congrès national, en 2017. À terme, la consommation et les services remplaceront l'investissement et les exportations comme moteurs principaux de la croissance, après une décennie au cours de laquelle la Chine a profité d'une monnaie sous-évaluée et de son appartenance à l'OMC (Organisation mondiale du commerce).
Les indicateurs avancés laissent entrevoir une accélération de la croissance, ce qui devrait se traduire par une hausse des bénéfices des entreprises. Autre facteur attestant de l'amélioration de la situation : l'indice des prix à la production, en baisse depuis début 2012, est reparti à la hausse au troisième trimestre 2016. Dans la mesure où les valorisations se situent à des niveaux historiquement bas, le marché chinois des actions est bien placé pour produire des rendements attractifs en 2017.
En 2015, le secteur des services a contribué à hauteur de 50 % au PIB et cette contribution est vouée à augmenter à mesure que le rééquilibrage de l'économie s'accélère. Les indices chinois, historiques ou actuels, prennent le pouls de l'ancienne économie. Les nouveaux moteurs de la croissance chinoise (la consommation et les services) sont sous-représentés dans les indices historiques. De nouveaux indices sont désormais disponibles pour mesurer la performance du nouveau modèle de croissance.
Risques pesant sur notre hypothèse centrale
Le gouvernement de Narendra Modi a engagé des réformes courageuses pour « faire de l'Inde un pôle mondial de production », d'après les mots du Premier ministre. L'objectif est de moderniser l'économie. Il est fort à parier que le chemin sera parsemé d'embuches, mais le jeu en vaut la chandelle. Le marché indien des actions affiche notamment des valorisations très élevées par rapport aux autres marchés émergents. Ces valorisations se justifient toutefois par une rentabilité des capitaux propres supérieure à la moyenne et, en fin de compte, les actions indiennes se négocient à des niveaux proches de leur niveau moyen historique.
Les réserves que nous émettons vis-à-vis de la Chine sont liées au fait que le gouvernement repousse sans cesse la question de la résolution de la dette et les réformes progressent à un rythme très lent, compromettant ainsi les opportunités de croissance à moyen terme. Il convient toutefois de préciser que les autorités ont les moyens de résoudre ces problèmes structurels. La question principale concerne la capacité du gouvernement à prendre les décisions s’y rapportant en temps opportun. Manifestement, les autorités souhaitent que le renouvellement de l'élite politique au second semestre 2017 intervienne dans les meilleures conditions possibles. Nous constatons que les réformes les plus ambitieuses sont généralement mises en œuvre lors du deuxième mandat quinquennal du gouvernement.