Relèvement à Neutre de l'exposition aux actions américaines

Messages clés
Les moteurs fondamentaux restent solides : quatre facteurs fondamentaux soutiennent les actions américaines, notamment l'assouplissement des conditions financières, la dynamique positive des bénéfices, la solidité des rachats d'actions et les niveaux de valorisation plus raisonnables.
Le pic d'incertitude est potentiellement derrière nous : les prix du pétrole et du gaz ont nettement reculé par rapport aux sommets atteints en février 2022, atténuant les pressions inflationnistes sur les consommateurs à l’échelle internationale. Les indicateurs d'incertitude sur les marchés financiers ont également baissé par rapport aux sommets qu’ils avaient atteints récemment. L’allègement des tensions pesant sur l'économie et les marchés mondiaux laisse présager des jours meilleurs pour les actions, l'immobilier, le crédit d'entreprise et le private equity.
Les enquêtes sur la confiance des investisseurs ont récemment atteint leurs plus bas niveaux à long-terme : les enquêtes, telles que l'enquête bull-bear de l'American Association of Individual Investors (AAII) et l'indice du sentiment des investisseurs d’Investors Intelligence, mesurent la confiance des investisseurs. Elles montrent que le sentiment des investisseurs était extrêmement morose à fin février 2022.
L'enquête AAII – dont c’est le plus bas niveau atteint depuis 8 ans - suggère un rendement de 12 % des marchés boursiers au cours des 6 prochains mois : le résultat extrême de -30 de l'enquête bull-bear de l’AAII, enregistré le 24 février, suggère un rendement potentiel de +12 % pour les actions mondiales au cours des 6 prochains mois, sur la base des performances passées enregistrées après les baisses de moral des investisseurs.
Relèvement à Neutre de notre opinion à l’égard des actions américaines : nous pensons qu'il est possible que ce rallye boursier se poursuive. Toutefois, en raison des incertitudes autour de a) l'ampleur du relèvement des taux par la Réserve fédérale, b) le maintien d'une inflation élevée liée aux matières premières et c) le degré de ralentissement de l'économie américaine, nous ne relevons, à ce stade, notre point de vue qu’à Neutre.
Points de vue sectoriels : l'économie américaine, les flux de trésorerie et les bénéfices des entreprises continuent de bien résister. Nous estimons que les secteurs de la technologie et de la consommation discrétionnaire américains semblent désormais moins risqués qu'au début du mois de février. Nous avons donc relevé les secteurs de la technologie américaine et de la consommation discrétionnaire américaine de Négatif à Neutre.
Pourquoi relever à Neutre notre opinion sur les actions américaines ?
Nous avons quatre raisons principales de croire que le rebond actuel du marché boursier américain peut se poursuivre :
- Une dynamique des bénéfices solide : la croissance du BPA des actions américaines devrait être de 9 % en 2022 et les prévisions de BPA à 12 mois du S&P 500 continuent d'augmenter;
- Les valorisations ont chuté de plus de 10 % avec un PER de 19x pour le S&P 500 pour 2022, ce qui n’est toujours pas bon marché, mais certainement moins cher qu'à la fin 2021 ;
- Le risque implicite de marché diminue, l'indice de volatilité VIX chutant à 23 et l'indice Citi Global Macro Risk baissant à 0,8 après avoir atteint un pic de 0,91 ;
- Les rachats d'actions devraient rester un soutien clé pour les actions à ce stade, en particulier sur les secteurs de la technologie, des banques et de la santé.
Après un pic d’incertitude macroéconomique, les actions ont tendance à bien se comporter
Au début du mois de mars, les risques macroéconomiques ont atteint un pic de 0,91 (sur une échelle de zéro = pas de risque, à +1 = risque maximum), tel que mesuré par l'indice Citi Global Macro Risk. Le graphique ci-dessous met en évidence les précédents pics de cet indice de risque (en vert), ainsi que les rendements des actions mondiales au cours des 6 mois suivants (en bleu).
Lors des pics extrêmes similaires de risques macroéconomiques - respectivement atteints en 2012 (crise de la dette souveraine dans la zone euro), 2015 (début du relèvement des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine), 2016 (après le référendum sur le Brexit), 2019 et début 2020 (confinements liés à la COVID-19) les actions mondiales ont, à chaque fois, gagné entre +5 % et +30 % au cours des 6 mois qui ont suivi le pic de l'indice de risque macroéconomique. Sur la base de cette analyse historique, nous pensons qu’il y a de bonnes chances pour que le marché boursier rebondisse de la même façon.
Acheter lorsque les investisseurs sont pessimistes
Les investisseurs expérimentés savent que le bon moment pour acheter des actions est lorsque le pessimisme atteint son point culminant.
L’une des mesures du sentiment des investisseurs particuliers aux États-Unis est l'enquête hebdomadaire sur le sentiment des investisseurs de l’AAII (American
Association of Individual Investors), également connue sous le nom d'enquête bull-bear. Elle demande tout simplement aux investisseurs s'ils sont haussiers (positifs) ou baissiers (négatifs) sur les marchés actions à l'avenir.
La ligne verte du premier graphique mesure la différence entre le nombre d'investisseurs haussiers (optimistes) et baissiers (pessimistes) participant à cette enquête : les pics euphoriques du sentiment apparaissent lorsque la ligne verte atteint des sommets, comme en avril 2021 puis en novembre 2021.
L'enquête AAII a enregistré un pessimisme extrême le 24 février 2022, date à laquelle cet équilibre bull-bear a atteint -30, son niveau le plus négatif en plus de 8 ans.
Investissement à contre-courant : acheter quand tout le monde autour de vous voit noir
Le deuxième graphique montre la performance de l'indice MSCI World dans les 6 mois après que l'enquête de sentiment AAII ait atteint un niveau de pessimisme d'au moins -20 (en prenant les données du début 2000 à ce jour).
On peut constater que les actions ont généralement fortement rebondi après ces pics de pessimisme, progressant en moyenne de 11 % au cours des 6 mois suivants. La principale exception à cette règle empirique a été observée au cours du mois de juillet 2008, lorsque le monde était en proie à une récession profonde déclenchée par la crise financière mondiale et que le prix du Brent avait atteint un pic de plus de 140 USD/baril.
Points de vue sur le secteur américain
Tant que l'on ignore toutes les conséquences du conflit en Ukraine, les investisseurs devraient rester prudents et bien diversifiés.
Notre secteur défensif préféré reste la santé (+) car nous sommes à l'aise avec les valorisations et nous apprécions, en ces temps incertains, le pouvoir de fixation des prix de la plupart de la plupart de ces sociétés ainsi que les énormes flux de trésorerie qu'elles génèrent, qui leur permettent de financer leur croissance et leur innovation. De plus, elles distribuent des dividendes réguliers et procèdent à des rachats d'actions importants.
Maintenir une exposition aux secteurs qui, traditionnellement, offrent une couverture et/ou tirent profit des taux d'inflation élevés. En règle générale, les matières premières, l'immobilier, l'énergie et les produits financiers constituent de bonnes couvertures à cet égard. Toutefois, une aggravation du conflit pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le système financier mondial. La situation géopolitique continue, pour le moment, de peser sur le secteur bancaire (bon marché). Nous nous sentons donc plus à l'aise avec les assureurs (+) et les financières diversifiées (+) au sein du secteur financier, qui peuvent même bénéficier d'un environnement de forte volatilité du marché. Il convient de se montrer plus sélectif à l'égard des valeurs bancaires traditionnelles, en raison de leur forte volatilité. Nous maintenons donc une notation Neutre sur les banques.
La valorisation de la plupart des autres secteurs américains semble raisonnable à l’heure actuelle. L'environnement incertain et les conséquences du conflit limitent nos convictions fortes. Nous rappelons aux investisseurs qu'en période d'incertitude, il convient de privilégier les sociétés offrant une bonne visibilité, générant des flux de trésorerie solides et versant de bons dividendes.
Nous avons estimé, à la mi-février, que certains risques n'étaient pas suffisamment intégrés dans les cours. En cas d'aggravation des risques économiques ou géopolitiques, les actions seraient vulnérables, en particulier les secteurs chers qui avaient enregistré de solides performances depuis début 2020. Cela a motivé, mi-février, notre abaissement à négatif des secteurs chers de la technologie américaine et de la consommation discrétionnaire américaine.
Nous avons la preuve que les entreprises continuent à investir significativement dans leurs systèmes informatiques et, en raison de la guerre, elles pourraient devoir dépenser encore plus. La cybersécurité est une priorité évidente pour les dépenses supplémentaires.
La plupart des méga-entreprises technologiques sont devenues moins cycliques (revenus récurrents en hausse), regorgent de liquidités, affichent un bon pouvoir de fixation des prix et sont en mesure de racheter des actions. Les Big Tech versent même désormais de plus en plus de dividendes.
Les carnets de commandes sont pleins et de nombreuses entreprises traditionnelles n’ont pas encore mis à jour leurs systèmes informatiques, leur connectivité, leur cybersécurité, leurs systèmes de cloud, etc. La croissance à long terme semble également assurée grâce aux thèmes séculaires tels que le Métaverse, l'intelligence artificielle, la 5G, les paiements électroniques, l'électrification (nécessitant beaucoup de semi-conducteurs), le reshoring, etc.
Malgré la hausse des prix de l'énergie et la morosité engendrée par le conflit en Ukraine, il n'y a eu AUCUN ralentissement significatif de la consommation aux États-Unis jusqu'à présent. Les derniers chiffres de certaines grandes entreprises, dont Mastercard et Visa, le confirment. D'autres enquêtes montrent que de nombreux américains prévoient encore d'acheter des articles coûteux.
Entre-temps, les investisseurs ont considérablement réduit leur exposition à la technologie et aux biens de consommation discrétionnaire (au profit des matières premières, de l'énergie, des produits de base et de la santé).
Bon nombre de portefeuilles étant, à l’heure actuelle, bien moins surpondérés sur la technologie américaine et la consommation discrétionnaire américaine, la capacité de reprise de ces secteurs n’est donc pas négligeable. Nous avons aujourd'hui relevé à Neutre les secteurs de la technologie et de la consommation discrétionnaire américains.