Correction ou changement de tendance ?
La semaine écoulée a été assez négative pour les actions européennes, le Stoxx Europe 600 perdant 3,6%. L’indice phare des actions américaines, le S&P 500, n’a cédé que 0,6% grâce à un puissant rebond vendredi mais a quand même enregistré sa quatrième semaine de baisse consécutive.

Accroissement des incertitudes
La baisse des actions a commencé début septembre par des prises de profit sur les valeurs technologiques qui s’étaient appréciées de façon spectaculaire au cours des mois précédents.
Lundi passé, cette baisse s’est élargie suite à l’accroissement de toute une série d’incertitudes : 1/ la forte résurgence des contaminations en Europe fait craindre de nouvelles mesures de confinements stricts qui impacteraient l’économie, 2/ aux États-Unis, les dissensions entre Démocrates et Républicains rendent moins probable l’adoption rapide de nouvelles mesures de soutien budgétaire jugées indispensables par la Fed, 3/ l’issue des élections présidentielles, 4/ le Brexit, 5/ les révélations concernant des blanchiments massifs d’argent sale par des grandes banques internationales.
Les marchés détestent les incertitudes, parfois plus que les mauvaises nouvelles. Ces incertitudes pourraient se maintenir encore 1 à 2 mois (Brexit mi-octobre, élections US du 3/11, voire un peu plus si des recomptages de votes sont nécessaires). Quant à la résurgence du coronavirus, on saura dans quelques semaines si, comme aux États-Unis cet été, on peut se passer de strictes mesures de confinement.
Paradoxalement, la résurgence de la Covid-19 a redonné du tonus aux valeurs technologiques qui avaient été les grandes gagnantes lors des mesures de confinement : les valeurs bénéficiant du travail, des loisirs et des achats à domicile. Inversement, les valeurs plus sensibles au cycle économique ont fortement souffert.
Une correction, pas un changement de tendance
Les perspectives pour 2021 restent bonnes. Dans le monde, 173 équipes travaillent sur des vaccins pour la Covid-19. Les premiers devraient être disponibles au cours du premier semestre 2021. S’il en est bien ainsi, cela devrait aider les secteurs les plus touchés (transport aérien, Horeca, spectacles…).
L’économie devrait continuer de bénéficier des impressionnants stimuli monétaires et budgétaires bien plus importants qu’en 2008-2010.
La reprise de l’activité en Chine - 2ème économie mondiale – semble se consolider, ce qui est important pour l’Asie mais aussi pour le reste du monde. La bonne résistance des prix des métaux industriels s’explique par la demande chinoise...
Pour ces raisons, nous pensons que nous avons affaire à une correction et non à un changement de tendance et que cette correction devrait offrir de bons points d’entrée pour compléter les positions en actions.
Jusqu’où la baisse peut-elle aller ?
Étant donné les perspectives positives pour l’an prochain, il nous semble que pour le S&P 500, la correction ne devrait pas aller en-deçà de sa moyenne mobile à 200 jours c’est-à-dire autour de 3100 (-13% par rapport au top, 6% par rapport à la clôture de vendredi).
L’expérience montre que les meilleurs points d’entrée coïncident souvent avec le moment où l’incertitude est maximale. Or pour le moment, des incertitudes s’accumulent : Covid, élections US, Brexit… Et vont peut-être atteindre leur paroxysme peu avant les élections américaines.
Toutefois on ne peut exclure de bonnes nouvelles comme un accord entre Démocrates et Républicains sur de nouveaux stimuli budgétaires. C’est cet espoir qui a fait remonter les bourses américaines vendredi.
A l’agenda cette semaine
Mercredi, nous aurons des indications sur la vigueur de la reprise économique en Chine avec les indices des directeurs des achats du secteur manufacturier et des services. Il sera important de voir si les signes d’accélération de la reprise chinoise observés récemment se confirment.
Vendredi, toute l’attention se portera sur le rapport de l’emploi aux États-Unis. Seulement la moitié des emplois perdus pendant la crise du coronavirus ont été retrouvés. Les investisseurs sont devenus très sensibles aux signes d’affaiblissement de la reprise. Le consensus des économistes table sur un chômage qui devrait continuer de baisser mais à un moindre rythme que lors les deux mois précédents.
Vendredi également, nous aurons les chiffres d’inflation dans la zone euro. En août, la zone euro est tombée en déflation avec une baisse des prix de 0,2% suscitant des doutes quant à la capacité de la BCE d’atteindre son objectif de 2% d’inflation. Cette baisse de prix a été en partie due à des effets temporaires (baisse temporaire de la TVA en Allemagne et décalage des soldes). L’euro reperdant un peu de sa vigueur devrait aussi aider.