Marchés actions : nous adoptons un positionnement fortement positif
Les fondamentaux ont été éclipsés par le pessimisme des marchés ; laissant une belle opportunité d’achat sur les bourses
Le mois de janvier 2016 sanctionne le pire début d’année jamais enregistré. L’indice MSCI AC World a reculé de 6 %, mais le mouvement de repli a atteint 10 % à un moment donné.
Depuis le mois d’août, les marchés ont été durement frappés par les préoccupations concernant l’économie mondiale. Ces craintes ont été alimentées par l’effondrement des prix du pétrole et les inquiétudes concernant l’éventualité d’un atterrissage brutal en Chine.
Une grande partie des investisseurs semble ignorer que la demande de pétrole a augmenté en 2015 (de 1,7 million de barils/jour) et que cette hausse devrait se poursuivre en 2016. Ils perdent totalement de vue le fait que l’offre figure au cœur du problème et non pas la demande. Même en Chine, la demande de pétrole a augmenté de 5,7 % en 2015.
En ce qui concerne la Chine, les indicateurs sont certes contradictoires, mais une fois la distinction effectuée entre ceux qui se rapportent à l’« ancienne Chine » (dépenses d’investissement et exportations) et ceux qui concernent la « nouvelle Chine » (consommation et services), le tableau ne semble plus aussi sombre. Les efforts de rééquilibrage des autorités chinoises sont préférables aux tentations de stimulation de l’activité affichées en 2009.
Pour la plupart, les principaux indicateurs pointent vers des perspectives économiques mondiales analogues à celles qui ont prévalu l’an passé.
Le contexte d’expansion économique, aussi peu spectaculaire soit-il, est suffisant pour se forger une opinion positive des marchés actions en 2016 dans la mesure où il milite en faveur d’une hausse continue des bénéfices alors que les niveaux de valorisation ne représentent absolument aucune contrainte.
Cette différence entre pessimisme et fondamentaux suscite une opportunité d’achat. Compte tenu de la forte corrélation entre les marchés actions, nous relevons de positif à fortement positif notre positionnement vis-à-vis de la classe d’actifs, tout en précisant que ce point de vue fortement positif est réservé à la zone Euro et au Japon (il est conseillé de couvrir le risque de change). Les États-Unis continuent de faire l’objet d’une opinion favorable en raison du stade avancé auquel se trouve leur marché haussier. Nous restons neutres vis-à-vis des marchés émergents. Les titres sont certes soutenus par les niveaux de valorisation, mais leurs fondamentaux se dégradent.
Un monde de faibles performances et de volatilité accrue
Nous tablons sur une croissance des bénéfices autour de 5 % en 2016. L’an passé, les bénéfices sont restés stables à l’échelle mondiale en raison de la forte chute des prix du pétrole. En revanche, hors secteur énergétique, les bénéfices ont progressé à un rythme d’environ 5 %. Cette année, les perspectives des secteurs liés à l’énergie restent maussades. Ces perspectives pèseront sur le taux de croissance global prévisible des bénéfices qui ne devrait donc pas être exceptionnel. Notre principal scénario table sur une croissance des bénéfices s’établissant au milieu d’une fourchette à un chiffre grâce à des secteurs comme l’IT, les biens de consommation cyclique et la santé. En dehors des États-Unis, la croissance des bénéfices devrait être plus rapide que celle des chiffres d’affaires sous l’effet de l’expansion des marges. Les opérations de rachat d’actions devraient également apporter une contribution positive, même si ce phénomène commencera vraisemblablement à s’estomper aux États-Unis.
Au final, les perspectives de croissance des bénéfices aux alentours de 5 % sont équivalentes au taux de croissance moyen à long terme, ce qui devrait se traduire par une hausse des cours boursiers modérée.
Les niveaux de valorisation sont encourageants. Avec un ratio cours-bénéfice anticipé à 12 mois de 14,1, la valorisation de l’indice MSCI AC World s’établit autour de sa moyenne à long terme. Dans la mesure où certaines régions comme la zone euro continuent d’afficher des bénéfices dont les niveaux sont cycliquement déprimés, ce facteur est encourageant. En outre, le rendement du dividende anticipé à 12 mois s’élève à 3,2 %, un niveau attrayant par rapport à la moyenne inférieure à 1 % affichée par les rendements des obligations d’États développés ou aux rendements inférieurs à 3 % offerts par les obligations d’entreprises de premier rang à l’échelle mondiale.
Dans l’ensemble, les performances de l’année 2016 devraient, selon nous, être déterminées par les perspectives des bénéfices dans la mesure où les niveaux de valorisation seront comprimés par les incertitudes concernant le rythme des hausses de taux aux États-Unis, les multiples sources de préoccupation sur le plan politique et l’incapacité de l’économie mondiale à atteindre des taux de croissance plus élevés en raison des contraintes structurelles suscitées par les niveaux d’endettement considérables et le manque de rééquilibrage de la demande finale à l’échelle mondiale. La volatilité devrait continuer de figurer au cœur des marchés, notamment en raison des incertitudes politiques généralisées.
Relèvement opportuniste du positionnement à fortement positif, centré sur l’UE et le Japon ; les hausses de cours en 2016 seront vraisemblablement limitées à un chiffre
Dans un environnement présentant des perspectives limitées en termes de croissance des bénéfices et où les niveaux de valorisation sont certes attrayants mais peu susceptibles d’augmenter de manière significative, les investisseurs seraient bien inspirés de modérer leurs attentes et de prêter attention à la contribution qu’apportent les dividendes.
Nous privilégions la zone euro car son économie se redresse, sa politique monétaire est extrêmement accommodante et est susceptible de le devenir encore davantage, et le vent contraire que faisait souffler sa politique budgétaire s’est transformé en vent arrière. En outre, les bénéfices se maintiennent à des niveaux très bas et les niveaux de valorisation sont attrayants.
Nous apprécions également le Japon dans la mesure où la politique des « trois flèches » (Abenomics) reste intacte et où il s’agit également d’un contexte où les chefs d’entreprises axent leurs efforts sur la création de valeur actionnariale. Ce dernier facteur se reflète dans la hausse de la rentabilité des fonds propres, qui étaye celle des valorisations, et dans l’accroissement des taux de distribution de dividendes, ainsi que des opérations de rachat d’actions. Enfin, l’activité devrait rebondir sur le marché des fusions et des acquisitions.