#Articles — 06.04.2020

COVID-19 : MISE A JOUR DU 6 AVRIL

Florent Bronès, Chief Investment Officer

A l’ouverture ce matin du 6 avril, les marchés financiers rebondissent (Euro Stoxx et Cac +3,5%), après une séance positive en Asie (Nikkei +4%), les futures américains prédisent une hausse de 4%.

Covid-19 : Mise à jour

Les indicateurs de risque se contractent, aussi bien la volatilité sur les bourses que les spreads de crédit. Pourtant, les dernières données économiques publiées ont été exécrables, notamment vendredi, le rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis qui montre des destructions d’emplois importantes. Comme pour les indices des directeurs d’achat, ces chiffres sont mauvais mais ne surprennent plus les marchés.

Ce matin, trois éléments permettent aux marchés de regarder l’avenir avec plus d’optimisme.

1)     Les nouvelles sur la pandémie de Covid-19 sont meilleures, notamment en Europe. En Italie depuis une semaine, en Espagne et en France depuis 2-3 jours, le nombre de nouveaux cas d’infections et parfois le nombre de décès diminuent. Il semble bien que l’épidémie en Europe soit arrivée à un plateau. L’expérience asiatique, surtout chinoise, laisse présager une période d’incertitude de quelques semaines, avec poursuite des confinements pour éviter une phase de rebond du nombre de nouveaux cas. Par contre, aux Etats-Unis, les nouvelles sur la pandémie restent problématiques.

2)     Des négociations internationales se mettent en place. On a vu durant le mois de mars de nombreuses initiatives nationales sur les politiques fiscales et monétaires, correspondant à des interventions massives pour faire face à la pandémie mondiale. Cette semaine, deux négociations internationales pourraient déboucher. D’une part sur le pétrole. Des négociations entre l’OPEP et la Russie, peut-être élargies aux Etats-Unis, sont en cours pour trouver un accord de réduction de la production de pétrole. Un tel accord mettrait fin à la dévastatrice guerre des prix en cours. M. Trump parlait dans un tweet la semaine dernière d’une réduction de la production de 10 millions de baril/jour « au moins ». Mais la réduction de la demande de brut dépasse les 20 millions de baril/jour. Un accord n’est pas certain, mais en plus il n’est pas sûr qu’il règle la situation sur le marché pétrolier. Ce matin, les prix du pétrole se stabilisent après un fort rebond la semaine dernière.

D’autre part, des négociations en cours sur le financement des déficits publics en zone euro, déficits qui vont fortement augmenter après les annonces des plans de relance. Certains pays veulent que la zone euro émette des Eurobonds, mutualisant les risques. D’autres ne veulent que la simple utilisation des institutions existantes (ESM et Banque Européenne d’investissement), institutions renforcées pendant la crise régionale de 2011/2012 qui disposent d’une force de frappe conséquente. Une solution de compromis est en discussion ; une réunion de l’euro-groupe aura lieu le 7 avril.

3)     On constate une amélioration de la liquidité sur les marchés financiers. Grace aux interventions des banques centrales, les problèmes de liquidités sur les marchés se réduisent ; on le voit via les spreads ou les volatilités qui restent supérieurs à leurs moyennes longues, mais qui s’éloignent de leurs pics. Les émissions d’obligations tant souveraines que d’entreprises ont atteint des montants très élevés ces derniers jours, démontrant que les marchés fonctionnent presque normalement.

Nous ne changeons pas notre message. On est bien entré selon nous dans une nouvelle phase, celle de la barre horizontale du U que nous escomptons, le U étant une visualisation grossière du profil que nous escomptons pour les économies, les taux d’intérêt et les bourses. La phase de forte baisse sur les marchés semble terminée ; on est entrée dans la phase de stabilisation avec volatilité. Les marchés digèrent les mauvaises nouvelles, et les mauvaises nouvelles sur l’économie réelle sont loin d’être derrière nous. Le timing de la phase de rebond des marchés reste impossible à préciser à ce jour. Ce timing dépendra des nouvelles sur la pandémie, nouvelles qui sont par nature imprévisibles. Des opportunités pour accumuler se présentent dans une optique d’investissement de moyen long terme, mais le court terme reste incertain.