#Stratégie d'investissement — 24.01.2019

Stratégie Sectorielle : Favorable Aux Valeurs Pro-Cycliques

Guillaume DUCHESNE

2018 a été une mauvaise année pour les actions. Les investisseurs se sont tournés vers des valeurs défensives et de qualité. Les craintes de récession, le durcissement des conditions financières et les inquiétudes sur le plan politique se sont traduits par un fort appétit pour les télécommunications, les services aux collectivités et la consommation de base

Les marchés ont déjà intégré un fort ralentissement de la croissance économique. Les primes de risque pour les actions sont revenues à des niveaux attrayants après la récente baisse du marché boursier. Nous constatons un écart important entre les fondamentaux et les valorisations;

Nous sommes toujours positifs sur les secteurs pro-cycliques (Matériaux, Industriels), Financières (Banques et Assurances), les équipementiers de télécommunication en Europe et l’Energie. Nous sommes positifs sur la Pharma.

Equity Strategy 2019 |  BNP Paribas Wealth Management

Oublions 2018 !

Les actions ont enregistré de bonnes performances en 2016 et 2017, mais 2018 a été étonnamment mauvais. Les actifs américains ont surperformé tandis que les actifs émergents, le Japon et l’Europe ont souffert (l’indice S&500 a perdu 6,3%, l’indice Stoxx 600 13,2% et l’indice Nikkei 12%). Sur le plan sectoriel, les investisseurs se sont tournés vers des noms défensifs et de qualité. Les craintes de récession, le durcissement des conditions financières et les préoccupations politiques se sont traduits par un fort appétit pour les télécommunications, les services aux collectivités et la consommation de base. Les valeurs cycliques par rapport aux défensives ont souffert de la plus forte sous-performance ces dernières années. Les Financières – banques en particulier – ont également été sous pression (voir pages suivantes pour les performances 2018)

Nous restons confiant

Les données économiques mondiales continuent d’indiquer un ralentissement dans les principales économies. Aux Etats-Unis, le niveau plus faible de l’indice ISM a été une surprise significative et a confirmé le ralentissement de la production manufacturière dans le monde entier. Dans d’autres régions du monde, la production industrielle allemande et le PMI chinois/allemand sont moins favorables. Dans ce contexte, les prévisions de bénéfices ont été abaissées. La saison des bénéfices du 4T18 s’annonce risquée. Les analystes ont révisé à la baisse leurs estimations de bénéfices trimestriels à 11% en raison de dégradations majeures dans les secteurs liés aux matières premières (forte baisse des prix des matières premières au 4T18) et récemment dans les financières. Dans les autres secteurs, les estimations restent assez élevées. Le risque de mauvaises surprises est donc présent. Au cours de la saison des résultats du 4T18, nous pensons que les investisseurs se concentreront sur les chiffres, mais aussi sur les commentaires du management à propos de l’environnement macroéconomique. Sur ce point, l’avertissement récent d’Apple concernant ses bénéfices n’était pas rassurant

Bien que les effets combinés du ralentissement de l’économie, du resserrement des conditions financières et des niveaux élevés d’endettement dans certains pays augmentent les risques pour 2019, nous ne considérons pas cela comme une menace macroéconomique imminente. La confiance des consommateurs américains reste forte et la croissance de l’emploi et des salaires s’accélère. Cela implique une hausse des dépenses de consommation. De plus, nous nous attendons à une trêve dans le différend commercial entre les Etats-Unis et la Chine. Bref, nous ne croyons pas que nous sommes à la fin du cycle

Les marchés ont déjà enregistré un fort ralentissement de la croissance. Les primes de risques sur les actions sont revenues à des niveaux attrayants après la récente chute des cours boursiers. Nous constatons un écart important entre les fondamentaux et les valorisations. Avec des valorisations conformes aux moyennes à long terme, ainsi qu’à notre avis que les incertitudes politiques ne s’aggraveront pas davantage, l’issue est que les actions devraient produire des rendements positifs. Nous maintenons notre vue positive sur les secteurs pro-cycliques (Matériaux, Industriels), les  Financières (Banques et Assurances), les équipementiers de télécommunication en Europe (Nokia, Ericsson) et notre secteur atypique:  l’Energie. La plupart de ces secteurs semblent aujourd’hui extrêmement bon marché. Un creux pourrait être atteint, mais nous sommes sélectifs au sein des ces actions (forte conviction pour l’Energie et Matériaux par rapport à l’auto). Nous sommes également positifs sur le secteur pharmaceutique.

Quelques opportunité

Les actions de l’énergie ont souffert de la récente baisse des prix du pétrole. Après une solide performance au premier semestre 2018, le secteur a sous-performé en Europe depuis le début du mois d’octobre. Le rebond attendu des prix du pétrole dans notre scénario devrait continuer à soutenir les valeurs pétrolières. La discipline des investissements reste un facteur positif pour le secteur. Elle devrait aider à générer des flux de trésorerie alors que les valorisations apparaissent attractives. Depuis la récente chute des cours, le secteur a fortement baissé revenant à des valorisations attractives. Le dividende  n’est pas à risque, car il est adossé à d’importants flux de trésorerie disponibles grâce au niveau actuel des prix du pétrole. Nous restons donc confiants sur le secteur et favorisons les majors pétrolières en Europe et aux US. Nous sommes neutres sur les parapétrolières en raison de leur profil plus risqué

La Technologie se négocie à des valorisations plus basses après la récente vente sur le marché, mais nous considérons toujours que le secteur n’est pas vraiment bon marché. Les actions dites GAFA devraient rester sous pression. L’industrie technologique des logiciels est la plus chère. La technologie, en particulier les semi-conducteurs, est fortement dépendant des négotiations commerciales entre les USA et la Chine (voir ci-dessous). Nous sommes sélectifs dans le secteur de la technologie. Nous privilégions les semi-conducteurs et les équipements de télécommunication européens

Nous restons sélectifs dans les secteurs défensifs. Sur la base de notre scénario de croissance économique robuste, d’une hausse progressive des taux d’intérêt et d’un rebond des marchés boursiers, nous restons prudents sur la plupart des autres secteurs défensifs qui sont pour le moment les grands gagnants des préoccupations actuelles du marché: Consommation de base (vue négative), Services aux collectivités (négative), Immobilier (neutre) et télécommunication (neutre). Le secteur des services de télécommunication a bénéficié d’un regain d’intérêt soudain de la part des investisseurs, attirés par des dividendes élevés et sa nature domestique (c’est-à-dire moins sensibles aux tensions commerciales et aux préoccupations concernant la croissance mondiale). Toutefois, le secteur des télécom en Europe souffre de la faiblesse des revenus et de la pression sur les prix dans un environnement très concurrentiel. De plus, la plupart des secteurs défensifs sont chers. Comme les défensives sont particulièrement résilientes en cas de récession, les investisseurs sont prêts à les payer avec une prime. Nous sommes cependant positifs sur la Pharma. Le secteur est moins attractif que les autres secteurs, mais les fondamentaux sont solides avec une forte croissance, des activités de M&A (Celgene-Bristol), des rachats d’actions et les dividendes sont favorables pour le secteur. Notons que le prix des médicaments reste un problème pour le secteur US. Avec les démocrates qui contrôlent la Chambre, les progressistes augmentent la pression pour agir sur le prix des médicaments.

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