Hausse des taux longs ces derniers mois, quelles conséquences ?
Les impacts de ces changements sur le marché actions.
Ces dernières semaines, les taux longs ont augmenté significativement. Le taux allemand à 10 ans a pris près de 40 points de base en moins d’un mois. Aux Etats-Unis, le taux à 10 ans a atteint les 2,4% début juillet. Ces mouvements haussiers importants et soudains ne sont pas sans conséquence sur les marchés d’actions.
La remontée des taux d’intérêt, stimulée par le changement de discours des banques centrales dans les pays développés, a des conséquences sur les marchés actions. D’une part, elle pose la question du niveau de valorisation. Des taux d’intérêt plus élevés rendent en effet les actions mécaniquement plus chères dans les modèles de valorisation. D’autre part, les mouvements de taux vont influencer l’appétit relatif aux différents secteurs d’activité. Une hausse peut être négative pour certaines activités (pression sur leurs marges bénéficiaires), positive pour d’autres (amélioration de la rentabilité de leur activité comme par exemple pour les banques), ou simplement être le reflet d’une reprise économique et donc d’un redémarrage des activités les plus cycliques (hausse du chiffre d’affaires). Sans surprise, les secteurs les plus sensibles à une hausse des taux d’intérêt sont les financières (à relire dans notre article : Actions : pourquoi le secteur bancaire européen se porte-t-il si bien ?), mais aussi des secteurs cycliques comme l’automobile, les matériaux, les industrielles ou encore la construction.
Toutefois, d’autres paramètres doivent entrer en ligne de compte pour une bonne sélection sectorielle. Avec la progression récente des marchés boursiers, le niveau de valorisation constitue un autre critère déterminant. Tandis que beaucoup de secteurs cycliques semblent aujourd’hui chers, les valorisations des financières européennes offrent toujours un potentiel de progression. A ce titre, nous nous sommes prêtés à un petit exercice statistique assez parlant. Sur base des 15 dernières années, nous observons une relation négative entre le ratio cours/valeur comptable et le rendement effectif sur 5 ans en Europe. Intuitivement, cette relation se traduit par un risque de correction en cas de valorisation tendue. Considérant la valeur actuelle de ce ratio à 1,03 pour le secteur financier en Europe et les rendements observés lors de ces 15 dernières années, nous devrions nous attendre à un rendement pour ce secteur d’environ 3,6% en moyenne au cours des 5 prochaines années. Aux Etats-Unis, en revanche, la valorisation est plus tendue, au vu des nombreuses nouvelles déjà incorporées dans les prix. Le ratio cours/valeur comptable anticipé du secteur financier américain vaut actuellement 1,3, suggérant une correction moyenne d’environ -1.1% annualisée pour le secteur au cours des 5 prochaines années, en se basant sur les rendements des 15 dernières années.
Bref, les valeurs financières européennes sont actuellement plus attrayantes que leurs alter-egos américaines. La hausse graduelle des taux longs en Europe ainsi que la poursuite des bons chiffres macroéconomiques devraient par ailleurs participer à la poursuite de leurs bonnes performances.