COVID-19 : MISE A JOUR DU 14 AVRIL
Les bourses ont connu en un peu plus d’un mois un déclin de 32% entre leurs points hauts de mi-février et leurs points bas des 23 ou 24 mars selon les cas.

Depuis cette date, les marchés actions ont rebondi de plus de 20%, 25% aux Etats-Unis, 20% en Europe sous l’impact de plusieurs éléments positifs. Quelle est la situation après le long week-end de Pâques ?
1) La pandémie de Covid-19 évolue en ligne avec les attentes. En Asie, le nombre de nouveaux cas reste faible. Les craintes se focalisent sur le risque de seconde vague que les autorités surveillent de très près. Pour l’instant, la majorité des nouveaux cas est importée. En Europe, la situation demeure préoccupante, les nouvelles infections et les décès sont arrivés sur un plateau - élevé - et leur nombre commence à diminuer lentement. Le pic de l’épidémie semble atteint, mais la décrue est lente et doit être confirmée. Dans les pays européens, y compris ceux durement touchés, les périodes de confinement ont été allongées ; mais, et c’est nouveau, les autorités commencent à parler des scénarios de sortie pour remettre les économies en marche dès que la crise sanitaire sera maitrisée. Aux Etats-Unis, il semblerait que depuis quelques jours, un plateau sur le nombre de cas et de décès commence à se former dans les Etats les plus touchés, notamment New York. Cette évolution positive et un peu plus rapide que prévue doit être confirmée.
2) Jeudi 9 avril, la Fed a annoncé une nouvelle salve de mesures portant sur 2,3 trillions de USD, une nouvelle fois un montant énorme. Il s’agit de soutenir les petites entreprises (Main Street, et pas seulement Wall Street) et les municipalités via des prêts avec des contraintes de collatéraux allégées. La Fed interviendra aussi sur le marché du crédit, notamment sur le segment du High Yield ce qui est nouveau. Elle pourra acheter directement des titres émis par les Etats pour aider leurs dépenses sanitaires.
3) Durant le week-end, les gouvernements de la zone euro ont trouvé un compromis pour financer 500 milliards d’euros de dettes publiques via les institutions existantes (MES, Mécanisme européen de stabilité et Banque européenne d’investissement), sans Eurobonds donc, c'est-à-dire sans mutualisation complète des risques. Les conditions d’octroi des prêts par le MES seront moins dures que dans le passé à la demande des pays du sud.
4) Un accord de réduction de la production de pétrole entre l’OPEP élargie et la Russie a été accepté ; il porte sur 9,7millions de baril/ jour, auquel il faut ajouter la réduction de production aux Etats-Unis, Canada et Brésil. Dans ces trois pays, les Etats ne s’engagent pas, mais les entreprises privées y diminuent leurs investissements et la réduction de production sera mécanique. Les marchés pétroliers ont bien réagi à cet accord, les prix ont remonté, malgré une situation à court terme incertaine à cause du manque de capacité de stockage. Nous maintenons notre hypothèse d’un retour progressif vers 45/55 $ le baril durant le second semestre grâce au rebond de la demande de pétrole, rebond lui-même lié à notre scénario de retour de la croissance de l’économie mondiale.
5) Quelques données économiques publiées en Chine vont dans le bon sens aujourd’hui ; le retour à un excédent de la balance commerciale, après un déficit en janvier et février, et la reprise de la croissance des crédits distribués montrent que l’activité économique est sur la voie de la normalisation. Le schéma du retour à la normale en Chine doit être surveillé de près car il servira d’exemple pour les autres pays au moment du déconfinement.
Faut-il conclure que le point bas des marchés a été touché pour ce cycle boursier ? Habituellement, les bas de « bear market » se font en deux temps ; une première baisse, suivie d’un rebond, puis d’un nouveau point bas. L’ajustement se faisait dans le passé en plusieurs semaines, voire mois. Dans la « bear market » actuel, plusieurs choses sont inédites : a) la brièveté de la baisse, un peu plus d’un mois b) la cause de la baisse, une pandémie qui induit un confinement de la moitié de la population mondiale et une récession profonde. Certains commentateurs emploient l’expression une « récession par décret » c) la réponse massive en termes de politiques économiques, tous les gouvernements et banques centrales appliquent le « quoi qu’il en coûte ».
Donc, peut être que ce « bear market » est déjà terminé, sans un double point bas ? Nous craignons que non, car la situation sanitaire est encore incertaine notamment aux Etats-Unis, car les entreprises vont commencer à publier leurs résultats du premier trimestre, et leurs « guidances » risquent d’être très négatives, car les révisions en baisse sur la croissance économique et des bénéfices sont loin d’être finies. Des opportunités pour accumuler n’ont pas fini de se présenter dans une optique d’investissement de moyen long terme, mais le court terme reste incertain.