#Articles — 14.04.2022

Focus Actions Avril 2022

Edmund Shing Global Chief Investment Officer, Alain Gerard, Senior Investment Advisor, Equities

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Résumé

  1. Relèvement de notre opinion sur les actions américaines à Neutre : nous pensons qu'il est possible que ce rallye boursier se poursuive. Toutefois, en raison des incertitudes entourant a) l'ampleur du relèvement des taux par la Réserve fédérale, b) le maintien d'une inflation élevée liée aux matières premières et c) le degré de ralentissement de l'économie américaine, nous ne relevons, à ce stade, notre point de vue qu’à Neutre.
  2. Globalement Neutre sur les actions : nous restons globalement Neutres sur les actions en tant que classe d'actifs (y compris en Europe et sur les marchés émergents), dans l'attente d'une nouvelle réduction potentielle des incertitudes.
  3. Des opportunités sélectives dans le secteur technologique : l'économie américaine, les flux de trésorerie et les bénéfices des entreprises continuent de faire preuve d'une forte résilience. Nous avons relevé à Neutre (de négatif) les secteurs de la technologie américaine et de la consommation discrétionnaire américaine.
  4. Risque clé : la Réserve fédérale américaine peut-elle réellement relever ses taux d'intérêt 9 fois cette année dans une économie déjà en perte de vitesse ? J'ai des doutes. Je pense que la Fed va probablement adoucir son discours dans les prochains mois. Si ce n’est pas le cas, doit-on s’attendre à une récession dans 12-18 mois ?

Principales recommandations

  • Privilégier l'exposition aux mines et aux métaux à l’échelle internationale (opinion positive) : les prix du nickel, de l'étain et de l'aluminium ont atteint de nouveaux sommets pluriannuels, les stocks actuels des entrepôts étant à leur plus bas niveau et l'offre pouvant être limitée par le manque d'exportations russes. Nous restons Positifs sur les producteurs de matières premières industrielles et de métaux précieux.
  • Les actions d'Amérique latine, du Canada et du Royaume-Uni surperforment grâce à une exposition surdimensionnée aux producteurs de matières premières : en d'autres termes, la forte pondération des producteurs de métaux industriels et précieux, ainsi que du secteur du pétrole et du gaz, sont à l’origine de la surperformance de ces trois marchés régionaux.
  • Les stratégies de rachat sont privilégiées : les investisseurs conservateurs à la recherche d'un rendement total et de qualité pour les actionnaires (dividendes + rachats) peuvent trouver une solution surperformante dans les stratégies de rachat d'actions américaines et mondiales, avec des sociétés affichant des flux de trésorerie disponible et des marges bénéficiaires élevées.
  • Focus sur le thème de l'économie circulaire : les prix très élevés de l'énergie et des matières premières soulignent la nécessité d'optimiser l’utilisation des ressources naturelles, qui est au cœur du modèle d'économie circulaire.

 

1. Notre vision sur les actions internationales : Europe vs États-Unis

Décote du PER de près de 30 % pour les actions européennes par rapport aux actions américaines

Les valorisations des actions ont baissé au niveau mondial mais la dévalorisation a été plus sévère cette année en Europe qu'aux États-Unis. Le risque perçu d’avoir au moins une récession des bénéfices en Europe est plus marqué, en raison de la volatilité géopolitique et de la lourde charge que les prix record de l'énergie font peser sur l'économie européenne. A l'heure actuelle, les actions européennes sont 29 % moins chères en termes de PER par rapport à celles des États-Unis, malgré une pondération européenne plus importante sur les secteurs du pétrole & du gaz et des mines.

Les coûts de l'énergie et le risque de récession pèsent sur l'Europe

L'impact du conflit en Ukraine, les prix record de l'énergie et le risque de récession qui en découle ont découragé les investisseurs d’investir dans les actions européennes. Ces derniers ont favorisé les valeurs relativement sûres (c.à.d les États-Unis) en février et mars 2022.

Cette préférence devrait se poursuivre jusqu'à ce que les prix du gaz naturel, de l'électricité et du pétrole baissent de manière plus significative en Europe. Aujourd'hui, les coûts de l'énergie représentent plus de 9 % du PIB européen, soit le niveau le plus élevé depuis le début des années 80.

 

2. Focus : la courbe des taux inversée

Une « courbe des taux inversée » n'est pas la fin du monde

Chacune des 6 dernières récessions économiques a eu lieu après l'inversion (passage à négatif) de la courbe des taux américaine à 2-10 ans.  Les récessions ont tendance à être néfastes pour les actifs à risque sensibles à la conjoncture économique : les actions, le crédit high yield, l'immobilier et le private-equity. Une courbe des taux inversée n'est pas le catalyseur qui déclenche une récession, mais elle indique plutôt que les investisseurs obligataires s'inquiètent des perspectives de croissance à long terme de l'économie américaine. Toute inversion de la courbe des taux n'entraîne pas systématiquement une récession (par ex. 1994, 1998).

En moyenne, les marchés boursiers atteignent un point culminant 10 mois après l'inversion de la courbe des taux

Même si la courbe des taux américaine actuelle est inversée (c'est-à-dire que le rendement des obligations à 2 ans est supérieur à celui des obligations à 10 ans), cela ne garantit pas qu'une récession se profile à l'horizon. Nous recherchons une baisse de l'emploi cyclique comme confirmation d’une récession imminente. Même si elle est signalée, elle pourrait ne pas se produire avant 2 ans ou plus. Les marchés boursiers ont généralement progressé (de 12 % en moyenne) pendant environ 10 mois après une inversion de la courbe des taux. Privilégier les secteurs défensifs après une inversion comme par exemple le secteur de la santé.

 

3. Notre vision sur les actions asiatiques

Des potentiels catalyseurs nécessaires pour que le rallye chinois soit durable.

  • Après les récents engagements de Pékin en faveur de la stabilité du marché financier et de l’économie, le marché des actions chinoises a fortement rebondi après les cessions enregistrées récemment. Malgré cette reprise, les valorisations semblent toujours attractives et certains catalyseurs potentiels devront être surveillés pour garantir une reprise durable.
  • La politique « zéro COVID » de la Chine reste un obstacle pour l'économie. La hausse des cas en Chine a conduit à de nouveaux confinements. Toutefois, le confinement récent en deux phases instauré à Shanghai montre que les autorités sont désormais moins rigoureuses. Certains fabricants semblent également avoir continué de poursuivre leurs activités pendant le confinement. Cela pourrait contribuer à atténuer certains risques pesant sur les chaînes d'approvisionnement mondiales et sur l'objectif de croissance de 5,5% du PIB chinois.
  • Les entreprises technologiques chinoises et d'autres sociétés annoncent également d'importants rachats d'actions pour profiter des valorisations bon marché. Cela permet de limiter le risque baissier et témoigne de la confiance des dirigeants dans les perspectives à long terme de ces entreprises. Des discussions sont également en cours au sujet des règles d'audit transfrontalières pour éviter les radiations aux États-Unis, bien qu'une résolution soit encore « prématurée »”.
  • Les investisseurs attendent des mesures spécifiques pour stabiliser le marché immobilier. Nous nous attendons à une poursuite de l'assouplissement monétaire et l’amélioration de l’impulsion du crédit devrait avoir une incidence positive sur les actifs chinois. Nous continuons à préférer les actions A chinoises car elles bénéficieraient directement d’un assouplissement monétaire.

 

4. Allocation sectorielle

Nous sommes repassés à neutre sur les actions, la technologie et la consommation discrétionnaire américaines

Tant que l'on ne connaît pas toutes les conséquences du conflit en Ukraine, nous recommandons de rester relativement prudents et bien diversifiés. Les chiffres de l'inflation restent très élevés et les rendements obligataires augmentent. Les risques semblent toutefois bien mieux pris en compte aujourd'hui qu'au début du mois de février, d'où notre relèvement de la technologie américaine et de la consommation discrétionnaire américaine (de - à =).

  • Nous avons la preuve que les entreprises continuent à dépenser des sommes importantes pour leurs systèmes informatiques et, en raison de la guerre, elles pourraient devoir dépenser encore plus. La cybersécurité est un choix évident pour des dépenses supplémentaires.
  • La plupart des méga-entreprises technologiques sont devenues moins cycliques (revenus récurrents en hausse), regorgent de liquidités, affichent un bon pouvoir de fixation des prix et sont en mesure de racheter des actions. Les Big Tech versent même désormais de plus en plus de dividendes.
  • Les carnets de commandes sont pleins et de nombreuses entreprises traditionnelles n’ont pas encore mis à jour leurs systèmes informatiques, leur connectivité, leur cybersécurité, leurs systèmes de cloud, etc. La croissance à long terme semble assurée dans le secteur technologique.

En raison des incertitudes persistantes (Ukraine, crise énergétique, inflation élevée, resserrement des politiques monétaires, hausse des rendements obligataires, élections françaises), nous restons prudents mais pas pessimistes. En Occident, la croissance économique devrait encore prévaloir, les fondamentaux microéconomiques semblent solides et la plupart des restrictions liées à la COVID-19 sont en train d’être levées. Ces facteurs constituent des contrepoids. Mais il faut être sélectif.

  • Malgré la hausse des prix de l'énergie et la morosité entourant le conflit en Ukraine, un ralentissement significatif de la consommation aux États-Unis ne semble pas s'être produit jusqu'à présent. Les derniers chiffres de certaines grandes entreprises, dont Mastercard et Visa, confirment cette supposition. D'autres enquêtes montrent que de nombreux Américains prévoient encore d'acheter des articles coûteux.
  • Parallèlement, les investisseurs ont réduit leur exposition à la technologie et à la consommation discrétionnaire (au profit des matières premières, de l'énergie, des produits de base et de la santé). Bon nombre de portefeuilles étant, à l’heure actuelle, bien moins surpondérés sur ces deux secteurs, la capacité de reprise de ces secteurs n’est donc pas négligeable. Nous avons donc récemment relevé à Neutre les secteurs de la technologie et de la consommation discrétionnaire américaines (mais soyez sélectifs car de nombreux titres semblent toujours chers).

 

6. Positionnement recommandé du portefeuille

Restez couverts contre l'inflation

Cette année, nous avons fortement préconisé les couvertures de portefeuille contre l'inflation, dont les principaux bénéficiaires sont les suivants : les matières premières, en particulier les métaux et les mines (le pétrole marque une pause à l'heure actuelle), l'immobilier européen, mais également certains secteurs immobiliers américains et certaines financières (préférence désormais pour les assureurs et les valeurs financières diversifiées). Les révisions de bénéfices soutiennent également ces secteurs. Les sociétés disposant d'un pouvoir de fixation des prix ont également enregistré des performances bien supérieures.

En plus des bénéficiaires de l'inflation, privilégiez les secteurs défensifs

L'économie mondiale se ralentit et de nombreux investisseurs sont de plus en plus nerveux suite à l'aplatissement/l'inversion de la courbe des taux. Nous ne prévoyons pas de récession en 2022, mais nous pensons qu’il vaut mieux rester un peu plus défensifs à court terme. Notre secteur défensif préféré, la santé, a été le meilleur secteur en Europe depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. D'autres secteurs défensifs du marché, comme les stratégies à dividendes élevés, ont également surperformé.