Daumantas Dvilinskas, l'impact social comme moteur
A l’origine de TransferGo, une priorité donnée au numérique, à l’innovation et à l’impact social positif.

Comme beaucoup d’étudiants diplômés post crise financière mondiale, Daumantas Dvilinskas ne trouvait pas d’emploi à la hauteur de ses attentes. C’est pourquoi, il a décidé, avec plusieurs de ses camarades de l’université de Lancaster, au Royaume-Uni, de créer une entreprise.
Ce sera Pinevio, un concurrent de Pinterest, alors à ses débuts. Malgré des levées de fonds aux États-Unis et en Europe, l’expérience se solde par un échec. Pas de quoi décourager pour autant Daumantas Dvilinskas, qui se lance alors dans la FinTech en co-fondant à Londres TransferGo, une start-up visant à révolutionner les paiements transfrontaliers.
L’idée est née alors qu’il gérait avec son associé une société de bagages durables, animé d’une vive conscience écologique. « [Justinas Laseviciu] et moi étions à la tête d’une entreprise d’import-export qui fournissait notamment à des universités britanniques des sacs en toile écologiques fabriqués dans la Baltique, raconte Daumantas Dvilinskas, qui a aujourd’hui 29 ans et a grandi en Lituanie. Les paiements transfrontaliers se sont avérés très problématiques, ce qui gênait notre chaîne d’approvisionnement. »
Ces paiements causaient 3 à 4 jours de délai et des frais à hauteur de 7 %. Le duo imagine alors un système leur permettant de payer ses fournisseurs à partir d’un compte bancaire personnel dans la Baltique, alimenté occasionnellement depuis un compte domicilié au Royaume-Uni.
« Cela nous a soudain permis de payer nos fournisseurs en temps réel et donc de négocier de meilleurs tarifs, réduisant ainsi nos coûts. De nombreuses personnes dans notre entourage étaient confrontées à la même problématique, à titre privé ou professionnel. Alors nous avons décidé de proposer ce service à plus grande échelle. Avec l’objectif d’offrir des virements transfrontaliers en temps réel, aussi rapides qu’un virement au niveau national. »
L’impact social comme moteur
Au lancement de TransferGo en 2013, il y a certes cette volonté de venir combler un vide mais aussi d’avoir un impact social positif. « Notre première cible a été les expatriéss, la diaspora européenne qui envoie souvent de l’argent dans son pays d’origine et a le plus besoin de ce service, explique Daumantas Dvilinskas. Notre objectif est d’avoir un impact social positif. C’est notre principale motivation et la réussite de l’entreprise en découle. Si vous créez de la valeur pour vos clients, ils valoriseront vos services. C’est pourquoi leur intérêt doit être central. Quand on donne la priorité aux profits, on fait de nombreux choix qui finissent par être perdants », analyse-t-il.
“L’impact social est primordial et la réussite de l’entreprise en découle. Si vous créez de la valeur pour vos clients, ils valoriseront vos services. C’est pourquoi leur intérêt doit être central. Quand on donne la priorité aux profits, on fait de nombreux choix qui finissent par être perdants.”
Daumantas Dvilinskas
CEO de TransferGo

Aujourd’hui, TransferGo compte plus de 350 000 clients à travers l’Europe et se targue d’être le seul service du genre à exécuter en seulement 30 minutes des virements intra-européens. Les particuliers, qui constituent la principale clientèle de l’entreprise, n’ont plus besoin de faire la queue dans un bureau de change pour envoyer de l’argent à l’étranger. Et ils ne sont plus tributaires de coûteux virements bancaires qui prennent plusieurs jours. Il leur suffit de se connecter sur l’application mobile ou le site Internet de TransferGo.
Cette ambition de répondre à un besoin tout en ayant un impact positif est commune aux Entrepreneurs Elites interrogés par BNP Paribas Wealth Management dans le cadre de son rapport Entrepreneur 2018.
Les millennials en quête d'impact positif
Cependant, le rapport révèle que les entrepreneurs nés à partir de 1982 – appelés les « Millennipreneurs » – sont davantage enclins à définir la réussite de leur entreprise à la fois en termes de chiffre d’affaires et d’impact social. Une conclusion parfaitement en ligne avec la philosophie de Daumantas Dvilinskas.
Le succès fulgurant de TransferGo a valu à son cofondateur de figurer dans le classement 2017 des 30 Under 30 du magazine Forbes, dans la catégorie Finance. Comme de nombreux jeunes de sa génération, Daumantas Dvilinskas a une éthique entrepreneuriale qui se distingue de celle des générations précédentes.
« La principale différence vient du fait que nous sommes des "digital natives", affirme le désormais presque trentenaire. Je ne me souviens pas du monde avant Internet. Cela explique que notre perspective soit légèrement différente de ceux qui ont grandi sans. Pour nous, le numérique est une évidence. »
« Nous ne sommes pas dépendants des mêmes schémas qu’un vétéran du monde bancaire – il est plus facile pour nous d’être ouverts d’esprit sur la conception des services financiers, ajoute-t-il. C’est un avantage considérable sur certaines personnes plus expérimentées de notre secteur. »
TransferGo s’est développé rapidement et emploie actuellement 75 personnes installées dans ses bureaux londoniens de Canary Wharf. La start-up transfère de l’argent dans 45 pays, dont la Chine, le Mexique et l’Australie.
Bousculer le secteur
Parvenir à exécuter des virements transfrontaliers si rapidement n’était pas tant un dilemme technique qu’un défi sur le plan des relations avec les institutions financières.
TransferGo a ouvert une myriade de comptes et subi des contrôles de conformité en plusieurs étapes, qui ont parfois duré six mois. En cinq ans, l’entreprise a développé des partenariats avec plus de 60 banques dans le monde. Les clients paient TransferGo au niveau local, qui effectue un virement au destinataire grâce à un compte local domicilié dans le pays de destination ; une solution locale au départ et à l’arrivée. Les clients ont l’impression de faire un virement international, mais aucun argent ne traverse en réalité les frontières.
« Nous révolutionnons l’industrie financière en proposant une solution de transfert moins coûteuse, plus rapide et plus pratique. Grâce à nous, les clients passent par les plateformes numériques des banques. C’est un partenariat particulièrement réussi. Le seul perdant, c’est l’argent liquide. »
