#Articles — 13.05.2022

Focus Actions Mai 2022

Edmund Shing Global Chief Investment Officer, Alain Gerard, Senior Investment Advisor, Equities

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Résumé

  1. Neutre globalement : Nous restons globalement neutres sur les Actions en tant que classe d'actifs (y compris l’Europe, les marchés émergents), car nous attendons potentiellement une nouvelle réduction des incertitudes (inflation, hausse des rendements obligataires, politiques monétaires, guerre en Ukraine, crise énergétique, nouvelle vague de COVID en Chine).
  2. En avril – début mai, la hausse des rendements et une nouvelle vague de COVID-19 en Chine (« politique de tolérance zéro ») ont provoqué une nouvelle correction des marchés actions mondiaux.
  3. Les marchés actions font preuve d'un pessimisme extrême, et tablent presque sur une stagflation alors que nous pensons que la croissance mondiale prévaudra, l'inflation étant à son sommet.
  4. Les bénéfices des entreprises à la rescousse ? Le resserrement monétaire rapide est négatif pour les actions (surtout pour le style croissance). Toutefois, les économies occidentales, les flux de trésorerie des entreprises et les bénéfices continuent tous de faire preuve d'une forte résilience. Aux États-Unis, pour le T1 2022, les bénéfices des entreprises ont dépassé les attentes dans 80% des cas.

Principales recommandations

Acheter sur repli les marchés actions exposés aux matières premières, affichant une croissance rapide des BPA, combinée à une baisse de la valorisation et à un rendement élevé du dividende : Royaume-Uni, Amérique latine, Canada, Australie.

Les couvertures d'inflation, le ‘pricing power’ et les stratégies dividendes élevés sont privilégiés : Jusqu’ ici, les principales ‘blue chips’ semblent capables de répercuter l'augmentation des coûts vers les clients finaux et même parfois d'augmenter leurs marges bénéficiaires. Attention toutefois aux entreprises qui n’y parviennent pas!

Thème de l'économie circulaire en évidence : Les prix très élevés de l'énergie et des matières premières soulignent la nécessité d'optimiser notre utilisation des ressources naturelles = l'axe du modèle d'économie circulaire.

Le secteur de l'énergie passe en positif car les prix du pétrole resteront élevés, surtout maintenant que l'Europe élimine progressivement ses importations de pétrole en provenance de Russie.

Risque principal : Resserrement trop dur de la Fed américaine dans une économie en ralentissement ? Un taux Fed de 3% est intégré dans le marché pour 2023. Nous avons des doutes. Nous pensons que la Fed devrait adoucir son discours dans les prochains mois. Sinon, récession dans 12-18 mois ?

 

1. Notre vision actions mondiales

La valeur moyenne du S&P 500 ou émergente résiste

Si au lieu de regarder les indices boursiers globaux, nous regardions des versions équipondérées de ces indices, nous aurions une image un peu différente. L’action moyenne du S&P 500 ou émergente a perdu environ 6 % depuis novembre 2021.

Même l'indice Nasdaq 100 équipondéré montre des signes potentiels de stabilisation.

Le début d'une grande rotation de la Tech vers les Matières Premières ?

Les principaux titres technologiques américains et chinois ont continué de tirer les bourses vers le bas, tandis que les marchés plus chargés en matières premières et en dividendes, comme le Royaume-Uni, le Brésil ou le Canada ont bien résisté au cours des derniers mois. Après l'énorme surperformance de la technologie depuis 2011, nous pourrions bien assister aux premiers signes d’un retour vers les producteurs de matières premières.

2. Focus : Facteurs macroéconomiques défavorables aux actions

Les rendements réels plus élevés poussent les valorisations des actions à la baisse

Des deux moteurs de long terme déterminant les cours des actions, les valorisations ont le plus bougé, en l'occurrence vers le bas, car les taux d'intérêt réels à long terme ont continué de monter. Tant que les marchés financiers resteront peu convaincus par la politique de taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine, les conditions financières continueront de se resserrer, entraînant une baisse à la fois des valorisations des actions et des cours.

Ralentissement des bénéfices signalé par les enquêtes PMI

Le deuxième moteur des actions est la croissance des bénéfices. Alors que les résultats du T1 restent solides, les enquêtes PMI manufacturières aux États-Unis et en zone euro (ainsi que les enquêtes de confiance des consommateurs) indiquent un chemin dorénavant plus tortueux pour la rentabilité des entreprises. Les principaux problèmes sont la hausse des coûts et des salaires, qui va inévitablement peser sur les marges bénéficiaires, tandis que la baisse de la demande des consommateurs suggère une baisse des ventes à venir.

3. Le secteur de l'énergie passe à positif

L'Europe va arrêter toutes les importations de pétrole russe

L'Union européenne prévoit d'interdire toutes les importations de pétrole en provenance de Russie d'ici la fin de cette année (même si quelques plus petits pays de l'UE n'auront probablement pas à respecter ce délai car trop dépendants du pétrole russe). Cela soutiendra les prix du pétrole sur les marchés internationaux et encouragera de nouveaux projets. Cela va aussi accélérer la transition vers les énergies renouvelables. Les majors pétrolières européennes ont déjà bien investi dans ce type de nouvelles capacités, tandis que les compagnies pétrolières américaines profitent de leur exposition au pétrole et gaz de schiste. Les nouveaux projets profiteront ausi aux prestataires de services pétroliers en général. De plus, l'ensemble du secteur bénéficie désormais de marges de raffinage extrêmement élevées, maintenant à des niveaux jamais atteints auparavant.

Le secteur de l'énergie est particulièrement bon marché, surtout en Europe

Dans l'ensemble, les compagnies pétrolières ont publié d’excellents résultats et prévisions pour le T1 2022. Elles génèrent désormais d'énormes flux de trésorerie (BNPP Exane estime que les majors pétrolières se négocient à un rendement des FCF de 17 % en moyenne. C'est très élevé ! Et ratios C/B sont à peine aux environs de 6). Les majors pétrolières se sont désendettées et font preuve de discipline dans leurs nouveaux investissements. Elles restitueront d'importantes liquidités aux actionnaires en augmentant les dividendes et les rachats d'actions propres. Malgré tout, ce secteur - alors qu'en bien meilleure santé qu'il ne l'a été depuis longtemps - se traite moins cher que ses récents sommets de 2018, lorsque les prix du pétrole brut étaient beaucoup plus bas (environ 70 $ en 2018) contre plus de 100 $ aujourd'hui. Le momentum est très forte et nous rehaussons l’ensemble du secteur à Positif.

4. Résultats du T1 2022 et prévisions du consensus

Bons jusqu'à présent

Les résultats du T1 2022 ont été assez bons jusqu'à présent : Aux États-Unis, les entreprises ont publié des bénéfices supérieurs aux attentes d’environ 4,5% en moyenne. En ce qui concerne les financières, les bénéfices sont inférieurs à ceux de l'année dernière en raison de facteurs exceptionnels tels que des revenus de trading très élevés et d'énormes baisses des provisions pour créances douteuses en 2021. C’était attendu. Tous les secteurs affichent des surprises positives de bénéfices sauf la consommation durbable (lourde perte d’investissement chez Amazon). En Europe, les résultats sont bons également.

Les prévisions semblent ok & les marges tiennent

Les guidances fournies par les entreprises sont également plutôt positives jusqu'à présent. Les marges bénéficiaires résistent bien de part et d'autre de l'Atlantique. Bien sûr, il y a eu des déceptions, fortement sanctionnées par le marché (par ex : Amazon, Netflix ou General Electric). Ce sont surtout les actions liées aux matières premières qui semblent solides en ce moment. Nous privilégions donc les sociétés relativement bon marché et solides avec un bon positionnement de marché/ un pouvoir de fixation des prix et peu de perturbations liées aux problèmes de chaînes d'approvisionnement.

5. Revue des actions asiatiques

Chine : Nous attendons plus de mesures de relance

  • Alors que Shanghai est encore en grande partie dans un confinement prolongé, l'expansion des tests en masse à Pékin fait craindre un nouveau confinement de style Shanghai dans la capitale chinoise et a fortement pesé sur les actifs chinois en avril.
  • Les efforts déployés pour enrayer la propagation d'Omicron en Chine ont suscité l'inquiétude quant aux effets négatifs sur la croissance économique et les chaînes d'approvisionnement. La confiance des investisseurs a également été ébranlée par les objectifs apparemment contradictoires du gouvernement consistant à poursuivre une politique de lutte contre la COVID (‘tolérance 0’), à maintenir la croissance économique à 5,5 % tout en n'ayant pas recours à des mesures de relance à grande échelle. 
  • Le marché chinois devrait rester volatil jusqu'à ce que l’on observe des signes plus convaincants de pic des infections à Omicron, des mesures de relance plus décisives ou la preuve d'un suivi des promesses politiques antérieures. 
  • Les marchés d'Asie du Sud-Est, comme Singapour et l'Indonésie, ont surperformé la région depuis le début de l'année, grâce à la réouverture des économies. Singapour est également bien positionnée pour jouer les dividendes en ces temps d'incertitude accrue vu les conflits Ukraine/Russie, le resserrement de la Fed et les lockdowns en Chine. 

6. Allocation sectorielle

En ces temps incertains, nous privilégions les secteurs défensifs mais restons couverts contre une inflation élevée.

Le secteur de l'énergie passe à positif après la récente consolidation.

En raison des incertitudes persistantes, nous recommandons de rester prudent et bien diversifié. Les chiffres d'inflation restent très élevés, les rendements obligataires remontent et on ne sait pas très bien à quel niveau/ quand les banques centrales cesseront de resserrer. Toutefois, les risques semblent bien mieux intégrés dans le cours aujourd'hui par rapport au début de cette année.

  • L'économie mondiale ralentit et de nombreux investisseurs sont nerveux au vu de l'aplatissement/ inversion de la courbe des rendements. Et maintenant, la Chine ralentit également. Nous ne prévoyons pas de récession en 2022, mais nous pensons qu'il faut rester un peu plus défensif à court terme. Notre secteur défensif préféré, la santé, a été le meilleur secteur en Europe depuis que la Russie a commencé à envahir l'Ukraine : +10 % (24/02 jusqu'au 25/04) contre +1,4 % pour le Stoxx Europe.
  • D'autres segments défensifs, comme les stratégies à dividendes élevés, ont également surperformé.
  • Les secteurs les moins performants depuis le 24/2 sont la distribution, l'automobile, les banques, les voyages & loisirs, etc.

La sécurité énergétique est devenue un enjeu majeur en Europe, souvent critiquée de « financer la guerre en Ukraine ». L'Europe recherche des alternatives au pétrole et au gaz russe. C'est un autre facteur de soutien pour les compagnies pétrolières et gazières occidentales. Le secteur est très bon marché, il a publié d’excellents résultats, et génère d'énormes cash flows, ce qui permet de nouveaux investissements, des dividendes élevés et des rachats d'actions. Le secteur de l’Énergie est relevé à Positif.

  • Cette année, nous avons fortement préconisé des couvertures de portefeuille contre l'inflation, avec comme principaux bénéficiaires : les matières premières, l’immobilier européen, mais aussi certaines actions immobilières américaines et certaines financières (préférence en ce moment pour les assureurs et les financières diversifiées).
  • De nombreuses révisions beneficiaires soutiennent également ces secteurs.
  • Les entreprises dotées d'un pouvoir de fixation des prix ont également enregistré une bien meilleure performance et devraient prendre une place importante dans tout portefeuille.
  • A court terme, nous sommes prudents sur les secteurs exposés à la Chine (industrielles, matériaux, certains cons. discrétionnaires) vu le ralentissement économique là-bas et les soucis dans les chaînes d’approvisionnement.