Lire dans les feuilles de thé du 19e Congrès du Parti communiste chinois
Que faut-il retenit de la 19è réunion du Parti communiste chinois ?

« Mieux vaut être privé de nourriture pendant trois jours que de thé pendant une seule journée. » - Proverbe chinois
La 19è réunion du Parti communiste chinois s'est achevée le 24 octobre. Cet événement qui ne se produit qu'une fois tous les 5 ans, pose les bases politiques des mesures qui seront éventuellement mises en place jusqu'en 2022. Cette réunion, l'un des événements les plus importants en Chine, intervient à la date importante de mi-mandat du président Xi Jinping.
Quels sont les principaux points à retenir ?
Premièrement, la composition du Comité permanent du Politburo (PSC), le Comité qui comprend les plus hauts dirigeants du parti communiste, se maintient à sept membres, dont cinq nouveaux. La nomination de cinq nouveaux membres est le fait de départs à la retraite liés à la limite d'âge informelle, qui est de 68 ans. Personne ne connaît les membres du PSC avant de les voir monter sur scène le dernier jour de la réunion, la cérémonie ne vaut pas la fascinante remise des Oscars, mais elle est très spectaculaire. Tous les nouveaux membres désignés appartenaient au Politburo, qui est composé de 25 membres. Mon thé, à ce stade, est un thé traditionnel anglais pour démarrer la journée.
Ensuite, pour l’œil de faucon que je suis, et sachez que je ne suis pas axé sur l’âge, mais aucun des nouveaux membres du PSC ne peut être un éventuel successeur, si nous nous en tenons au protocole récent, puisque tous sont âgés de plus de 57 ans. Cela signifierait en effet qu'ils ne seraient pas en mesure de cumuler les deux potentiels mandats de 5 ans à compter de 2022. Par le passé, les présidents chinois cumulaient deux mandats sans jamais enfreindre la limite d'âge informelle. Cette situation est intrigante car tous les anciens présidents depuis les années 1990, y compris Xi en tant que candidat potentiel, ont désigné les successeurs du Comité permanent du bureau politique à mi-mandat. Cet exemple illustre l’influence croissante du président Xi Jinping. Cette situation alimentera sans doute également les possibles spéculations autour d’un troisième mandat pour Xi. Dans le même temps, un successeur peut être nommé à tout moment au cours de son deuxième mandat de 5 ans. Il existe en réalité plusieurs successeurs potentiels (Chen Miner, Ding Xuexiang, Hu Chunhua) dans l'ensemble du corps politique du Politburo, composé de 25 membres.
Troisièmement, l’un des points qui ne suscite pas énormément l’intérêt de la presse ni des analystes, c'est qu’un allié important, Wang Qishan, ne fait pas partie du nouveau Comité permanent du Politburo, alors qu’il dirigeait la campagne anti-corruption au sein du gouvernement. En surface, cela n’a rien de surprenant étant donné qu'il a 69 ans. Cependant, on spéculait en le renommant que le président Xi Jinping signalerait un éventuel troisième mandat en rompant avec la tradition de l'âge de la retraite. Au lieu de cela, Xi fait planer le suspense. La spéculation autour d'un troisième mandat est proportionnelle à son influence croissante et lui permet de décider ultérieurement de la trajectoire qu’il prendra pour la succession à un moment et à un endroit qu’il aura choisis. Quel fin stratège !
Quatrièmement, le président Xi est seulement le troisième dirigeant et le deuxième président depuis Mao à figurer dans la Charte du parti. « La pensée de Xi Jinping, du socialisme aux caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère ». Un thé chinois fort aurait été souhaitable avant le discours d'ouverture de 3 heures et demie de Xi, durant lequel il a défendu avec fermeté ses objectifs politiques forts. Point important, ce fut le plus long discours de l'histoire du Parti. Il devrait engendrer cohérence et unité au sein du parti pour le second mandat lorsqu’il s’agira de relever de nombreux défis et de saisir des opportunités. Il s’agira clairement pour lui de guider le pays avec cette autorité renforcée.
Les domaines d'intervention politiques de Xi sont les suivants : restructuration des entreprises semi-publiques, accélération des politiques environnementales, ralentissement de la croissance du crédit et des activités bancaires parallèles, et amélioration de la répartition des revenus. Ces politiques entraînent un ralentissement de la croissance du PIB en mettant l'accent sur de meilleurs rendements du capital. Cette politique sera à long terme favorable au marché des actions. Cependant, la réalité est que beaucoup de ces objectifs sont difficiles à mettre en place d’un point de vue politique et nécessitent un équilibre prudent de la politique budgétaire pour compenser une partie de l'inévitable décélération de la croissance. Jusqu'à présent, sans le renforcement de son statut, M. Xi avait des raisons de ne pas être en mesure d’appliquer le programme de réformes au rythme que certains de ses détracteurs l’auraient souhaité. Tous les projecteurs seront désormais braqués sur ses actions.
En bref, il est désormais temps de formuler le bon mélange pour offrir le "thé parfait".