Focus Actions mai 2023
solides résultats des entreprises au T1 2023

Points clés
1. Surprenante vigueur de l’économie mondiale : bien que plusieurs indicateurs laissent présager une récession, l'activité économique actuelle résiste bien. Les services témoignent d'une consommation robuste compte tenu de la forte croissance de l'emploi et des salaires. Une éventuelle récession pourrait être différée par ce rebond de la croissance.
2.Les indicateurs avancés suggèrent un tassement de l'inflation (les marchés actions ont tendance à bien se comporter pendant les périodes de désinflation) : les composantes des dernières enquêtes relatives aux prix indiquent une baisse des pressions inflationnistes, les tensions sur les marchés du travail commencent à s’apaiser et les prix de l'énergie diminuent. L'inflation pourrait baisser rapidement à partir de maintenant.
3. Les résultats des entreprises au premier trimestre sont très solides : le fort pouvoir de fixation des prix (« Pricing Power ») est une caractéristique essentielle des résultats trimestriels, surtout en Europe. Les résultats robustes confortent notre préférence régionale pour les actions européennes et britanniques. En Europe, les bénéfices du premier trimestre sont désormais en légère hausse (avec plus de 50 % des entreprises ayant publié leurs profits), alors que les prévisions tablaient sur une baisse de plus de 10 % en début de saison des annonces !
4.Pessimisme (trop?) important sur les Banques : une incertitude majeure demeure quant aux banques régionales américaines, évidente de par la fuite persistante des dépôts. Toutefois, les investisseurs pourraient avoir surestimé les risques immédiats pour le secteur bancaire américain et européen. Nous privilégions les financières européennes. Il convient de faire preuve d'une extrême sélectivité à l'égard des financières américaines.
Principales recommandations
Privilégier les valeurs de qualité. Dans l'ensemble, nous apprécions le secteur de la santé, certaines technologies (par exemple, la robotique, l'automatisation, certaines entreprises bénéficiant de l'IA). Les thèmes de l'électrification et des énergies propres peuvent également être joués via des industrielles et des sociétés (européennes) de services aux collectivités de premier plan.
Du côté des pays, le Japon, l'Europe, la Chine et les autres marchés émergents sont plus attractifs que les États-Unis (car les valorisations y sont plus élevées).
Faire preuve de prudence et de sélectivité dans les segments de marché chers tels que les biens de consommation de base, certaines grandes capitalisations technologiques américaines et certains biens de consommation cycliques : les derniers résultats montrent que le pouvoir de fixation des prix s'affaiblit aux États-Unis et que les bénéfices d'exploitation sont mis à rude épreuve par la hausse des coûts. Certains ratios cours/bénéfice très élevés sont désormais difficiles à justifier compte tenu des perspectives de BPA 2023.
Le principal risque est de voir la Réserve fédérale américaine ou la BCE relever leurs taux d'intérêt plus que prévu, ce qui entraînerait un ralentissement économique plus marqué, voire une récession.
Une forte correction du marché américain de l'immobilier résidentiel ou commercial pourrait peser sur la consommation, voire se traduire par des prêts non performants.
Perspectives des actions
L'effondrement de plusieurs banques en mars est relativement contenu
Les tensions financières s'atténuent : depuis début mars, l'indice de volatilité des obligations MOVE et l'indice de stress financier de la Fed de St Louis se sont tous les deux repliés, la panique provoquée par la faillite de trois banques régionales américaines s'étant considérablement atténuée.
Les résultats du T1 sont relativement positifs : la saison du T1 2023 bat son plein, les résultats des entreprises surprenant positivement, surtout en Europe. Les bons résultats de secteurs de « Qualité », tels que le luxe ont propulsé des indices actions européens, tels que le CAC 40 français, à un nouveau plus haut historique. L’indice allemand DAX (fort cyclique) est aussi en forte hausse .
La dynamique bénéficiaire se reprend en Europe et aux États-Unis grâce à cette saison de résultats relativement robustes, les entreprises européennes bénéficiant des révisions à la hausse les plus fortes.
Les taux d'intérêt à long terme restent favorables, le rendement de l'emprunt d'État allemand et américain à 10 ans ayant reculé de 10-15 points de base grâce au ralentissement de l'inflation .
Nous conservons notre opinion positive à l'égard de la classe d'actifs actions et continuons de privilégier le monde hors États-Unis.
Quels sont les indicateurs qui nous amèneraient à reconsidérer cette opinion positive ?
Le facteur le plus important est la liquidité mondiale : la masse monétaire mondiale (nous regardons l’agrégat M2) a fortement rebondi entre octobre 2022 et mars 2023 et s'est stabilisée en avril. Cela a soutenu le rebond des marchés actions jusqu'à présent, mais pourrait s'atténuer dans les semaines et les mois à venir en raison du débat sur le plafond de la dette aux États-Unis et de nouvelles réductions de la taille des bilans de la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne.
Ensuite, nous ne pouvons ignorer le fait que les actions sont souvent à la peine durant les mois d'été – cf. le dicton « Sell in May and Go away ». En fait, sur les 10 dernières années, cet effet saisonnier a plutôt commencé en juin, et s’est prolongé jusqu'au début du mois d'octobre.
Opinion à l'égard des actions asiatiques
Chine : Valorisations attractives après les corrections
. L'économie chinoise reprend des couleurs, avec un PIB en hausse de 4,5 % au premier trimestre 2023 en glissement annuel. C'est plus élevé que prévu, la consommation affichant le rebond le plus marqué après la fin de la politique « zéro COVID ». Les ventes au détail ont bondi de 10,6 % en mars comparé à la même période en 2022, leur niveau de croissance le plus élevé depuis juin 2021. L‘indice de liquidité chinois « Total Social Financing » a également été meilleur que prévu. Le gouvernement se concentre désormais sur un objectif de croissance du PIB de 5 % pour 2023, et il est donc probable que de nouvelles mesures politiques soient annoncées, tels qu’une relance ciblée sur les secteurs de l'immobilier et de la consommation, ainsi que l'assouplissement des révisions réglementaires dans le secteur technologique.
•Les actions chinoises ont à nouveau reculé en mars, sous l'effet des tensions géopolitiques et de prises de bénéfices supplémentaires après le rallye du début de l'année. Nous demeurons Positif à l'égard de la Chine dans la mesure où le repli des cours offre des points d’entrée attractifs. La politique monétaire devrait rester accommodante, même si la reprise économique progressive incite à un biais prudent. De plus, le marché domestique des actions A pourrait être plus épargné des turbulences bancaires à court terme. Une fois la situation normalisée, les marchés chinois (onshore et offshore) devraient surperformer.
•Nous continuons également d'apprécier Singapour, un positionnement défensif vu son rendement. Les chiffres de l'inflation se sont révélés légèrement meilleurs que prévu, tandis que l'Agence Monétaire de Singapour (« MAS ») n'a pas resserré la bande de fluctuation de la devise comme le prévoyait le marché, entraînant un léger affaiblissement du dollar de Singapour.
Tendances bénéficiaires au 1er trimestre 2023
Bonne saison des résultats du T1 2023 aux États-Unis
Les investisseurs craignaient de voir les résultats des entreprises américaines décevoir en 2023 en raison du ralentissement économique, amplifié par la crise bancaire régionale aux États-Unis. De nombreuses entreprises avaient diminué leurs prévisions de bénéfices pour le T1 2023, à -6,8 % en moyenne en glissement annuel, après un recul de 3 % au trimestre précédent.
Nous n'étions pas si pessimistes, d'autant plus que les statistiques avaient montré une économie américaine fort solide au premier trimestre de cette année, même si nous nous attendions néanmoins à une baisse de ses bénéfices. 80% des entreprises du S&P 500 ont publié leurs résultats et ceux-ci ont été supérieurs aux attentes dans près de 80% des cas, dépassant les prévisions de plus de 6% en moyenne. Avec des bénéfices en légère baisse et des ventes en hausse, ces résultats montrent cependant que les marges d'exploitation restent sous pression.
Certains leaders, tels que JP Morgan et Microsoft (des entreprises de « qualité »), ont largement dépassé les attentes.
Les entreprises ont annoncé des résultats meilleurs que prévu dans presque tous les secteurs.
L'Europe surperforme les autres régions
Plus de la moitié des entreprises de l'indice Stoxx 600 ont publié leurs résultats et une majorité a battu les prévisions de chiffre d'affaires et de bénéfices. Certaines maisons d’investissement tablent désormais sur une augmentation des bénéfices au T1 (-12 % étaient prévus en glissement annuel avant la saison des annonces de résultats). Toutefois, certaines prévisions prudentes ont déçu les investisseurs dans quelques secteurs, notamment dans celui des semi-conducteurs, des services de communication, des matières premières et de l'immobilier. En revanche, les résultats ont été solides du côté des banques européennes (qui se négocient à un PER moyen bon marché de 6), des biens de consommation cycliques (cf. thème du luxe et du pouvoir de fixation des prix) ainsi que des valeurs industrielles, notamment certaines sociétés liées à des thèmes que nous apprécions, tels que l'automatisation, la transition énergétique et l'électrification.
En général, une plus grande proportion d'entreprises européennes voient leurs bénéfices augmenter par rapport au reste du monde. L'Europe devrait continuer à surperformer. Les marges d'exploitation sont une surprise clef et une grosse différence avec les États-Unis car celles-ci se sont en fait AMELIOREES en Europe, alors qu'elles restent sous pression aux États-Unis.
Allocation sectorielle : pas de changement ce mois-ci
Même si nous ne sommes pas vraiment pessimistes sur le cycle économique, il vaut mieux maintenir le biais qualité
La crise bancaire régionale aux États-Unis pèse sur les cycliques. En raison des incertitudes économiques persistantes (surtout la récession attendue aux États-Unis en fin d'année et la reprise industrielle molle en Chine), nous préférons rester assez défensifs. Les actions de qualité restent bien orientées, d’autant que beaucoup de sociétés ont annoncé d’excellents résultats dans ce segment.
- Pour rappel, le secteur qui, selon nous, présente le potentiel le plus important dans ce contexte est celui de la santé. En effet, il contient de nombreuses valeurs de qualité, délaissées en début d'année lorsque l'appétit pour le risque était élevé. Les soins de santé devraient également fortement bénéficier de l'IA.
- Les investisseurs prudents peuvent se diversifier vers d'autres valeurs relativement sûres et à dividende croissant, comme l'assurance, les services aux collectivités voire même des chimiques de croissance et/ou bénéficiaires de la transition écologique).
- Certaines industries continuent d'afficher un fort pouvoir de fixation des prix, comme le luxe, tandis que d'autres subissent des pressions sur leurs marges. Les biens de consommation de base restent vulnérables malgré des résultats meilleurs que prévu au T1 2023.
Certains indicateurs économiques récents sont ressortis supérieurs aux attentes. Dès lors, il vaut mieux conserver une bonne exposition aux valeurs cycliques (excessivement) bon marché. Il est préférable de rester très diversifié à l'heure actuelle. En outre, certains secteurs traditionnellement assez cycliques montrent des caractéristiques de valeurs de qualité. Par exemple, les biens de luxe (consommation discrétionnaire) bénéficient de la réouverture des économies.
- Les géants technologiques ont bénéficié d'une « fuite vers la qualité", mais elles sont chères, raison pour laquelle il faut y faire preuve de prudence et de sélectivité. Il y a beaucoup d’enthousiasme autour de l’IA mais beaucoup de « pure plays » sont déjà très chers. Essayez d'identifier et de miser sur les entreprises qui devraient bénéficier de gains de productivité et évitez les sociétés qui souffriront de l'IA.
- La reprise chinoise a entraîné un regain de demande pour tout sorte de matériaux (matières premières, chimie, matériaux de construction, acier et autres métaux). C'est pourquoi nous apprécions le secteur des matériaux (+), même si la reprise industrielle chinoise semble encore lente. La Chine reste le premier consommateur mondial de matériaux et les stocks sont globalement faibles.
- L'immobilier européen est bon marché mais continue à souffrir d’incertitudes concernant son refinancement, sa croissance et ses dividendes.