#Articles — 16.10.2020

Persectives mensuelles sur les devises Octobre 2020

Guy Ertz, Chief Investment Advisor, Luxembourg

Perspectives mensuelles des devises Décembre 2019 I BNP Paribas Wealth Management

En un mot :

Le mois de septembre a marqué une pause dans la reprise économique et l'amélioration du sentiment observée cet été. L'Europe a été confrontée à une augmentation rapide des cas d'infection et à l'absence de progrès majeurs sur la voie d'un accord sur le Brexit. L'issue incertaine des élections américaines et ses conséquences sur un plan de relance budgétaire ont également alimenté la volatilité qui a atteint les niveaux de fin juin. Les marchés actions ont reculé, les matières premières se sont repliées et le dollar s'est apprécié face à la plupart des devises développées, excepté le yen.

Si l'EURUSD a atteint 1,20 le 1er septembre, la paire a chuté à 1,16 en fin de mois. L'incertitude s'est accrue alors que les grands pays européens réintroduisaient des mesures restrictives face à l'avancée inquiétante du virus. Bien qu'elle se soit affaiblie, la livre sterling a relativement bien résisté face à l'impasse persistante des négociations sur le Brexit. La livre sterling devrait se stabiliser à court terme avant de s'apprécier l'an prochain, même si la livre est sujette à la volatilité d'ici la fin de l'année. L'AUD, le NZD et le CAD ont chuté entre 3 % et 2 % face au dollar, affaiblis par la baisse des prix des matières premières et un retour de l'aversion au risque. En revanche, le sentiment d'aversion au risque a été favorable au yen, qui a bénéficié de l'appétit croissant des investisseurs pour les actifs sûrs. L'arrivée du nouveau premier ministre Suga ne devrait pas affecter le yen car on s'attend à ce que les politiques fiscale et monétaire ne soient pas affectées. Du côté des scandinaves, la NOK a dégringolé, frappée de plein fouet par le pessimisme des marchés et la baisse des cours du pétrole.

Le sentiment de marché s'est toutefois retourné au cours des 3 dernières semaines alimenté par les espoirs d'un accord sur un plan de relance budgétaire américain avant la fin de l'année. Les statistiques chinoises ont également soutenu les prix des matières premières et alimenté le rebond des devises liées aux matières premières. Récemment, l'EURUSD s'est stabilisée entre 1,17-1,18. Nous croyons toujours à une légère correction à 1,16 à court terme dans un contexte où les incertitudes devraient rester élevées jusqu'à la fin de l'année. Au cours des 12 prochains mois, nous continuons à voir l'EURUSD à 1,22. Nous avons révisé les objectifs à 3 et 12 mois de l'EURCHF car nous continuons à voir une dépréciation du CHF à moyen terme, parallèlement à la reprise économique mondiale. Nous prévoyons que l'EURCHF se négociera autour de 1,08 à court terme (niveau mi-octobre) et 1,11 à moyen terme. Nous maintenons nos objectifs inchangés pour le yen. Nous attendons un JPY plus fort à 12 mois (102). Nous avons également laissé nos objectifs EURGBP inchangés (0,90 et 0,88). Nous avons maintenu nos objectifs inchangés. Nous conservons également notre vue à l’appréciation de la couronne norvégienne, alors que nous ne voyons plus de potentiel de hausse pour la couronne suédoise.

 

USD >> CIBLE 12M VS EUR: 1,22

Parallèlement à l'envolée de l'incertitude, le dollar a progressé en septembre avec une performance de 2% par rapport à l'euro. Il s'agit de la première performance mensuelle positive depuis mars. La montée des inquiétudes liées au virus a alimenté le sentiment d'aversion au risque. Dans le même temps, les prochaines élections américaines et les négociations difficiles sur le Brexit ont été source d'incertitude. Depuis fin septembre, l'euro a rebondi parallèlement à l'amélioration du sentiment à l'égard du risque. Toutefois, nous observons davantage de volatilité à court terme et pensons que le dollar devrait rester fort au cours des 3 prochains mois. Notre objectif à 3 mois pour l'EURUSD reste 1,16.

Les facteurs de long terme resteront défavorables à l'USD. Tout d'abord, la Fed a réitéré sa volonté de maintenir des taux bas plus longtemps. La banque centrale est passée à un objectif d’une moyenne de l'inflation, ce qui permettrait des périodes de dépassement. Les taux réels devraient rester négatifs, ce qui devrait peser sur le billet vert. En effet, l'écart de rendement avec les obligations allemandes devrait rester faible. Le déficit de la balance courante s'est fortement creusé, ce qui est négatif pour le dollar. De plus, l'amélioration attendue du sentiment des marchés parallèlement à la reprise de la croissance mondiale devrait favoriser les actifs risqués au détriment du dollar. Nous attendons une dépréciation du dollar au cours des 12 prochains mois, car nous prévoyons que l'EURUSD se négociera à 1,22

 

GBP >> CIBLE 12M VS EUR: 0,88

Comme la plupart des devises, la livre sterling s'est dépréciée en septembre même si elle est restée relativement résistante par rapport à ses pairs. Alors que le sentiment de marché n'ait pas été favorable, freiné par des nouvelles négatives sur le front de la covid-19 et les incertitudes liées aux élections américaines, l'actualité du Brexit a pesé sur la livre sterling alors que le temps presse. Les discussions sur le Brexit sont en cours entre les négociateurs britanniques et européens, mais elles n'ont pas encore abouti à une avancée significative. Les tensions se sont accrues, le PM Johnson ayant imposé le sommet européen du 15 octobre comme date limite pour trouver un accord final alors que l'impasse persiste, particulièrement sur les droits de pêche. A ce stade, les probabilités d'un accord sont aussi probables que celles d'une sortie sans accord. Nous pensons que les marchés ont intégré cette incertitude dans les cours. C'est pourquoi nous prévoyons que l'EURGBP finira l'année autour des niveaux actuels même si la trajectoire de la livre devrait être chaotique à court terme. Nous maintenons inchangé notre objectif de 3 mois à 0,90 (niveaux actuels).

Nous avons revu à la baisse nos prévisions de croissance pour 2020 mais restons convaincus que l'activité va rebondir l'an prochain dans un contexte de reprise mondiale et d'environnement de marché plus favorable. Nous tablons désormais sur une croissance du Royaume-Uni plus rapide que prévue pour 2021. Nous maintenons notre objectif à 12 mois à 0,88 (valeur pour 1 euro).

 

CHF >> CIBLE 12M VS EUR: 1,11

L'EURCHF a oscillé dans une fourchette étroite entre 1,07 et 1,08 (valeur d'un euro) en septembre. L'accord sur ce qu'on appelle le Fonds de relance entre les membres de l'UE et l'amélioration globale du sentiment ont fait grimper l'EURCHF près de 1,08 à la mi-juillet. Depuis, le covid-19 resurgit en Europe et une deuxième vague reste un risque baissier pour l'euro. Les grands pays européens ont pris des mesures restrictives supplémentaires pour enrayer la propagation du virus même si les confinements nationaux restent jusqu'à présent exclues. Cela pourrait toutefois ralentir le rythme de la reprise d'ici la fin de l'année. Nous ne voyons donc pas plus de dépréciation à court terme du CHF, et nous voyons l'EURCHF rester assez stable autour des niveaux actuels 1,08 (à partir de 1,06). La poursuite des interventions de la BNS, la banque centrale continuant de considérer le CHF comme très valorisé, offre un contexte favorable à une hausse de l'EURCHF. Ce potentiel de hausse est également soutenu par les perspectives des spreads périphériques à court terme. Cela a été l'un des principaux moteurs de l'EURCHF au cours des derniers mois.  De plus, l'amélioration du sentiment de risque attendue l'an prochain devrait réduire l'attrait des devises refuges et profiter à l'euro.

Nous maintenons notre scénario de dépréciation du franc contre euro et ajustons notre objectif à 12 mois à 1,11 contre 1,09 précédemment (plus de faiblesse du franc suisse).

 

JPY >> CIBLE 12M VS EUR: 124 (USD/JPY 102)

Le yen japonais a clôturé le mois de septembre sur une légère appréciation par rapport au billet vert. Le mouvement d'aversion au risque a été plus rentable pour le JPY. Sur le plan intérieur, l'activité économique reste modérée. La consommation reste déprimée, comme le montrent les chiffres décevants des ventes au détail et empêche les services de rebondir. Le dernier indice PMI était encore inférieur à 50 (zone de contraction), ce qui témoigne d'un sentiment morose dans le secteur des services. Nous ne prévoyons pas de changement significatif dans la trajectoire politique depuis que Yoshihide Suga a pris le relais en tant que nouveau Premier ministre. La politique monétaire devrait rester très accommodante, une forte mobilisation des dépenses publiques et la mise en place de réformes structurelles sont également attendues.

A court terme, un regain d'aversion au risque est encore probable, ce qui pourrait être positif pour le yen. Nous voyons la croix USDJPY osciller autour des niveaux actuels, 106, au cours des 3 prochains mois. A court terme, notre opinion baissière sur l'USD sera le principal catalyseur de la tendance baissière de l'USDJPY. La faiblesse anticipée de l'USD devrait porter l'USDJPY à 102 au cours des 12 prochains mois

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NOK >> CIBLE 12M VS EUR: 10,10

La couronne norvégienne a été la moins performante face à l'euro en septembre. Le regain d'aversion au risque et la hausse de la volatilité à l'approche des élections américaines ont pesé sur les actifs sensibles au marché. Le secteur des services a montré des signes de détérioration tandis que de nouvelles mesures restrictives ont été imposées dans les principaux pays européens.  La NOK s'est effondrée de 5,8% et a dépassé les 11,0 soit son plus bas niveau depuis 4 mois. Depuis, la couronne s'est redressée et a gagné un peu de terrain, près de 2% depuis le début du mois d'octobre. Les marchés sont plus optimistes à l'égard d'un plan de relance budgétaire américain et l'amélioration du sentiment a aidé les cours du pétrole à se redresser et a bénéficié à la NOK. Sur le plan domestique, l'enquête du secteur manufacturier a fortement rebondi au-dessus de 50 (en territoire d'expansion) pour la première fois depuis février. Néanmoins, nous pensons que la NOK pourrait bénéficier d'une politique monétaire qui lui serait favorable. L'inflation reste supérieure à l'objectif de la banque centrale et la reprise des prix de l'immobilier pourrait impliquer un changement du taux directeur plus tôt que prévu. Par ailleurs, l'amélioration attendue du sentiment de risque l'an prochain parallèlement à la reprise économique devrait être un moteur positif pour la NOK. Enfin, les ventes de devises des banques centrales devraient se poursuivre jusqu'en 2020 afin de financer le déficit public, ce qui est favorable à la couronne. Dans ce contexte, nous maintenons nos hypothèses d'une EURNOK autour de 10,40 à court terme et autour de 10,10 sur les 12 prochains mois.

 

SEK >> CIBLE 12M VS EUR: 10,50

La couronne suédoise a suivi le même chemin que la couronne norvégienne, même si la SEK a enregistré une baisse plus faible. Les facteurs externes ont été à l’origine de la chute. Le mouvement baissier des marchés actions impulsé par la résurgence du virus en Europe et aux incertitudes entourant le résultat des élections américaines et son impact sur les mesures de relance budgétaire attendues ont alimenté les inquiétudes des marchés. Sur le plan intérieur, la Suède continue d'enregistrer un taux de chômage élevé et un taux d'inflation inférieur à 1 %. Compte tenu de ces indicateurs combinés à l'environnement actuel, la banque centrale suédoise a maintenu son taux directeur inchangé lors de sa dernière réunion mais n'a pas exclu de nouvelles mesures d'assouplissement. Une baisse des taux ramènerait le taux directeur en territoire négatif. Les décisions monétaires à venir restent l’un des principaux risques baissier pour la SEK. Depuis le point bas atteint fin septembre, la SEK a rebondi de 2,3% et oscille désormais à un niveau proche de nos objectifs. Même si nous pensons que plus de volatilité est attendue d'ici la fin de l'année, nous maintenons inchangé notre objectif de 3 mois à 10,50. Au cours des 12 prochains mois, le risque d’assouplissement monétaire devrait empêcher la SEK de s'apprécier malgré l'amélioration de l'environnement et nous maintenons l'objectif EURSEK autour de 10,50.

 

AUD >> CIBLE 12M VS EUR: 1.67 (AUD/USD 0,73)

Le dollar australien a baissé de plus de 3% en septembre. La hausse de la volatilité ainsi qu’une actualité plus négative ont été les principaux moteurs de cette baisse. A court terme, nous anticipons une certaine volatilité. De plus, la situation sanitaire s'est aggravée en Australie bien que le gouvernement ait imposé différents niveaux de restrictions pour contenir le virus. A moyen terme, la faiblesse du dollar et l'impulsion chinoise sont considérées comme les principaux moteurs. La Chine est le principal consommateur de métaux industriels alors que près de la moitié des exportations australiennes sont composées de minerai de fer, de charbon et de cuivre. La reprise chinoise a été portée par des investissements massifs dans les infrastructures. La politique budgétaire accommodante va soutenir cette tendance et alimenter la demande de métaux industriels et donc devrait soutenir l’AUD. Par ailleurs, la consommation chinoise a montré des signes de reprise. Les indicateurs de crédit ont mis en évidence une forte expansion en août. En cas de fort soutien des politiques publiques, cette tendance devrait s'accélérer. L'amélioration de la consommation privée serait également un facteur clé pour l'AUD. Toutefois, dans un contexte de détérioration récente de la conjoncture qui ralentira la reprise mondiale au cours du  T4 2020, la banque centrale laisse désormais la porte ouverte à une baisse des taux d'intérêt. Cela pourrait freiner la tendance du dollar australien en réduisant l'écart de rendement des obligations avec les Etats-Unis. Dans un tel contexte, nous maintenons l'AUDUSD autour de 0,73 au cours des 3 et 12 prochains mois.

 

ZD >> CIBLE 12M VS EUR: 1,85 (NZD/USD 0,66)

Le dollar néo-zélandais a été affaibli par l'aversion au risque en septembre. Néanmoins, même si l'environnement de court terme devrait maintenir les devises liées aux matières premières sous pression, des facteurs positifs vont persister. Les prix des matières premières pour les exportations néo-zélandaises restent bien orientés. Tour comme l'économie australienne, l'activité d'exportation en Nouvelle-Zélande repose fortement sur la demande chinoise. Nous prévoyons un net rebond de l'économie chinoise de 7,5 % l'an prochain. C'est un facteur de soutien pour le kiwi.  En outre, le marché du logement est bien orienté en Nouvelle-Zélande et pourrait témoigner d'une reprise plus forte de la consommation intérieure. La hausse du chômage attendue par la banque centrale devrait toutefois freiner les dépenses des consommateurs. L'inflation et les anticipations du marché du travail suggèrent davantage de mesures monétaires d'assouplissement selon la banque centrale. Une baisse des taux lors des prochaines réunions n'est donc pas exclue.

Nous ne prévoyons pas de nouvelle appréciation du NZD car nous considérons la politique monétaire comme un risque baissier. Nous maintenons ainsi nos prévisions 3 et 12 mois autour des niveaux actuels 0,66.

 

CAD >> CIBLE 12M VS EUR: 1,60 (USD/CAD 1,31)

Le dollar canadien s'est replié en septembre et a perdu un peu plus de 2 %. Toutefois, la devise a rapidement rebondi en octobre, soutenue par la tendance positive des prix du pétrole et la probabilité croissante d'un plan de relance budgétaire aux États-Unis. Les dernières données économiques suggèrent également une amélioration de l'activité. Le dernier rapport sur l'emploi a soutenu le CAD car il a dépassé les attentes. La forte hausse de l'emploi l'a porté à des niveaux de février, avant la pandémie. Sur le plan monétaire, la politique monétaire restera extrêmement accommodante tant que l'inflation restera inférieure à l'objectif de 2 %. La banque centrale a souligné que le QE pourrait être recalibré pour soutenir la reprise, mais elle n'a pas laissé entrevoir de baisse des taux d'intérêt.

A court terme, les élections américaines pourraient apporter une certaine volatilité. À court terme, l'amélioration de l'environnement mondial devrait soutenir la reprise économique et les cours du pétrole. Toutefois, après la forte appréciation du T2 et du T3, nous pensons que la marge d'appréciation est limitée. Nous maintenons nos objectifs 3 et 12 mois à 1,31.

 

Guy Ertz

Chief Investment Advisor
BNP Paribas Wealth Management

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