Focus Actions Octobre 2022

Les actions en un coup d'œil
Points clefs
- Le marché actions américain va-t-il définitivement casser son niveau le plus bas de juin ? Les indices boursiers américains sont revenus à leurs plus bas niveaux de juin, le durcissement des conditions financières (y compris un dollar plus ferme) et la hausse des rendements obligataires réels à long terme continuent d’exercer des pressions sur les bénéfices et les valorisations des actions.
- Nous pourrions bien être à un tournant important pour les marchés actions si les conditions financières (y compris le dollar américain) et les rendements réels venaient à culminer, comme nous le soupçonnons. L’amélioration récente des statistiques économiques américaines pourrait également soutenir les tendances bénéficiaires à court terme.
- Les niveaux élevés de volatilité laissent entrevoir de meilleures performances. Depuis 1990, les 10 % les plus élevés de l’indice de volatilité VIX (VIX > 29) ont généralement précédé de fortes périodes de performances des actions américaines. Un an après que l’indice VIX ait atteint un tel pic, les actions américaines progressent de 24 % en moyenne et de 39 % sur 2 ans. Le VIX aujourd’hui à 32 illustre les craintes des investisseurs, mais indique des performances solides à l’avenir.
Principales recommandations
+ Producteurs d’énergie
Surpondérez les secteursqui offrent une protection contre une inflation élevée. Les sanctions européennes à l’encontre de la Russie (embargos sur le pétrole russe à partir de décembre) et la réduction de la production de 2 millions de barils par jour annoncée récemment par l’OPEP+ soutiennent le secteur. Ce secteur très rentable est encore extrêmement bon marché.
+ Royaume-Uni, Japon, rachat d’actions + Actions à dividendes élevés
Royaume-Uni : exposition au secteur de l’énergie, bon marché avec l’avantage de la devise, rendements élevés et croissance plus forte.
Japon : l’indice TOPIX japonais surperforme enfin l’indice S&P 500 américain, ce qui laisse présager une nouvelle surperformance potentielle.
Principaux risques : pas encore de changement de cap de la part de la Réserve fédérale américaine dans la mesure où l’inflation US n’a pas fortement baissé. L’indice ISM manufacturier semble appelé à passer sous la barre des 50 pour suivre l’indice PMI composite Markit, ce qui a généralement pesé sur les bénéfices des entreprises américaines.
1. Conditions financières, rendements réels,
baisse de l’USD
Les conditions financières se sont un peu assouplies
Les conditions financières aux États-Unis et en Europe se sont un peu assouplies dans le sillage de la baisse de la volatilité et des spreads de crédit. Mais la hausse des taux d’intérêt et le début de la réduction du bilan de la Réserve fédérale empêchent les conditions financières de s’assouplir encore davantage. Une baisse de l’inflation aux États-Unis et une communication moins agressive de la Réserve fédérale au sujet de futurs relèvements des taux d’intérêt sont nécessaires pour assouplir davantage les conditions financières, et pour déclencher un rebond des actifs risqués.
Forte baisse des anticipations inflationnistes à 1 an aux États-Unis
Forte baisse des anticipations inflationnistes à 1 an : Les swaps d’inflation américains à 1 an intègrent un IPC à 2,7 % dans 1 an, contre un pic à 6 % en milieu d’année. Un grand nombre de composantes des prix de l’inflation commencent à fortement baisser, notamment : Le logement, l’essence, des biens comme les voitures d’occasion, les coûts de logistique/ camionnage et les matériaux de construction comme le bois. Cela se reflète également dans la baisse des composantes prix payés de l’ISM manufacturier et non manufacturier.
2. N’ayez pas peur de la volatilité
Après une volatilité élevée de l’indice VIX, les actions affichent une forte performance
Ne vous inquiétez pas des niveaux actuels élevés de volatilité des marchés actions (indice VIX à 32). Oui, les investisseurs ont acheté de la protection en options de vente pour des portefeuilles d’actions à un rythme sans précédent, à en juger par le dernier ratio put-call sur les actions américaines.
Mais, statistiquement parlant, sur les 30 dernières années et plus, les niveaux les plus élevés de l’indice de volatilité VIX ont généralement précédé de fortes périodes de performances des actions américaines. Sur 1 an, après que l’indice VIX ait atteint son plus haut niveau, les actions américaines ont progressé de 24 % en moyenne et de 39 % sur 2 ans.
Le pessimisme des investisseurs institutionnels et des particuliers à un record historique
La confiance des investisseurs professionnels est à des niveaux historiquement bas : elle est mesurée par les enquêtes de confiance de NAAIM et de Investors Intelligence. Ces deux enquêtes, combinées à l’étude sur la confiance des investisseurs de détail AAII, révèlent un niveau de pessimisme jamais observé au plus fort de la crise financière de 2008. Il s’agit selon nous d’un excellent indicateur à contre-courant, comme ce fut le cas fin 2008 et à nouveau fin 2015. Combiné à des positions vendeuses record sur des contrats à terme sur indices et à des achats record d’options de vente, cela souligne le potentiel de rebond du marché.
3. Effet Halloween : Saisonnalité positive
Novembre-avril, le S&P 500 a bien mieux performé
Entre le début du mois d’octobre et la fin du mois d’avril, l’indice américain S&P 500 a généralement progressé de 8 % (2001-2021 en moyenne), contrairement à une performance nulle entre mai et début octobre. En Europe, l’indice DAX allemand a progressé en moyenne de 9 % au cours de la même période hivernale/printanière.
Ajoutons à cela l’impact mi-mandat de la présidence américaine, une année où les actions américaines ont traditionnellement bien performé.
Les effets saisonniers les plus forts sont obervés au Royaume-Uni, en Europe et au Japon
Au cours des 20 dernières années (et même plus), l’effet Halloween a été le plus fort au Royaume-Uni et en Europe, avec une surperformance de plus de 10 % en Europe entre le début du mois de novembre et la fin du mois d’avril, par rapport à la période de mai-octobre.
Notons également le fort impact saisonnier des actions japonaises, une région que nous continuons de privilégier compte tenu des avantages d’une devise faible, d’une hausse de la rentabilité et du versement de dividendes, et de valorisations attractives.
4. Les actifs britanniques apparaissent attrayants
après l’annonce du minibudget
Les marchés financiers ont poussé les rendement UK à 30 ans à la hausse et la livre sterling à la baisse après l’annonce du budget
Les réductions d’impôts surprises introduisent de la volatilité : Après la récente annonce du minibudget britannique qui consiste à diminuer les impôts, les actifs britanniques (devises, obligations, actions) ont lourdement chuté après que les investisseurs se soient inquiétés de la viabilité de la dette britannique à long terme. Au total, depuis mai 2021, la livre sterling s’est dépréciée de près de 22 % face au dollar américain.
La dernière hausse extrême des rendements obligataires au Royaume-Uni a contraint la Banque d’Angleterre à mettre en place un programme d’achat d’obligations d’urgence afin d’atténuer cette tension sur les marchés financiers.
Après l’annonce du minibudget, une opportunité d’achat sur le FTSE britannique
Achetez des grandes capitalisations britanniques : pour les investisseurs non britanniques, la baisse de 24 % en dollars des grandes capitalisations britanniques offre une excellente opportunité d’acheter l’indice britannique FTSE 100. Rappelons qu’il s’agit d’un indice global qui génère plus de 50 % de ses bénéfices à l’étranger, en dollars américains. L’ensemble des bénéfices de l’indice FTSE 100 devrait donc progresser au cours des 12 prochains mois. Le FTSE est attractif compte tenu de son faible niveau de valorisation (ratio cours/bénéfice prévisionnel < 8x, rendement du dividende de 4,8 %), de sa forte exposition aux matières premières et au secteur défensif, ainsi que de sa devise bon marché.
5. La génération Y, une menace à long terme pour les valeurs de croissance
Forte baisse de la richesse financière américaine en 2022
Croyez-le ou non, la correction actuelle des actions, des obligations d’entreprises et des obligations souveraines a déjà causé bien plus de dommages à la richesse des investisseurs que la Grande crise financière de 2008 ! En effet, en 2008, la perte de valeur totale des actions, des obligations et du crédit américains a été inférieure à 10 000 milliards d’USD à son plus bas niveau. Jusqu’à présent, en 2022, la baisse des valorisations des actions, du crédit et des obligations américaines a atteint près de 58 000 milliards d’USD, soit plus de 6 fois plus qu’au plus fort de la crise financière en 2008.
Les jeunes investisseurs ont potentiellement été effrayés
Mais cela semble être bien pire pour les investisseurs de génération Y (entre 26 et 41 ans aujourd’hui). Ils avaient investi de manière disproportionnée dans des valeurs de croissance/technologiques, en particulier à la recherche des toutes dernières tendances en matière d’investissement. Depuis novembre 2021, l’indice américain Meme stock a chuté de 70 %. Les cryptomonnaies comme le Bitcoin ont chuté de 73 % par rapport au pic de novembre 2021. Il n’est guère surprenant alors que la génération Y ait vendu nombre de leurs investissements au cours des 12 derniers mois. Cette expérience les marquera-t-elle à vie ?
6. Prévisions de bénéfices
L’inflation aux États-Unis pèse désormais sur les chiffres d’affaires et sur les marges
Aux États-Unis, les revenus devraient maintenant croître de +8,7 % pour le T3 22 par rapport au T3 21 (en baisse par rapport aux +9,7 % estimés au 30 juin) et les bénéfices sont également constamment revus à la baisse : maintenant la croissance des bénéfices au T3 serait de +3,2 % par rapport à 2021 (comparé aux estimations de + 9,8 % au début du trimestre). Hors énergie, les résultats du 3e trimestre sont estimés à -8,2 % aux États-Unis. Les secteurs cycliques semblent les plus à risque aux États-Unis en raison du ralentissement de l’économie, de la hausse des coûts et des problèmes persistants liés à la chaîne d’approvisionnement.
Les valorisations restent élevées aux États-Unis (le PER prévisionnel est de l’ordre de 16), surtout dans les secteurs de la technologie, de la consommation cyclique et des biens de consommation de base, où certaines entreprises affichent toujours des ratios cours/bénéfice nettement supérieurs à 20. Nous observons aujourd’hui de nombreuses révisions à la baisse.
Les bénéfices en Europe proviennent des secteurs de l’énergie, des Matériaux de base et de la finance
La période de publication des résultats du T2 a été bonne en Europe. Les prévisions pour le S2 2022 et 2023 ont bien tenu. De toute évidence, la faiblesse du dollar américain et des entreprises liées aux matières premières ont tiré à la hausse les prévisions de bénéfices en Europe, dont la croissance devrait atteindre +30 % en glissement annuel au T3 2022. En 2022, les bénéfices devraient progresser de +18 % en Europe alors qu’ils devraient peu progresser en 2023. Bien entendu, cela dépendra beaucoup de la rapidité avec laquelle les pays trouveront des solutions aux tensions géopolitiques et à la crise énergétique. Avec les révisions récentes, l’Europe se négocie désormais à un ratio cours/bénéfice prévisionnel de moins de 11, presque son plus bas niveau récent, atteint au plus fort de la crise de la COVID. Les secteurs qui se comportent bien en période d’inflation sont particulièrement bon marché : L’énergie et les autres matières premières, la finance, mais aussi les soins de santé.
7. Allocation sectorielle
Il est encore trop tôt pour augmenter sensiblement le bêta, mais il faut profiter des faibles niveaux pour accumuler
Les taux d’intérêt et les rendements augmentent rapidement. Dans le même temps, une récession profonde commence à être intégrée dans les cours de certains secteurs cycliques, tels que les banques. Nous pensons qu’avec un niveau de pessimisme aussi élevé, les investisseurs devraient profiter des creux de marché pour accumuler des actions de valeurs et de croissance solides à des niveaux déprimés.
- Les investisseurs devraient détenir de bonnes positions dans des secteurs qui se comportent bien en période d’inflation, comme l’énergie, certaines minières (préférences pour celles liées à l’énergie et à la transition énergétique) et certaines financières.
- Les sanctions européennes contre la Russie (embargo sur le pétrole russe à partir de décembre) et l’OPEP réduisant encore sa production sont des soutiens pour le secteur. Ce secteur très rentable reste extrêmement bon marché.
- Nous restons prudents sur le secteur bancaire en raison du ralentissement économique mondial, mais les financières sont bon marché en général. Le PER prévisionnel des valeurs financières est de 11,2 aux États-Unis et de seulement 7,9 en Europe. Les bilans apparaissent très solides ; les flux de trésorerie, la rentabilité et les dividendes sont très élevés.
Nous conseillons toujours de conserver une bonne partie de tout portefeuille d’actions investi dans des entreprises qui ont un pouvoir de fixation des prix et/ou qui rendent des liquidités conséquentes aux actionnaires. Parmi les valeurs défensives, nous continuons de préférer le secteur de la santé.
- Les REIT européens cotent également à des prix très attractifs (les décotes par rapport aux VNI et les rendements des dividendes sont à des plus hauts sur plusieurs années), après un effondrement cette année en raison de la forte hausse des rendements obligataires.
- Certaines technologiques et services de communication commencent également à devenir intéressants après leur forte correction.
- En revanche, les valeurs cycliques et de consommation sensibles à l’économie mondiale, au ralentissement probable de la consommation et aux soucis de chaînes d’approvisionnement (industrielles, consommation de base et cyclique, matériaux) devraient sous-performer à court terme. Soyez très sélectif là-dedans.
- Les résultats des grandes entreprises pour le T3, qui seront publiés à partir du 14 octobre, permettront de déterminer quelles entreprises sont les plus résilientes au ralentissement économique.