Perspectives mensuelles sur les devises

Résumé
1.Les indicateurs économiques ont été globalement positifs après les hausses de taux au cours des dernières semaines. Le message est que l'inflation reste trop élevée et que le travail des banques centrales n’est pas encore terminé.
2.L'euro s’est quelque peu essoufflé face au dollar américain récemment après le fort rebond observé en début d'année. Les récentes statistiques robustes du marché de l'emploi aux États-Unis ont renforcé la pression sur la Fed, qui a durci son ton en suggérant de nouvelles hausses de taux. La faillite de Silicon Valley banque (SVB) aux Etats-Unis a généré une vague d’aversion au risque autour du 11 mars. Le risque d’un impact systémique est très faible, mais la probabilité d’une récession temporaire a de nouveau augmenté. L’impact négatif sur la confiance et l’augmentation du coût de crédit pèseront sur l’activité économique. La BCE a augmenté son taux directeur comme attendu de 0,50% le 16 mars. Les incertitudes dans le secteur bancaire ne change pas la perception des autorités monétaires quant au besoin d’augmenter les taux. Notre prévision pour le taux de fin de cycle est de 3,5%. Nous maintenons notre objectif de 3 mois pour l'EURUSD à 1,06. L'euro devrait s'apprécier au cours de l'année et nous maintenons notre objectif à 12 mois à 1,08.
3.En février et mars, la banque centrale australienne a relevé son taux d'intérêt de 25 pb pour atteindre désormais 3,60 %. En dépit de chiffres du chômage supérieurs aux attentes, nous anticipons des perspectives positives pour l'AUD. Cela s'explique principalement par la réouverture de l'économie chinoise, qui a eu un impact positif sur l'excédent commercial australien, ainsi que par la demande soutenue de matières premières spécifiques en Australie. Ainsi, nous avons relevé notre objectif 12 mois à 0,73.
4.Au Canada, la devise a été sous pression au début du mois de mars. Nous ajustons notre objectif de CAD 3 mois à 1,32 de 1,30.
VUE USD >> CIBLE 12M VS EUR: 1,08
Focus sur les banques centrales
La parité EUR/USD (valeur d'un euro) a atteint un point haut temporaire à 1,10 début février, mais l'euro a depuis perdu son élan haussier en raison de l'évolution des anticipations de taux d'intérêt (Fed contre BCE). Il se négociait à 1.06 le 15 mars.
L’effondrement de la SVB autour du 10 mars a eu un impact majeur sur les attentes de la FED. Les risques systémiques restent faibles mais il y aura un impact négatif sur la croissance. Cela a relevé la barre d’une hausse des taux de 50 points de base lors de la prochaine réunion du 22 mars. Le marché prévoyait un taux terminal d’environ 4,9% le 16 mars. Nous maintenons un taux terminal de 5,25%. Beaucoup dépendra de la publication des chiffres du marché de l'emploi dans les prochaines semaines.
Le marché du travail américain reste solide. Le dernier rapport sur l’emploi a toutefois montré des détails sous-jacents peu encourageants, tels que l’augmentation du chômage en raison d’une participation plus élevée au marché du travail et des salaires horaires moyens plus faibles que prévu. Ces éléments doivent être confirmés.
L’inflation en février est restée élevée. Elle était de 6%, contre 6,4% en janvier. L’inflation de base était de 5,5% contre 6,4% le mois précédent ( en glissement annuel dans les deux cas). La vitesse d’amélioration reste assez faible.
La BCE a augmenté son taux directeur comme attendu de 0,50% le 16 mars. Les incertitudes dans le secteur bancaire ne change pas la perception des autorités monétaires quant au besoin d’augmenter les taux. Notre prévision pour le taux de fin de cycle est de 3,5%. En Europe, la principale préoccupation reste l'inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie). Elle a de nouveau augmenté récemment et il serait important de voir un pic pour soulager la pression de la BCE.
Nous maintenons notre objectif 3 mois à 1,06 (valeur d'un euro) et notre objectif 12 mois à 1,08.
VUE GBP >> CIBLE 12M VS EUR: 0,88
Pas de tendance claire
L'EURGBP (valeur d'un euro) a stagné depuis le début de l'année. Cela s'explique principalement par la combinaison de facteurs économiques et d'incertitudes politiques au Royaume-Uni.
Le recul de l'inflation sous-jacente, qui est passée de 6,3 % en décembre à 5,8 % en janvier, a été l'un des principaux facteurs qui ont influencé le GBP. Le gouverneur de la Banque d'Angleterre a récemment signalé que l'économie britannique pourrait avoir atteint un tournant, les pressions inflationnistes s'atténuant sous l'effet de la baisse des prix de l'énergie. Cela s'est traduit par une baisse de la livre sterling face au dollar américain et à l'euro, les investisseurs s'inquiétant de plus en plus du différentiel de taux d'intérêt en faveur de l'euro. En outre, la scène politique britannique a été ébranlée par la démission de la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon. Cependant, la volonté de l'Écosse de se séparer du Royaume-Uni ne disparaîtra pas.
Ces facteurs ont renforcé l'incertitude entourant la livre sterling.
Dans l'ensemble, la récente forte fluctuation du différentiel de rendement entre la zone euro et le Royaume-Uni semble quelque peu exagérée. Cela suggère que l'EURGBP pourrait continuer de stagner dans les prochains mois, les investisseurs mesurant l'impact de ces facteurs économiques et politiques sur les deux devises.
Nous maintenons nos objectifs 3 et 12 mois à 0,88 (valeur d'un euro). Cela suggère une évolution latérale de la devise par rapport aux niveaux actuels.
VUE CHF >> CIBLE 12M VS EUR: 0,98
Le CHF reste fort
La récente chute de l’EURCHF à des niveaux inférieurs a 0,98 ( valeur d’un euro) semble un peu exagérée. Nous sommes d’accord pour dire que les facteurs a moyen terme suggèrent un CHF fort, mais cela semble avoir été évalué puisque nous sommes proches de nos objectifs autour du 13 mars.
La BNS a relevé son taux directeur de 50 pb pour le porter à 1% en Décembre, et le président J.Jordan a indiqué que d’autres hausses pourraient se profiler au prochain meeting le 23 mars. L’incertitude autour de Crédit Suisse a poussé la BNS à intervenir en prêtant 50 milliards de francs. Dans ce contexte, les anticipations du marché en matière de taux d’intérêt ont sensiblement diminué. Il en va de même pour la BCE.
Ces derniers mois, nous avons constaté une forte augmentation de l’écart de rendement à 2 ans en faveur de l’euro, ce qui limite le potentiel d’appréciation au-delà de 0,98. Cela suggère une expansion du GDP en glissement trimestriel.
Les fondamentaux de l’économie suisse restent solides. L’indicateur KOF est sorti plus haut que prévu initialement attendu à 100.
La principale raison d'un affaiblissement du CHF serait une hausse importante de l'appétit pour le risque. Cela semble peu probable dans les prochains mois.
Dans l’ensemble, nous maintenons notre objectif 3 et 12 mois pour l’EURCHF à 0.98, suggérant une légère appréciation du franc suisse par rapport aux niveaux actuels.
VUE JPY >> CIBLE 12M VS USD: 128
La faiblesse ne devrait pas durer
Le yen (JPY) a perdu environ 6 % par rapport au dollar en février. La forte révision de l’anticipation du taux terminal de la FED à la suite de l’effondrement de la SVB a entrainé un rebond du yen. La valeur du dollar est tombée a 133 et nous a rapprochés de nos objectifs (voir ci-dessous).
Suite à l'audience de confirmation de la chambre basse d'Ueda en février, le nouveau gouverneur de la banque centrale a laissé la porte ouverte à une nouvelle normalisation de la politique monétaire.
En dépit de ce changement de ton, nous continuons de penser que le Japon maintiendra son YCC tout en adoptant une position légèrement restrictive en élargissant sa fourchette de contrôle de la courbe des taux de 0,5% à 0% ± 1,00% au cours du premier semestre.
Cela devrait soutenir le yen dans les mois à venir.
En dépit d'une balance commerciale négative en février, nous anticipons une poursuite de la hausse des exportations, en particulier dans le sillage de la réouverture de l'économie chinoise.
En outre, les prix du gaz et du pétrole ont chuté, ce qui devrait creuser l'excédent de la balance courante et profiter à la devise. De plus, la baisse de la demande japonaise d'actifs obligataires américains cette année devrait également soutenir la vigueur du JPY, ainsi que d'autres dynamiques de flux.
Nous maintenons notre objectif 3 mois à 130 (valeur d'un dollar) et notre objectif à 12 mois à 128.
VUE SEK >> CIBLE 12M VS EUR: 11
Perspectives positives malgré la récente depreciation.
La devise suédoise (SEK) a perdu 6 % par rapport à son plus haut de février. Cela s'explique par la forte hausse du différentiel de rendement en faveur de l'euro. Les deux banques centrales relèvent leurs taux, mais les anticipations ont évolué en faveur de nouvelles hausses de taux de la BCE. Avec une inflation sous-jacente en hausse de 0,4 % en glissement mensuel en janvier, les marchés anticipent une hausse des taux de 50 pb par la banque centrale suédoise en avril, contre une hausse de 20 pb précédemment anticipée. Les attentes à l'égard de la BCE ont été encore revues à la hausse. La valeur d’un euro a atteint 11,40 suite à la crise bancaire régionale aux Etats-Unis le 13 mars. Cette hausse s’est vite estompée.
Le marché immobilier suédois reste vulnérable, ce qui pourrait limiter la capacité de la Riksbank à poursuivre ses hausses de taux. La baisse des prix de l'immobilier (-12,7 % en décembre) représente un risque baissier car la majorité des prêts hypothécaires ont des taux variables, exposant les ménages à la hausse des taux d'intérêt. Cela semble déjà être pris en compte.
Dans l'ensemble, nous ne voyons pas de tendance claire pour les mois à venir.
Nous maintenons nos objectifs 3 et 12 mois à 11 (valeur d'un euro). Cela suggère une légère appréciation de la SEK par rapport aux niveaux actuels.
VUE NOK >> CIBLE 12M VS EUR: 10,3
Potentiel de hausse modéré du NOK.
La devise norvégienne (NOK) suit une trajectoire baissière depuis le début de l'année, après une dépréciation de près de 7,5 % début mars. Cela s'explique par la prudence de la banque centrale norvégienne à l'égard des futures hausses de taux. La banque a maintenu son taux directeur inchangé à 2,75 % en janvier mais a laissé entendre qu'une hausse de 25 pb était très probable en mars. La NOK a souffert légèrement plus due à la crise bancaire régionale aux états unis mais a su s’en remettre. La récente baisse du prix du pétrole a pesé sur la NOK. Elle se négociait autour de 11,40 le 15 mars.
La croissance du PIB au T4 2022 est restée à 0,2 % et les données clés de février ont surpris à la hausse. L'inflation est passée de 5,9 % en décembre 2022 à 7 % en janvier. Cela pourrait inciter la banque Norges à relever davantage ses taux.
D'un point de vue plus négatif, les ventes au détail du mois de décembre ont été publiées à -3,6 %, soit un niveau largement inférieur au consensus, et la production industrielle est ressortie à -0,1 %, contre une prévision de +0,6 %.
Les écarts de rendement se sont fortement creusés en faveur de l'euro. Les attentes étaient plus élevées pour les deux banques centrales, mais beaucoup plus pour la BCE. A l’avenir, nous nous attendons à ce que l’écart de rendement se réduise. La NOK devrait s’apprécier par rapport aux niveaux actuels, car les prix du pétrole et l’appétit pour le risque devraient la soutenir.
Nous anticipons un moindre potentiel haussier pour le NOK et révisons nos objectifs 3 et 12 mois à respectivement 10,6 et 10,3 (valeur d'un euro). Cela suggère toujours une appréciation modérée.
VUE AUD >> CIBLE 12M VS USD: 0,73
Faible potentiel de hausse par rapport aux niveaux actuels.
Le dollar australien a récemment été malmené, l'AUDUSD ayant perdu environ 7% par rapport à son plus haut de janvier. La hausse des anticipations du marché à l'égard de la banque centrale américaine a été supérieure à celle de la banque centrale australienne, ce qui s'est traduit par une hausse du différentiel de taux à 2 ans. Cela a légèrement changé suite à l’effondrement de la SVB.
La dynamique économique (indice de surprise économique) s'est améliorée aux États-Unis ces derniers mois. Cette tendance devrait s'inverser dans la mesure où la croissance économique américaine devrait ralentir au cours des prochains mois. Le principal moteur des prochains mois est la réouverture de la Chine et la hausse de la demande pour les principales matières premières industrielles, en particulier celles nécessaires aux batteries et à l'électronique. Cela devrait améliorer les termes de l'échange et soutenir l'appréciation de l'AUD.
L'excédent commercial s'est réduit en décembre, mais la Chine étant le principal partenaire commercial de l'Australie, cet excédent devrait de nouveau s'élargir avec la réouverture progressive de la Chine.
Nous maintenons notre objectif 3 mois à 0,70 (valeur d'un AUD) et relevons notre objectif à 12 mois à 0,73.
VUE NZD >> CIBLE 12M VS USD: 0,65
Potentiel de hausse supplémentaire du NZD.
En février, le NZD s'est déprécié de 5 % par rapport à l'USD. La Reserve Bank of New Zealand a relevé ses taux au comptant de 25 pb à 4,25 % en novembre et atteint désormais un point haut de 14 ans à 4,75 %, la banque centrale ayant relevé ses taux de 50 pb lors de sa réunion de février. Cette décision était largement anticipée et les marchés anticipent de nouvelles hausses de taux à court terme. Comme pour la plupart des autres devises, les anticipations de hausses de taux à venir ont augmenté encore plus pour la Fed. Cela a pesé sur le NZD. Les révisions a la baisse des prévisions de taux américains après l’effondrement de la SVB ont permis à la NZD de rebondir à 0,62.
Les fondamentaux suggèrent plus de hausse. L'économie néo-zélandaise a bien résisté malgré les récents événements climatiques extrêmes, qui n'ont toujours pas eu d'impact politique significatif. Le taux d'inflation est resté à un point haut de 7,2% en glissement annuel au quatrième trimestre, contraignant la banque centrale à continuer de relever ses taux. Le différentiel commercial avec les États-Unis reste un facteur positif pour le NZD, mais le marché immobilier du pays a fortement chuté, perdant plus de 20% en 2022. Cela pourrait peser sur la croissance économique.
Nous maintenons nos objectifs 3 et 12 mois à 0,65 (valeur d'un NZD). Cela suggère une appréciation modérée du NZD par rapport aux niveaux actuels.
VUE CAD >> CIBLE 12M VS USD: 1,30
Proche de notre objectif
Le DCC a perdu de sa valeur depuis le début de l'année en raison de la baisse des anticipations de taux comparé aux États-Unis. Toutefois, la Banque du Canada (BoC) a maintenu son taux au jour le jour de 25 pb à 4,50 % et a indiqué une pause probable dans son cycle de resserrement en raison des signes visibles de ralentissement de l'économie face à la hausse des coûts d'emprunt. L'inflation diminue légèrement, avec 5,90 % en janvier, et devrait rester élevée. Les révisions à la baisse des prévisions de taux d’intérêt aux Etats-Unis après l’effondrement du SVB devraient donner au CAD un plus grand potentiel d’appréciation.
Le DCC est un risque de change, positivement corrélé aux autres actifs risqués, et une légère hausse des prix du WTI est attendue, ce qui pourrait renforcer le DCC. Cependant, le marché immobilier constitue une menace majeure pour l'économie, compte tenu de la part élevée de l'investissement résidentiel dans le PIB et de l'endettement élevé des ménages en % du revenu disponible net, ce qui explique pourquoi les taux de la BoC sont restés inchangée.
Les ventes au détail sont restées stables et l'indice PMI manufacturier de février s'est établi à 52,4 et la balance commerciale de janvier est redevenue positive avec un excédent de 1,92 milliards. Le PIB global (en glissement annuel) au quatrième trimestre 2022 s'est établi à 2,07 %.
En outre, les intentions d'investissement restent positives et la dynamique économique est plus favorable qu'aux États-Unis, dans la mesure où les prix du pétrole devraient augmenter.
Nous relevons notre objectif 3 mois à 1,32 et conservons notre objectif 12 mois à 1,30 (valeur d'un dollar). Cela suggère un potentiel d'appréciation modéré par rapport aux niveaux actuels.
VUE CNY >> CIBLE 12M VS USD: 6,50
Une vigueur accrue à l’horizon.
Le yuan chinois (CNY) s'est déprécié de 2,8 % en février. Début 2023, la réouverture a été plus rapide que prévu, tout comme le maintien de la facilité de prêt à moyen terme (MLF) à 1 ans. Le 15 février, la banque centrale n'a annoncé aucune modification de son taux directeur. Cette évolution est conforme aux attentes du marché, la PBoC préférant prendre du temps pour observer le rythme de la reprise économique.
La récente envolée des cas de COVID-19 en Chine, la formation d'une immunité collective rend peu probable une nouvelle vague dans un avenir proche. En outre, l'amélioration récente des valorisations des actions et du crédit à haut rendement ont contribué à la récente appréciation du yuan.
La baisse anticipée des rendements obligataires américains dû à l’effondrement de la SVB devrait également soutenir la devise chinoise, dans la mesure où elle pourrait accroître l'investissement étranger dans les actifs chinois. L'indice PMI manufacturier officiel de la Chine est ressorti à 52,6 au mois de février, soit un grand bond par rapport à 50,1 au mois de janvier, dépassant largement le consensus du marché (50,6). Cependant, certains s'inquiètent de la lente reprise des revenus et des attentes des consommateurs, ainsi que de l'offre excédentaire de logements dans les petites villes.
Dans l'ensemble, avec la récente nomination de Zhu Hexin au poste de gouverneur de la banque centrale du pays le mois prochain, et l'engagement de la PBoC à soutenir la croissance par des injections de liquidités accrues, les perspectives du yuan restent positives à court et moyen terme.
Nous maintenons nos objectifs 3 et 12 mois à 6,75 et 6,50 respectivement (valeur d'un dollar). Cela suggère une appréciation modérée du CNY par rapport aux niveaux actuels.
VUE DU BRL > > CIBLE 12 M VS USD : 5
Pas de tendance claire.
L'USDBRL fluctue autour de 5,25. En février, la banque centrale brésilienne a laissé son taux directeur inchangé à 13,75 % pour la quatrième réunion consécutive et a souligné qu'elle pourrait le maintenir pour une période plus longue que les prévisions du marché. Bien que le taux d'inflation annuel soit resté stable à 5,79 %, les attentes d'inflation pour 2023 ont augmenté en raison des incertitudes budgétaires croissantes.
En dépit de l'amélioration des relations avec les pays occidentaux, les incertitudes politiques restent une source d'inquiétude pour les marchés et pourraient pénaliser la devise brésilienne à court terme. L'administration Lula souhaite assouplir sa politique budgétaire, ce qui pourrait se traduire par une nouvelle hausse de l'inflation. Le récent désaccord entre le gouvernement et la banque centrale a également ravivé les inquiétudes du marché.
De surcroît, l'économie brésilienne a ralenti ces derniers mois, compte tenu de chiffres de vente inférieurs aux attentes et d'un indice PMI composite de 49,7 traduisant un ralentissement de l'activité économique.
Compte tenu de la détérioration des perspectives budgétaires et des troubles politiques au sein du pays, le taux de change brésilien a sous-performé ses pairs émergents ces dernières semaines. Cela semble exagéré. Des facteurs externes, tels que la réouverture de l’économie chinoise, devraient apporter du soutien.
Nous maintenons notre objectif 3 mois à 5,4. (Valeur d'un dollar) et notre objectif 12 mois à 5. Cela suggère un potentiel d'appréciation limité par rapport aux niveaux actuels.
VUE MXN > > CIBLE 12 M VS USD : 19,5
Consolidation après une forte appreciation
La devise mexicaine (MXN) s'est fortement appréciée entre janvier et début mars. Elle a été soutenue par une dynamique économique favorable aux États-Unis. Le dollar a rebondi début mars, plus encore autour du 13 mars suite a l’effondrement de la SVB.Le dollar mexicain (valeur d'un dollar) passant de moins de 18 à 19. Cela s'explique probablement par l'augmentation attendue des hausses de taux de la Fed.
La banque centrale mexicaine a relevé son taux directeur de 50 pb pour atteindre un nouveau plus haut historique à 11% en février. Nous ajoutons 25 pb supplémentaires à notre profil de relèvement des taux pour cette année, car la persistance d'une inflation sous-jacente élevée et un équilibre plus idiosyncratique des risques limitent la marge de manœuvre de la banque centrale pour se découpler de la Fed.
Dans l'ensemble, nous faisons toujours l'hypothèse que l'essentiel du potentiel d'appréciation du peso mexicain est derrière nous. Les perspectives de croissance sont relativement prudentes, même par rapport aux Etats-Unis.
Nous maintenons notre objectif 3 mois à 19 (valeur d'un dollar) et maintenons notre 12 mois à 19,5. Cela suggère un dépréciation du peso mexicain par rapport aux niveaux actuels.
VUE INR > > CIBLE 12 M VS USD : 82
Objectif atteint.
La devise indienne (INR) a montré des signes de vigueur en fin février sur base de l’attente d’une forte croissance économique. La monnaie a de nouveau perdu du terrain dans le contexte de la crise des banques américaines. Elle s’est stabilisée autour de 82 (valeur d’un dollar) à la mi-mars. C’est également notre objectif à 3 et 12 mois.
La croissance attendue pour 2023 est de 6,2% , ce qui fera de l'Inde un contributeur majeur à la croissance mondiale l'année prochaine. Cela s'explique principalement par la poursuite de la hausse des dépenses d'investissement et la résistance de la dynamique économique.
Les enquêtes sur les entreprises des secteurs manufacturier et des services (PMI) sont restées en territoire expansionniste depuis juillet 2021. La situation est bien différente de celle des États-Unis. Cela devrait renforcer les facteurs positifs de la roupie indienne. Le récent chiffre d'inflation de 6,53% en février a légèrement dépassé les attentes, ce qui pourrait exercer une certaine pression à la hausse sur les taux d'intérêt.
La Reserve Bank of India a répondu aux inquiétudes inflationnistes en relevant les taux d'intérêt de 25 pb à 6,50%. Le différentiel de taux d'intérêt a davantage évolué en faveur des États-Unis ces dernières semaines. Cela ne devrait pas s'inverser de sitôt.
Dans l'ensemble, ces développements suggèrent que le potentiel de hausse de la devise indienne est relativement faible.
Nous maintenons notre objectif 3 et 12 mois à 82 (valeur d'un dollar).
VUE ZAR > > CIBLE 12 M VS USD : 17,5
Potentiel haussier modéré cette année.
La devise sud-africaine (ZAR) s'est dépréciée d'environ 7% au cours des deux premiers mois. Elle s’est stabilisée autour de 18 en début mars. C’est aussi notre objectif 3 mois.
La banque de réserve d’Afrique du Sud (SARB) a relevé son taux de 25 pb à 7,25% en janvier, ce qui a surpris. L'un des principaux facteurs à l'origine de cette révision à la baisse de l'ampleur des hausses de taux a été la détérioration des perspectives de croissance liée au problème structurel de l'approvisionnement en électricité du pays. Nous anticipons désormais une nouvelle hausse de 25 pb de la banque centrale en mai. Cela reflète la hausse des taux au sein des pays développés et la hausse probable de l'inflation domestique pendant une période prolongée. Nous maintenons que les baisses ne devraient se concrétiser qu'à partir du deuxième trimestre de l'année prochaine, avec un montant cumulé de 75 pb prévu pour 2024.
La dépréciation de la devise s'explique par le produit intérieur brut (PIB) qui s'est établi à 0,9%, suggérant que l'économie sud-africaine a plus ralenti que prévu au quatrième trimestre de l'année dernière.
Le taux d'inflation reste élevé à 6,9% et les prix élevés des carburants alimentaires et les coupures d'électricité continuent de menacer les perspectives de croissance du pays. En conséquence, la banque centrale a baissé ses prévisions de croissance pour 2023 de 1,9% à 1,8%.
Nous maintenons notre objectif 3 mois à 18 et gardons notre objectif 12 mois à 17,5. Il suggère un faible potentiel d'appréciation par rapport aux niveaux actuels.