COVID-19 : MISE A JOUR DU 3 AVRIL
Les marchés financiers sont entrés dans une phase intermédiaire durant laquelle la volatilité demeure élevée mais les bourses réagissent moins qu’auparavant aux mauvaises nouvelles économiques.

Sur le plan de la pandémie de Covid-19, les tendances de ces derniers jours se prolongent. On constate peu de nouveaux cas d’infections en Asie, le pic de l’épidémie date de début à mi mars selon les pays. En Europe, le nombre de nouvelles infections confirmées augmente, mais moins rapidement qu’auparavant. Il commence même à diminuer en Italie où l’on a de meilleures nouvelles depuis plusieurs jours. Le nombre de décès reste élevé et en augmentation. Mais, il semble assez net que le pic de l’épidémie en Europe est proche, trois à quatre semaines après la mise en place de mesures dures de confinement.
Par contre, aux Etats-Unis, les nouvelles infections continuent d’augmenter très rapidement, on est toujours dans la phase d’expansion du Covid-19. Les mesures de confinement ne sont ni nationales, ni durement appliquées. Le pic de l’épidémie semble bien lointain.
Les nouvelles économiques sont mauvaises, pires qu’anticipées par beaucoup. Hier, le nombre d’inscriptions nouvelles au chômage aux Etats-Unis a doublé par apport à la semaine dernière. Trois chiffres pour mesurer l’ampleur de la dégradation du marché du travail américain ; il y a deux semaines, 280 000 inscriptions au chômage, jeudi dernier 3,3 millions, hier 6,65 millions. Cet après-midi, l’important rapport mensuel sur l’emploi donnera un nouvel éclairage sur cette dégradation.
Autre donnée économique significative, le gouvernement allemand annonce sa prévision de baisse du PNB de 8% durant le premier semestre, amenant une diminution d’activité de 5% sur l’ensemble de l’année. Jamais depuis la seconde guerre mondiale une telle contraction d’activité n’a été constatée.
Ce matin, les indices des directeurs d’achat dans les services pour mars ont été publiés en Europe ; ils atteignent de nouveaux records à -17,4 en Italie, -27 en France, -29,7 au niveau européen. Le niveau inférieur à 50 indique une récession à venir ; les niveaux les plus bas dans les récessions précédentes avoisinaient les 40. Un indice inférieur à 30 indique une grave récession dans les services, supposés être moins cycliques que l’industrie. Le coût économique du confinement est bien important !
Pourtant, ces mauvaises nouvelles économiques ont été largement compensées hier par le rebond (+20% !) des prix du pétrole. Il a suffi d’un tweet de M.Trump : des négociations seraient en cours entre l’OPEP, la Russie, voire les Etats-Unis, pour réduire la production de pétrole au moins de 10 millions de baril/jour. Ces négociations n’ont été ni confirmées, ni démenties, et ce matin, l’annonce d’une réunion virtuelle de l’OPEP lundi 6 avril permet une poursuite de la hausse des prix du pétrole. Pourtant, la baisse de la demande de brut au niveau mondial est plutôt de 25 à 30% à cause des mesures de confinement (production mondiale de l’ordre de 100mb/j). 10 millions de baril ne seraient pas suffisant.
Les marchés financiers restent sous pression : les indicateurs de risque sont élevés mais loin de leur points haut de mi mars. Exemple, la volatilité sur l’indice boursier américain, le VIX, a fait un point haut à 82 le 16 mars et traite aujourd’hui à 51, mais a évolué entre 10 et 20 pendant l’année 2019. On pourrait multiplier les exemples avec le V2X, ou les CDS sur le crédit, ou les spreads sur la liquidité. Les marchés sont tendus, mais l’appétit pour le risque revient doucement ; on voit nettement que les émissions d’obligations d’entreprises de bonne qualité trouvent preneur à l’émission, émissions qui recommencent ces derniers jours. Le marché redevient actif.
On est bien entré selon nous dans une nouvelle phase, celle de la barre horizontale du U que nous escomptons, le U étant une visualisation grossière du profil que nous escomptons pour les économies, les taux d’intérêt et les bourses. La phase de forte baisse semble terminée ; l’on est entrée dans la phase de stabilisation avec volatilité. Les marchés digèrent les mauvaises nouvelles. Le timing de la phase de rebond reste impossible à préciser à ce jour. Ce timing dépendra des nouvelles sur la pandémie, nouvelles qui sont par nature imprévisibles. Des opportunités pour accumuler se présentent dans une optique d’investissement de moyen long terme, mais le court terme reste incertain.