COVID-19 : MISE A JOUR DU 30 MARS
Les incertitudes demeurent élevées quant à l’évolution de la pandémie et à ses conséquences économiques. La volatilité des marchés reste importante ; la semaine dernière, les bourses se sont bien redressées même en tenant compte de la baisse de vendredi.

Ce matin du 30 mars, les marchés actions sont encore orientés à la baisse (-2% sur l’eurostoxx, futures américains en baisse de 0,8%).
La pandémie du Covid-19 est un désastre sanitaire dont l’ampleur est inégalée depuis un siècle : à ce jour, 723 000 cas confirmés, 34 000 décès, 3 milliards d’individus en confinement plus ou moins strict selon les pays. En Asie, le pic de la crise sanitaire semble derrière nous, pour les premiers pays touchés par le virus Covid-19. Le nombre de nouveaux cas est très faible, et ce sont des cas importés d’Europe ou des États-Unis, amenant des quarantaines strictes. Le risque de seconde vague existe, et est surveillé de très près par les autorités.
L’Europe est l’épicentre actuel de la pandémie. L’Italie est le plus touché des pays européens et le premier à avoir mis en place des mesures de confinement strictes il y a trois semaines. Les chiffres de nouvelles infections et de décès sont dramatiquement élevés, mais ils se stabilisent. Le pays semble arriver à un plateau, prélude à une baisse que l’on espère pour les prochains jours. L’Italie est en avance de 8 à 10 jours sur l’Espagne et la France. Le pic de l’épidémie en Europe se rapproche et pourrait être atteint autour de Pâques.
Par contre, aux États-Unis, l’accélération de l’épidémie est impressionnante. L’Organisation Mondiale de la Santé craint que les États-Unis soient le prochain épicentre de l’épidémie, prenant le relai de l’Europe. Les mesures de confinement ne sont pas générales, elles sont décidées État par État et souvent ne sont pas très dures. L’expérience européenne tend à montrer que seules les mesures strictes sont efficaces après 3 semaines de confinement. La situation américaine est donc à surveiller car inquiétante.
Les prix du pétrole atteignent les plus bas de ces 17 dernières années. Le WTI est à 20,2$, le Brent à 22,9$ le baril, respectivement -5,8 et -8,2%. Depuis le 1er janvier 2020, le cours du Brent a baissé de 65%. La pandémie de Covid-19 et le confinement de 3 milliards d’individus se traduisent par une baisse sans précédent de la demande de pétrole, de l’ordre de -20%. Dans le même temps, une guerre des prix a été déclenchée : l’Arabie Saoudite et la Russie cherchent à gagner des parts de marchés, notamment sur les Etats-Unis, premier producteur mondial grâce au pétrole de schiste. Or, celui-ci n’est pas rentable avec les cours actuels. On attend donc une baisse de la production américaine, et des faillites en cascade dans le secteur du pétrole de schiste. Ce secteur représente 12% du segment des obligations d’entreprises High Yield ; il faudra surveiller le taux de défaut dans ce segment du marché.
La baisse des prix du pétrole est un évènement majeur de l’année ; elle aura des impacts négatifs sur les pays producteurs mais bénéficiera aux pays importateurs. Nous attendons un rebond des prix du pétrole dans la seconde partie de l’année (vers 45-55$ le Brent) avec une reprise de la croissance économique et de la demande de brut lorsque la période de confinement se terminera. Par ailleurs, au même moment, les capacités de production auront été ajustées à la baisse. Un scénario plus optimiste car plus précoce est possible si les pays producteurs stoppent leur guerre des prix.
Les marchés actions restent volatiles, et devraient le rester tant que les inconnues sur la pandémie ne seront pas levées. Cela demandera avant tout du temps. Les conséquences de la pandémie sont une récession globale marquée, mais dont la durée est incertaine. On surveillera particulièrement les données économiques chinoises, qui donnent une idée de la rapidité du rebond. Début avril, les autorités chinoises vont lever le confinement à Wuhan, première région au monde à l’avoir mise en place.
Sur le plan des prévisions de bénéfices, les révisions en baisse sont massives : l’indicateur « Citi Earnings Revision Index » est en baisse de 84% en Europe. Le record précédent date d’octobre 2008 à -76%. Les nouvelles sont mauvaises, très mauvaises, mais ce n’est plus une surprise pour personne.
Face à ces mauvaises nouvelles sur la croissance et sur les bénéfices des entreprises, les politiques économiques de relance sont massives, tant aux Etats-Unis qu’en Europe ou dans les pays émergents, tant sur le plan monétaire que fiscal. Ces mesures demanderont du temps avant de produire un effet positif. Voir le détail de ces mesures dans le tableau dans le PDF à la fin de l'article.
Nous maintenons notre message essentiel. Les instruments de politiques économiques sont très puissants et il ne faut pas les sous-estimer. Le profil en U que nous attendons sur les économies, les taux et les bourses semble se mettre en place. Les niveaux de valorisation des actifs risqués sont attractifs aujourd’hui, mais la valorisation ne donne pas le timing du rebond. Ce timing dépendra des nouvelles sur la pandémie, nouvelles qui sont par nature imprévisibles. Des opportunités se présentent dans une optique d’investissement de moyen long terme, mais le court terme reste incertain.