COVID-19 : MISE A JOUR DU 27 MARS
Ce matin du 27 mars voit l’arrêt d’une série de 3 journées consécutives de hausse sur les marchés financiers. Au moment de la rédaction, les bourses européennes baissent de 2,5% et les futures américains sont en repli de 1,8%.

Tous les indicateurs de risques se sont fortement améliorés ces trois derniers jours, mais ils restent à des niveaux élevés. Par exemple, la volatilité sur les bourses américaine et européenne demeurent au dessus de 50, alors que leurs niveaux de février 2020 évoluaient entre 10 et 18. C’est dire que la situation des marchés reste tendue, mais moins qu’au moment où ces niveaux de volatilité dépassaient les 80, il y a 10 jours !
Le rebond des marchés tient avant tout à l’anticipation que les politiques de relance massive mises en place partout dans le monde pour contrebalancer la récession en cours seront efficaces. Depuis quelques jours, des détails émergent petit à petit sur l’engagement des autorités : tout sera fait « quoi qu’il en coute » sur les plans de la politique monétaire et budgétaire. Ce qui permet d’anticiper un rebond de la croissance au second semestre 2020 qui se poursuivrait en 2021.
Ainsi aux Etats-Unis, le plan de 2 trillions de $ a été voté au Congrès après des négociations entre Républicains et Démocrates. La signature de M. Trump devrait bientôt suivre. La Fed a explicité via une rare intervention télévisée de son président M.Powell qu’elle n’est pas à cours de munitions et que les outils utilisés en 2008/2009 verront leur application élargie.
En Europe, l’Allemagne a confirmé son engagement sur le plan fiscal en annonçant un programme de relance colossal. La BCE a précisé les modalités de son programme de Quantitative Easing. Ces modalités changent et deviennent plus souples qu’antérieurement. La BCE sera à même de soutenir les pays les plus touchés par l’épidémie (l’Italie et l’Espagne) et d’y maintenir des taux d’intérêt très bas. Les spreads se sont bien resserrés notamment hier.
Pour autant, des risques important continuent de faire peser le risque que l’ajustement des marchés financiers ne soit pas terminé. Nous avons souvent mentionné la figure en U que nous attendons pour l’évolution future des économies, des taux d’intérêt et des bourses. Il semblerait que la barre verticale de baisse soit terminée et que l’on soit maintenant entré dans la barre horizontale. Certes, on constate bien de la volatilité dans la barre horizontale des bourses par exemple. Mais il est encore trop tôt pour se dire que la seconde barre verticale arrive. Ou alors, nous serions plutôt dans un V, ce qui ne correspond pas à notre analyse.
Deux risques demeurent
1) En un mois, les données économiques se sont complètement retournées. La récession en cours en Europe et aux Etats-Unis est majeure et d’une amplitude inconnue. Quelques chiffres de Chine nous donnent une idée ; la production industrielle pour février a baissé de 38% sur l’ensemble du pays, de 80% dans l’automobile, de 87% dans l’informatique (hardware). Les premiers indicateurs avancés en Europe, l’indice des directeurs d’achat, montre une amplitude identique, notamment dans les services souvent totalement arrêtés par les mesures de confinement. Aux Etats-Unis, les nouvelles inscriptions au chômage ont littéralement explosé à 3,3 millions contre 228 000 la semaine précédente, en sachant que tout le monde n’a pas pu s’inscrire au chômage pour cause de saturation des systèmes. Certes, les marchés anticipent, mais une telle récession demandera plus d’un mois avant d’être vraiment digérée par les agents économiques.
2) La pandémie elle-même reste un risque majeur. En Asie, la situation est bien sous contrôle, les nouveaux cas endémiques ont disparu et le nombre de nouveaux cas d’infection importés est faible. En Europe, épicentre actuel de la pandémie, la vitesse d’apparition des nouveaux cas ralentit, notamment en Italie, le pays européen le plus touché par le Covid-19. Le nombre de décès reste élevé, mais il commence à diminuer. Ces évolutions dans le bon sens demandent à être confirmées durant les prochains jours. Aux Etats-Unis, la phase d’accélération a commencé et pour la première fois aujourd’hui, le nombre d’infections américaines dépasse le cas chinois. L’Organisation Mondiale de la Santé craint que le prochain épicentre de la pandémie ne soit en Amérique. Ce qui signifierait que le nombre de cas d’infections en Amérique pourrait rejoindre dans deux/trois semaines environ le nombre de cas actuel en Europe, (soit un total de 250000 environ en Europe, contre 85604 aux Etats-Unis à ce jour). Cette situation américaine est préoccupante ; il n’est pas clair que l’opinion publique américaine soit prête pour de tels chiffres et donc pour des mesures de confinement plus strictes. Le pic de la pandémie aux Etats-Unis semble encore lointain, même pour des marchés qui anticipent.
Nous maintenons notre message essentiel. Les instruments de politiques économiques sont très puissants et il ne faut pas les sous-estimer. Le profil en U que nous attendons sur les économies, les taux et les bourses semble se mettre en place. Les niveaux de valorisation des actifs risqués sont attractifs aujourd’hui, mais la valorisation ne donne pas le timing du rebond. Ce timing dépendra des nouvelles sur la pandémie, nouvelles qui sont par nature imprévisibles. Des opportunités se présentent dans une optique d’investissement de moyen long terme, mais le court terme reste incertain.