Entre incertitude liée aux élections et espoir de stimulus
Après quelques semaines de correction, la plupart des bourses ont réussi à quelque peu se rétablir la semaine dernière grâce à un nouvel espoir de stimulus.

Le Stoxx Europe 600 s’est redressé de 2% après la correction de 3,6% de la semaine précédente. Aux Etats-Unis, le S&P500 comme le Nasdaq ont progressé d’1,5% en glissement hebdomadaire, malgré les pertes essuyées vendredi en raison de l’incertitude liée à la maladie du président. Les bourses asiatiques ont cédé un peu de terrain la semaine dernière. Sur les marchés des matières premières, les prix du pétrole ont baissé (-5,5%) à l’instar de ceux de la plupart des métaux industriels, mais le prix de l’or a progressé à cause de l'incertitude politique croissante.
Une fièvre électorale qui monte et un président malade
Un mois avant les élections américaines, la nervosité se fait de plus en plus sentir. Tous attendaient avec anxiété le premier débat opposant les deux candidats à la présidence, Donald Trump et Joe Biden. Les échanges se sont avérés virulents, chaotiques et manquant de contenu et n’ont livré aucun vainqueur convaincant. Evidemment grâce au comportement offensif de Trump, Biden a pu conforter encore quelque peu son avance dans les sondages au terme de ce face-à-face.
Depuis vendredi, s’est toutefois ajoutée une nouvelle incertitude. Le président Trump a été testé positif à la COVID-19 et hospitalisé pour recevoir un traitement. Une partie de son entourage et de son équipe de campagne a également été contaminée. Nul ne sait précisément en quoi cela va influer sur la suite de la campagne et sur le résultat des élections. Le vice-président Mike Pence reprend déjà une grande partie des tâches liées à la campagne. Certains affirment que cela ternit l’image de Trump. Au départ, ce dernier avait minimisé la pandémie de coronavirus en la qualifiant de "grippette". Et durant la campagne, il avait souligné à quelques reprises qu’il avait une meilleure condition physique que Jo Biden, son opposant qui est un peu plus âgé que lui. Les opposants au président vont maintenant pouvoir arguer: "S’il ne peut pas se protéger contre le virus, comment pouvons-nous espérer qu’il nous protège?". D’un autre côté, l’histoire nous enseigne qu’un candidat aux élections malade reçoit pas mal de voix de sympathie de la population.
Aussi sommes-nous curieux de voir si ces évolutions vont différer les négociations concernant un plan de stimulus supplémentaire, ou lui donner un coup d'accélérateur, en raison d’un "sens de l’urgence" et d’une disposition plus conciliatoire entre les deux parties. La hausse boursière de la semaine dernière s’appuyait en effet surtout sur les nouvelles discussions entre la présidente démocrate de la chambre des représentants Nancy Pelosi et le ministre des finances Steven Mnuchin.
La vigueur du redressement économique commence à s’affaiblir quelque peu
Aux Etats-Unis, l’indice ISM manufacturier (confiance des entrepreneurs industriels) a légèrement régressé en septembre, de 56 à 55,4, ce qui indique tout de même toujours un redressement raisonnable. La confiance des consommateurs a même étonnamment enregistré une progression. En Europe, les indices des directeurs d’achat pour l’industrie sont restés à un niveau convenable de 53,7, mais les indices des directeurs d’achat pour les services sont retombés sous les 50. Il faut y voir la conséquence de la recrudescence des contaminations au coronavirus et des nuisances qu’elle entraîne sur de nombreux secteurs de services. Le taux de chômage en Europe a aussi commencé à grimper (de 7,9 à 8,1%) car plusieurs entreprises procèdent désormais à des licenciements définitifs après avoir fait appel au chômage temporaire. Comme le système de chômage temporaire n’est pas appliqué aux Etats-Unis, nous y avons observé un pic des chiffres sur le chômage en mars/avril, suivi par un redressement graduel dans les mois qui ont suivi. En septembre, le chômage s’est amélioré aux Etats-Unis, de 8,4 à 7,9%, mais la création d’emplois sur une base mensuelle (661.000) commence à diminuer et s’est avérée inférieure aux 860.000 attendus. Entretemps, seule la moitié des emplois perdus à cause du coronavirus ont été récupérés.
Fin octobre, les chiffres relatifs à la croissance économique pour le troisième trimestre seront publiés. Et après les chiffres de contraction historique du deuxième trimestre, nous pouvons nous préparer à recevoir des chiffres de croissance de trimestre en trimestre historiquement élevés. Mais pour la comparaison d'une année à l’autre, nous serons sans doute encore loin d'un redressement complet. Et avec la recrudescence actuelle des contaminations au coronavirus et les nouvelles mesures de quarantaine, se pose la question de savoir si le redressement se poursuivra au quatrième trimestre. Ce qui a commencé comme un redressement en V peut toujours déboucher sur un schéma en W (dubble dip) ou une sorte de racine carrée (aplanissement après un redressement initial vigoureux).
Les corrections offrent des opportunités d'achat
Après le mois de correction que fut septembre, nous nous attendons en octobre à une volatilité marquée sur les marchés. Tout d’abord, il faut compter avec les incertitudes politiques telles que les élections américaines, la maladie du président, les querelles à propos de stimuli supplémentaires, ainsi que les négociations entre le Royaume-Uni et l’UE sur l’accord commercial post-Brexit. En outre, la recrudescence actuelle de la pandémie peut freiner la vigueur du redressement économique, alors que de nombreuses entreprises sont encore en mode épargne.
Certes, cette incertitude et les éventuelles corrections de cours offrent de nouvelles opportunités d'achat en vue d’un redressement économique et d’un bénéfice convenable en 2021. Les vaccins vont endiguer la pandémie vers le milieu de l'an prochain et supprimer les limitations qui s’appliquent toujours à de nombreux secteurs. En outre, les stimuli monétaires et budgétaires impressionnants vont aussi continuer à produire leurs effets. En revanche, la valorisation de nombreux secteurs traditionnels flirte toujours avec des niveaux historiquement bas par rapport à leur potentiel de bénéfices moyen sur un cycle.