Perspectives mensuelles des devises Décembre 2019
Le sentiment de risque devrait être plus favorable
Le sentiment du marché a été ébranlé en novembre, l'actualité commerciale ayant envoyé un message mitigé. Toutefois, le retour de l'appétit pour le risque devrait entraîner la plupart des devises à la hausse face au dollar américain dans un avenir proche. Les risques semblent plus équilibrés alors que les risques politiques européens ont diminué, que la croissance mondiale devrait se stabiliser et qu'un cessez-le-feu commercial sino-américain reste notre scénario central. Sur le plan monétaire, une pause du cycle d'assouplissement a été globalement observée.
Dollar des États-Unis (USD)
L'euro a effacé plus de la moitié des pertes enregistrées en novembre et a temporairement franchi la barre des 1,11. L’indice de Surprise Economique soutient l'idée que le bloc euro aurait touché un point bas. De plus, les risques politiques relatifs au Brexit restent limités. Sur le plan commercial, Donald Trump a envoyé des signaux mitigés. Toutefois, nous pensons toujours à un probable cessez-le-feu au cours de la période à venir. Par conséquent, nous continuons d’identifier un potentiel de hausse pour l'euro à court terme, car nous croyons à une amélioration du côté des échanges commerciaux et à une stabilisation de la dynamique européenne. Nous maintenons notre objectif à 1,12 sur un horizon de 3 mois. A moyen terme, les principaux moteurs restent orientés en faveur d'une appréciation de l'euro. En effet, l'écart de rendement à 2 ans s’est resserré et cette tendance devrait se poursuivre selon nous. De plus, la surévaluation du dollar américain par rapport à son niveau de long terme (parité pouvoir d’achat) le rend plus vulnérable. Dans ce contexte, nous maintenons l'objectif EURUSD autour de 1,14 sur les 12 prochains mois.
Livre sterling (GBP)
La livre sterling est tombée sous la barre des 0,85 en décembre, les investisseurs pariant sur une large victoire du parti conservateur. Johnson a promis un départ ordonné de l'UE en cas de victoire. Ce serait positif pour les marchés. Nous maintenons notre probabilité de 55 % pour un accord, de 35 % pour une révocation de l'Article 50 et de 10 % pour un Brexit sans accord. Toutefois, nous ne pouvons exclure le risque de résultats sans majorité parlementaire ce qui laisserait le Royaume-Uni dans la même position qu'aujourd'hui et pourrait exiger une nouvelle extension de l'Article 50. En cas d'accord, l'incertitude pourrait persister dans la mesure où les négociations sur les futures relations commerciales entre le Royaume-Uni et l'UE pourraient être prolongées au-delà de la période de transition initiale qui court jusqu’au 31 décembre 2020. Dans ce contexte, nous restons prudents alors que l’optimisme du marché semble être reflété dans les cours. Nous maintenons nos objectifs EURGBP à 0,88 au cours des 3 et 12 prochains mois.
Dollar australien (AUD)
Les derniers chiffres économiques ont mis en évidence une situation contrastée. L'indice PMI manufacturier est tombé sous la barre des 50 en octobre. En effet, malgré une amélioration du sentiment de risque, l'absence de rebond de l'économie chinoise ne cesse de fragiliser l'économie australienne. Bien que la banque centrale ait, contre toute attente, maintenu ses taux d'intérêt inchangés, arguant que l'assouplissement de la politique monétaire commence à porter ses fruits, la demande chinoise restera modérée, en particulier sur la première partie de 2020, pesant sur le dollar australien. Nous abaissons ainsi notre objectif 3 mois à 0,68.
À moyen terme, la banque centrale s'attend à une reprise de la croissance intérieure d'ici 2021. Le contexte de conditions financières assouplies et de hausse des dépenses publiques a alimenté les prévisions d'une reprise intérieure au cours des deux prochaines années. Toutefois, les facteurs externes vont continuer de freiner le potentiel d'appréciation du dollar australien. Nous maintenons donc nos anticipations d'un léger renforcement de l'AUD sur les 12 prochains mois (0,70).
Dollar néo-zélandais (NZD)
Le dollar néo-zélandais a continué de se redresser sous l'effet d'une baisse généralisée de l'aversion au risque. Sur le plan intérieur, la banque centrale a envoyé un message positif en maintenant les taux inchangés. La banque centrale attend des évolutions positives pour l'économie domestique, soutenues par l'assouplissement monétaire et le renforcement probable des mesures de relance budgétaire. Alors que le marché du travail reste tendu et que l'emploi est proche des niveaux records, la faiblesse des taux d'intérêt devrait conduire l'inflation vers l'objectif de la banque centrale au cours des deux prochaines années. La tendance positive du NZD est toutefois freinée par le ralentissement de l'économie chinoise qui devrait atteindre un point bas au cours du premier semestre 2020. Par conséquent, nous pensons que le dollar néo-zélandais se négociera autour des niveaux actuels, 0,65 au cours des 3 prochains mois. À moyen terme, l'amélioration des perspectives économiques, conjuguée à la faiblesse attendue du dollar, devrait alimenter la hausse du dollar néo-zélandais. Néanmoins, l'appréciation devrait être contenue par la persistance des incertitudes commerciales et le manque de rendement par rapport aux obligations américaines. Nous maintenons notre objectif à 12 mois à 0,66.
Dollar canadien (CAD)
En novembre, le dollar canadien a perdu les gains du mois précédent, mis à mal par un discours plus prudent de la banque centrale. Depuis lors, le gouverneur a adopté des perspectives plus positives et maintenu les taux d'intérêt inchangés. La consommation et le secteur de l'immobilier devraient continuer d'être bien orientés, soutenus par la forte croissance des salaires et la faiblesse des taux, tandis que le sentiment du secteur manufacturier ne cesse de se redresser. Les principaux risques baissiers sont liés à l'incertitude mondiale. Comme nous ne prévoyons pas d'escalade des tensions et que la croissance mondiale devrait se stabiliser en 2020, nous maintenons notre opinion d'un renforcement du CAD. Nous maintenons notre objectif 3 mois à 1,30 (valeur pour 1 dollar). Dans la mesure où nous prévoyons que la Fed baissera le taux cible l'an prochain, la divergence des politiques monétaires devrait persister. L'écart de rendement devrait continuer de se creuser car le dollar canadien conserverait une légère avance par rapport aux taux américains. Alors que les taux canadiens sont les plus attractifs parmi les pays du G10, nous croyons au potentiel de hausse du CAD. Nous maintenons notre objectif de 12 mois à 1,28 (valeur de 1 dollar).