Focus Actions Septembre 2022

Les actions en un coup d'œil
Points clefs
- Les conditions financières se sont un peu assouplies, mais doivent se desserrer davantage pour amener à un nouveau marché haussier des actifs risqués.
Il est encore trop tôt, l'inflation est encore trop élevée et les signes préliminaires de pic de l'inflation doivent encore se confirmer. C'est la clé de l'orientation à court terme des marchés financiers. - 3 facteurs clés liés : Inflation américaine plus faible, Réserve fédérale américaine moins agressive, dollar américain plus faible. Nous pensons qu'il y a de bonnes chances que nous ayons vu les plus hauts du dollar américain, car les rendements obligataires américains semblent avoir atteint un pic. De nombreuses composantes de l'inflation devraient s'estomper dans les mois à venir (logement, pétrole, prix des biens), et une croissance plus faible pourrait également refroidir la demande de salaires.
- Attendez les signaux de confirmation. Nous pourrions être au début d'un nouveau marché haussier des actions, ou encore dans un marché baissier après un rebond technique. Surveillez l'inflation, le dollar US, les rendements réels pour des indications de quel scénario est le plus probable.
Principales recommandations
Producteurs d'énergie
Pétrole & Gaz, Métaux & Mines nécessaires à la transition énergétique
Royaume-Uni, Japon, Rachats d'actions + Actions à dividendes élevés
Royaume-Uni : Exposition à l'énergie, bon marché avec un effet de change bénéfique, rendements élevés, croissance plus forte.
Parmi les actions défensives/ dividendes élevés, nous apprécions les Soins de santé: Bon marché par rapport à d'autres secteurs défensifs & en tenant compte de la croissance attendue.
L’Infrastructure : Une classe d'actifs attractive qui se tient bien en 2022. Elle délivre une croissance stable des revenus et bénéficie d'une forte demande institutionnelle pour les actifs réels.
Principaux risques : La crise énergétique en Europe et la potentielle spirale inflationniste des salaires aux États-Unis pourraient conduire les principales banques centrales à trop resserrer. La vigueur du dollar pourrait conduire la BCE à être encore plus restrictive. Les prix des actifs réels pourraient par conséquent se dégonfler et l'effet de richesse négatif peser sur la consommation.
1. Dans l’attente d'une inflexion claire de l'inflation américaine
LES CONDITIONS FINANCIERES SE SONT UN PEU ASSOUPLIES
Les conditions financières aux États-Unis et en Europe se sont un peu assouplies du fait de la baisse de la volatilité et des spreads de crédit. Mais la hausse des taux d'intérêt des banques centrales et le début de la réduction du bilan de la Réserve fédérale empêchent un assouplissement beaucoup plus marqué des conditions financières. La baisse des taux d'inflation aux États-Unis et une communication moins agressive de la Réserve fédérale quant aux futures hausses de taux d'intérêt sont encore nécessaires pour assouplir davantage les conditions financières et conduire à un rebond des actifs risqués.
LES RENDEMENTS OBLIGATAIRES REELS ONT AUSSI UN PEU BAISSE
Les valorisations boursières se sont quelque peu redressées grâce au modeste retracement des rendements réels américains et européens à long terme. Mais une baisse durable du rendement réel américain à 10 ans est nécessaire pour soutenir à l'avenir les niveaux de valorisation qui sont dans la moyenne, voire supérieurs à la moyenne.
2. Retournement du sentiment des consommateurs ?
LE SENTIMENT DES CONSOMMATEURS EST AU PLUS BAS : ACHAT A CONTRE-COURANT
Chaque fois que le sentiment des consommateurs américains s’est écroulé à des planchers pour ensuite rebondir, les valeurs américaines ont par la suite enregistré de solides performances au cours des 12 mois suivants. C'est donc un bon indicateur contrariant, délivrant des performances à deux chiffres sur 12 mois, à chacune des 6 observations de cette situation depuis les années 1970. C'est un bon rappel que certaines des meilleures opportunités d'achat se présentent lorsque tout le monde est déjà très pessimiste.
LES ACHATS D'INITIES LAISSENT PENSER QUE LES MANAGEMENTS ONT CONFIANCE
Les chefs d’entreprises américaines ont été des gros acheteurs de leurs propres actions ces dernières semaines. Cela suggère qu'ils sont confiants dans les perspectives futures de leurs propres entreprises. Traditionnellement, comme ils ont tendance à mieux connaître les conditions pour leurs propres entreprises en tant qu'initiés, cela tend à donner un bon signal d'achat pour les investisseurs de long terme.
3. Conditions pour devenir plus positif sur les actions
L’INFLATION DOIT ATTEINDRE UN PIC ; LES INDICATEURS DE SENTIMENT DOIVENT DESSINER UN PLANCHER
L'inflation (et donc la hausse des taux d'intérêt et des rendements obligataires) a été le principal responsable de la mauvaise performance des marchés actions cette année. Elle pèse à la fois sur les consommateurs (cf. graphique du sentiment des consommateurs en page 5) et sur la confiance des entreprises, comme illustré ci-dessous dans l'indice des directeurs des achats du secteur manufacturier. Les indices PMI pourraient remonter bientôt car de nombreux coûts sont en baisse (matières premières, énergie, fret, etc). Les goulets d'étranglement des chaînes d'approvisionnement disparaissent. Nous pensons également que le pire est derrière nous en ce qui concerne l’inflation et la hausse des rendements obligataires. La hausse des salaires est un souci à surveiller aux États-Unis alors que les prix de l'énergie sont une réelle préoccupation en Europe, bien qu'en baisse actuellement.
LA SAISONNALITE DEVIENT PLUS FAVORABLE
Mai à septembre sont connus pour être les mois les moins favorables de l'année pour les actions, enregistrant généralement peu de progrès pendant cette période. A partir d'octobre, les choses vont beaucoup mieux (cf. graphique ci-dessous). Par ailleurs, d'autres études montrent qu'au cours des années électorales de mi-mandat aux Etats-Unis, les actions américaines progressent très peu au cours des 12 mois précédents, mais gagnent +15% en moyenne au cours des 12 mois suivants. Bien entendu, « les performances passées ne préjugent pas des performances futures », mais on oberve tout de même que la confiance tend à s'améliorer en fin d'année; les flux acheteurs augmentent alors. Mais avant cela, le mois de septembre est réputé comem étant très volatil pour les actions.
4. Opinion Actions asiatiques
LES DONNEES ECONOMIQUES CHINOISES CHERCHENT A REBONDIR SUITE AU SOUTIEN BUDGETAIRE ET MONETAIRE
• Le gouvernement chinois a annoncé une relance budgétaire d’ 1 billion de yuans pour aider à relancer l'économie fragile, qui a été durement touchée par les lockdowns récurrents liés à la COVID, par la baisse de la demande intérieure, par un ralentissement du secteur immobilier et par la crise énergétique en cours. La People's Bank of China (PBoC) a également baissé ses taux, aussi bien le MLF que le LPR. Avec le soutien budgétaire et monétaire, il est plus probable que l'atonie des statistiques économiques surprenne à la hausse.
• La clé du rythme de la reprise économique en Chine dépend du changement de politique en matière de COVID, et nous constatons un assouplissement progressif des restrictions liées à la COVID. Nous privilégions les actions chinoises A-domestiques après les récentes corrections. Les actions chinoises A ont également tendance à être moins impactées par la volatilité du marché actions mondial et sont davantage tirées par le marché domestique. Le sentiment des investisseurs onshore s'est également stabilisé, et nous nous attendons également à davantage de certitudes politiques après le 20e Congrès du Parti. Le front réglementaire a également été encourageant avec le récent accord d'audit conclu entre les États-Unis et la Chine, ce qui constitue une avancée majeure pour atténuer le risque de radiation aux US des ADR chinois.
• Les actions asiatiques ont surperformé les autres régions après le reflux du sentiment mondial baissier du mois dernier. La région continue de rouvrir, la COVID devenant endémique dans de plus en plus de pays. La politique monétaire s'est également resserrée plus rapidement que prévu, en tandem avec les Etats-Unis, afin de contrer l'inflation mondiale. Néanmoins, le risque macroéconomique reste élevé car la région est plus sensible aux événements macroéconomiques mondiaux. Nous continuons de recommander les valeurs défensives et restons surpondérés sur Singapour en raison de dividendes qui y sont souvent élevés.
5. Allocation sectorielle (pas de changement)
LA VISIBILITE RESTE FAIBLE
L'inflation semble presque sous contrôle aux États-Unis mais reste beaucoup trop élevée. En outre, la Réserve fédérale américaine a clairement indiqué que la politique monétaire américaine devrait rester restrictive jusqu'en 2024. En Europe, l'inflation continue de monter. Dès lors, les rendements obligataires se sont à nouveau tendus en août et les marchés actions restent nerveux même s'ils pensent que l'inflation va baisser dans les prochains mois.
La confiance des consommateurs et des entrepreneurs s'est affaiblie en 2022 (inflation, guerre en Ukraine, problèmes liés aux chaînes d'approvisionnement, etc.). Aux États-Unis, la baisse des prix du pétrole et l'amélioration des chaînes d'approvisionnement ont récemment engendré des meilleures statistiques de confiance. Les États-Unis seraient ainsi en légère croissance au T3.
En Europe, les prix élevés du gaz (et des autres énergies) nuit aux autres dépenses. La probabilité qu'une petite récession européenne se produise au S2 2022 augmente.
Les matières premières et les secteurs défensifs ont affiché jusqu'à présent les meilleures performances en 2022. Il pourrait encore falloir du temps pour que le cycle se réaccélère et que les autres valeurs cycliques se redressent.
Nous recommandons de conserver de bonnes positions dans des secteurs qui se comportent bien dans un contexte inflationniste, comme l'énergie, certains métaux & minières (préférence pour ceux/ celles impliqués dans la transition énergétique) et les financières, également de manière sélective. Les révisions/ attentes bénéficiaires favorisent en ce moment ces secteurs décotés, ce qui les rend encore moins chers.
Les REITs européens se traitent également à des cours fort avantageux (les décotes par rapport aux VNI et les rendements des dividendes se situent à des plus hauts sur plusieurs années), après un effondrement cette année, en raison de la forte hausse des rendements obligataires.
Nous recommandons de conserver une bonne partie de tout portefeuille d'actions investi dans des sociétés dotées d'un pouvoir de fixation des prix et/ou qui restituent des liquidités abondantes à leurs actionnaires. Parmi les défensives, les soins de santé sont un secteur attrayant et bon marché.
Par contre, les secteurs cycliques plus corrélés à l'économie mondiale et aux problèmes de chaînes d'approvisionnement (industrielles, consommation discrétionnaire et matériaux) ne devraient pas se redresser à court terme. Soyez très sélectifs dans ce domaine.
6. Idées d'investissement
LES BANQUES (EUROPEENNES) SONT A NOUVEAU ATTRACTIVES ; NOUS POURRIONS BIENTOT PASSER A POSITIF
Il est trop tôt pour revenir agressivement vers les secteurs cycliques dans un contexte de ralentissement économique mondial et d'incertitudes majeures. Toutefois, le ton agressif de la BCE et sa décision de relever ses taux de 0,75 % le 8 septembre, accompagnés d'un discours mentionnant que l'Europe ralentit mais ne devrait pas faire face à une récession majeure, ont quelque peu rassuré. Ce soutien à l'euro est positif pour les secteurs plus domestiques, en particulier les banques européennes, décotées. Parmi les cycliques, nous préférons les banques aux industrielles ou aux matériaux de base, car ces derniers sont toujours confrontés à des problèmes de chaînes d'approvisionnement et sont plus dépendants de l'économie mondiale.
INFRASTRUCTURE
Le vieillissement des infrastructures en Occident, l'inflation élevée due aux goulets d'étranglement de la production, les problèmes de chaînes d'approvisionnement, la crise énergétique et le ralentissement économique relancent le thème des infrastructures. Aux Etats-Unis, un gros soutien est venu du « Inflation Reduction Act » qui devrait précisément apporter des solutions aux questions évoquées ci-dessus. Des plans similaires sont élaborés et votés en Europe et dans d'autres régions du monde. Les technologies, les télécoms, les transports et l'indépendance énergétique (via les énergies renouvelables/ propres, une bonne solution pour de nombreux pays) sont très stratégiques de nos jours et devraient rester soutenus dans les années à venir.