Lettre de Stratégie d'Investissement : Octobre 2020

Points clefs
. Notre scénario de reprise économique en U est maintenu : la croissance se reprend au second semestre 2020 et s’amplifiera en 2021.
. Plusieurs risques existent (tensions Chine/Etats Unis, élections américaines, Brexit), mais ils sont bien connus et déjà pris en compte par les marchés financiers.
. Les taux d’intérêt sont bas, négatifs en termes réels, et le resteront longtemps.
. Nous maintenons la recommandation d’achat sur repli des marchés actions. La consolidation en cours est saine, et fournit une opportunité de renforcer les positions (idéalement sur la moyenne mobile à 200 jours).
. Nous n’effectuons que des changements sectoriels ce mois : nous sommes maintenant positifs sur les valeurs industrielles et sur la pharmacie (au lieu de neutre). Nous coupons l’opinion sur l’énergie, (à neutre) l’environnement difficile dure plus longtemps que prévu.
Scénario économique inchangé : une reprise en forme de U
Notre scénario d’une reprise de l’économie mondiale en forme de U commençant au second semestre 2020 et s’amplifiant en 2021 est inchangé. Il se base sur les indicateurs avancés (tels les PMI en Europe et en Asie, ou les ISM aux Etats-Unis) et les données à plus haute fréquences (telles la pollution, les embouteillages dans les villes, la consommation d’électricité…). La consommation des ménages reste en retrait, et explique une hausse de l’épargne de précaution ; la confiance est érodée par la montée des incertitudes, le chômage et bien sûr la pandémie. Certains secteurs des services sont fortement impactés par l’arrêt du tourisme, le télétravail et les mesures de restrictions liées à la Covid-19. L’économie ne tourne qu’à 95% de son potentiel.
Nous pensons néanmoins que les mesures prises par les autorités sanitaires limiteront l’impact négatif de la Covid-19, et que grâce aux politiques de relance très actives, tant monétaires que fiscales, la reprise économique se confirmera et s’amplifiera l’année prochaine. Gardons à l’esprit que les politiques fiscales de relance de l’investissement prennent du temps avant d’avoir leur impact, notamment sur l’industrie.
L’inflation restera basse dans le monde industrialisé, moins de 2% aux Etats Unis, proche de 0 en zone euro, où le risque de déflation demeure présent et met une pression certaine sur la BCE. Le risque d’une accélération de l’inflation est très lointain (3 à 5 ans ?), même avec les politiques économiques en cours.
Les principaux risques
Les marchés financiers font face aux mêmes risques depuis plusieurs mois/trimestres, leur nature n’a pas changé radicalement même si l’actualité modifie quelque peu leur appréciation à court terme.
Les tensions commerciales entre la Chine et les Etats Unis n’occupent pas le devant de la scène aujourd’hui, mais elles sont là pour durer. Les deux pays sont en concurrence stratégique sur des perspectives long terme.
Les élections américaines sont dans un mois. Et le résultat demeure incertain, même si l’avance de M. Biden dans les sondages est significative, y compris dans les « swing states », les états traditionnellement indécis. Les marchés s’accommoderont d’une victoire nette de l’un ou l’autre des candidats, avec ou sans majorité du même camp au Sénat. Mais ils risquent fort de ne pas apprécier une contestation auprès des tribunaux en cas de résultats proches dans certains états clefs. Des dérapages/désordres civils seraient à ce moment-là possibles.
Pour la pandémie de Covid-19, notre scénario de base est modéré : le virus ne disparaitra pas, nous allons vivre avec encore plusieurs trimestres. Mais on connait mieux ce virus et les autorités sanitaires mettent en place des mesures locales qui seront efficaces pour limiter la pandémie. C’est notre hypothèse essentielle : ce qui a fonctionné en Asie se reproduira ailleurs. Un scénario plus dur est possible, une seconde vague amenant des confinements plus généraux, mais les autorités feront le maximum pour l’éviter. A l’inverse, un scénario plus optimiste est également possible si un vaccin ou un médicament était disponible rapidement.
Autre risque, le Brexit, sur lequel les négociations en cours entre le Royaume Uni et l’Union européenne devraient se terminer rapidement. Pour une ratification avant la fin d’année par les parlements, un accord doit être signé avant la fin du mois d’octobre. Mais le risque d’un désaccord est élevé.
Marchés actions : acheter sur repli
Dans un environnement où les taux d’intérêt sont bas et vont le rester longtemps, (inférieurs à l’inflation dans les économies matures), l’attrait des investissements à risque c’est-à-dire essentiellement les actions, ne faiblit pas. Nous restons persuadés que chaque repli des bourses est une opportunité pour renforcer les positions car à long terme, la croissance économique se reprendra et les profits des entreprises augmenteront. La récession liée à la pandémie est transitoire, nous n’avons aucun doute sur l’efficacité des politiques de relance. Rappelons-nous ce proverbe américain « Dont Fight the Fed », ne pas se bagarrer contre la Fed, que l’on élargit aux banques centrales en général.
Nous maintenons notre vue directionnelle sur les bourses et nos opinions sur les différentes zones : nous sommes positifs sur les Etats Unis, la zone euro et les marchés émergents (Asie surtout, Chine, Taiwan, Corée du sud, Singapour, Inde, Indonésie), sans changement ce mois.
A court terme, un retour des indices mondiaux vers la moyenne mobile à 200 jours fournirait un niveau attractif. La consolidation en cours depuis le mois de septembre est saine car les bourses étaient surachetées. Les éléments d’inquiétude sont nombreux, mais bien pris en compte par les marchés, selon nous.
Les changements du mois : quelques modifications sectorielles
Nous effectuons trois changements sectoriels ce mois.
1) Nous devenons positifs sur les secteurs industriels pour jouer le rebond des investissements des entreprises, particulièrement faibles durant la phase de récession des économies. De plus, les investissements des états dans les infrastructures (télécom, énergie, transport) seront importants dans les années à venir grâce aux politiques de relance. Cette amélioration du momentum compense le fait que ce secteur n’est pas bon marché aujourd’hui.
2) Nous abaissons notre recommandation à neutre sur le secteur de l’énergie. En effet, la faiblesse de la demande persiste, et bien que l’offre de pétrole soit bien gérée par l’OPEP élargie, le secteur fait face à un environnement très difficile, et ce, plus longtemps que prévu.
3) Dans le secteur de la santé, nous redevenons positifs sur la pharmacie qui a bien consolidé, et prenons quelques bénéfices sur les Med-Tech / innovateurs dans la santé qui ont très bien performé. Le secteur de la santé dans son ensemble continuera d’attirer des capitaux car les investissements consacrés à la recherche augmenteront structurellement.
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