Lettre de Stratégie d'Investissement : Novembre 2020

Points clefs
. Les nouveaux confinements en Europe changent la forme de la reprise économique que nous attendons de U en W : mais l’hypothèse d’un rebond de la croissance en 2021 reste intacte, car les confinements sont moins durs et le soutien des politiques monétaires et fiscales reste massif.
. Elections américaines : nous sommes dans l’attente du résultat de la présidentielle qui sera serré.
. Stratégie d’investissement inchangée : profiter des périodes de doute pour renforcer les positions en actifs risqués.
Le nouveau confinement : point de vue sur les perspectives économiques mondiales
L’aggravation de l’épidémie : l’augmentation des hospitalisations (en particulier les patients en soins intensifs) et du nombre de décès en Europe ont conduit les gouvernements français et allemand à ordonner de nouvelles règles de confinement nationales le 28 octobre. D'autres pays européens, ayant une situation sanitaire comparable, comme l'Italie, la Suisse et le Royaume-Uni, ont pris des décisions similaires ces derniers jours. Les gouvernements cherchent à avoir un impact plus limité sur l'économie que lors du premier confinement. L’industrie et le bâtiment notamment restent donc en activité. L'impact récessif sera en revanche sévère sur les secteurs des services, en particulier le tourisme, l'hôtellerie, le transport aérien, la restauration, etc.
Il est important de noter que les agents économiques ayant déjà fait face à cette situation, les ajustements seront moins difficiles à faire.
De plus, , l'activité s'est nettement redressée au troisième trimestre dans le secteur industriel, en particulier, grâce à la reprise économique en Chine et en Asie en général. Le choc ne sera donc pas aussi synchronisé au quatrième trimestre que lors du premier confinement.
Nous ne changeons donc pas notre scénario global de rebond de la croissance en 2021, mais plutôt la forme de ce rebond en 2020. Nous ne parlons plus d'une reprise en forme de U, mais d'une reprise en forme de W. Le troisième trimestre est plus fort que prévu, notamment grâce à la Chine, tandis que le quatrième trimestre sera plus faible, notamment en raison de l'Europe. Aux Etats-Unis, la solidité de l’économie n’est pas remise en cause à ce stade de la pandémie.
Les politiques économiques offrent un soutien clé pour l'année prochaine
Il y aura de nouvelles mesures sur le front de la politique économique pour limiter les dégâts dans les secteurs clés. Les autorités monétaires maintiendront (voire intensifieront) des injections massives de liquidités et le « Quantitative Easing ». Ces programmes d'achat d'obligations sur les marchés pourraient être renforcés et étendus. La réunion de la BCE du 29 octobre n'a pas donné lieu à des changements majeurs. Le Conseil des gouverneurs a présenté des perspectives économiques plus prudentes, les risques ayant évolué. À notre avis, une extension et une augmentation de la taille du PEPP restent la voie d'action la plus probable pour décembre. La conférence de presse a néanmoins laissé entrevoir une plus grande probabilité d'activation de nouvelles options. Sur le plan budgétaire, le président Macron a maintenu l'approche « quoi qu'il en coûte » : les mesures de relance budgétaire resteront essentielles en Europe au cours des prochains trimestres. De même aux États-Unis, il ne fait aucun doute que la Fed poursuivra sa politique monétaire accommodante. Après les élections, un nouveau plan de relance sera très probablement voté.
ELECTIONS AMERICAINES
A 8h mercredi 4 Novembre, l’issue de l’élection présidentielle est très incertains car elle dépend de quelques états clefs, dont on risque de devoir attendre les résultats quelques jours. Il semblerait, pour l’instant, que les Républicains gardent de justesse le contrôle du Sénat. En tout état de cause, il n’y a pas de « Blue Wave », raz de marée démocrate, comme le laissaient entendre les sondages. Les Etats Unis ne mettront pas en place une grande politique de relance par des dépenses d’infrastructures, financée par une hausse des impôts, au cœur du programme démocrate. D’où la baisse des taux longs américains à laquelle on assiste ce matin. L’impact sur les marchés actions est plus incertain. Il faudra attendre le résultat définitif des élections pour être fixé. Le dollar quant à lui rebondit face à cette incertitude et joue son role de valeur refuge.
Profiter de la volatilité
Malgré l'absence de facteurs positifs, malgré les risques politiques, le coronavirus, et des difficultés techniques, les marchés actions ont bien résisté jusqu'à la dernière semaine d'octobre. L'anticipation et l'annonce de mesures de confinement ont conduit à une correction généralisée du marché. L'indice MSCI World et le S&P 500 se situent à mi-chemin entre la moyenne mobile sur 50 et 200 jours. La courbe des 200 jours devrait, selon nous, offrir un support clé. En effet, les investisseurs n'ont pas été trop préoccupés par les élections américaines au-delà des incertitudes à court terme. La deuxième vague de pandémie est devenue une menace pour les perspectives économiques mais, comme on l'a souligné, le fait que la seconde vague ne soit pas synchronisée et que les mesures soit plus ciblées, semble indiquer un impact beaucoup plus limité par rapport au mois de mars. Nous restons optimistes sur un plan de relance budgétaire américain même si la décision pourrait prendre plusieurs semaines.
Enfin, la saison des résultats a commencé avec plusieurs surprises positives et ce malgré des attentes qui avaient été portées à des niveaux élevés. Les prévisions de bénéfices du consensus pour 2021 sont un taux de croissance de 29 %. Nous considérons cela comme trop optimiste. Dans la mesure où le PE prospectif de 19 fois est déjà à son plus haut niveau depuis la période de bulle technologique, toute déception pourrait être source de volatilité. Au-delà des questions sur le calendrier d'une large distribution des vaccins (et de leur acceptation), il n'y a probablement pas suffisamment d'attention portée sur une vague à venir de restructurations d'entreprises et de faillites. Les marchés actions pourraient être volatils dans les semaines/mois à venir.
Les investisseurs doivent donc profiter de la volatilité : tout mouvement du marché vers la moyenne mobile sur 200 jours doit être utilisé pour acheter. Parce que le monde est sur la voie de la reprise, mais aussi parce que des valorisations élevées limitent le potentiel de hausse et exigent donc une attention particulière aux prix d'achat. Une autre raison tient au manque d'opportunités sur les marchés obligataires et à la hausse progressive de l'intérêt des investisseurs pour les actifs qui protègent des pressions inflationnistes croissantes. Il s'agit cependant d'une considération à plus long terme.
Nous sommes positifs sur les États-Unis, l'UE, les marchés émergents : Chine, Taiwan, Inde, Corée du Sud, Singapour et Indonésie. Nous sommes acheteurs des secteurs suivants : les matériaux, l'industrie, la pharmacie et les biotechnologies, l'assurance, les technologies de l'UE et l'énergie de l'UE.
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