#Articles — 11.05.2020

Le prochain test pour les bourses

Xavier Timmermans, Senior Investment Strategist, PRB

La semaine boursière a été étonnement positive au regard de chiffres économiques effrayants

Investment theme 7 | BNP PARIBAS WEALTH MANAGEMENT

Aux États-Unis, l’annonce d’un taux de chômage de 14,7% n’a pas perturbé les actions : le S&P 500 a terminé la semaine sur une hausse de 3,5% et le Nasdaq Composite de 6,0% ! Le Stoxx Europe 600 s’est contenté d’un modeste + 1,1% mais n’avait pas subi la dégringolade du 1er mai pour cause de congé. Tout ceci est-il bien raisonnable ?

Chômage record

Le taux de chômage a grimpé jusque 14,7% en avril, au plus haut depuis 1948, l’année ou ce taux a commencé à être calculé. Ce taux est probablement encore sous-estimé car depuis la fin de la période prise en considération, les nouvelles demandes d’allocations de chômage ont encore augmenté.

Aux États-Unis, la perte d’un emploi se traduit aussi par la perte de l’assurance soins de santé. La hausse spectaculaire du chômage augmente la pression sur le gouvernement pour qu’il accroisse ses aides, déjà considérables, mais jugées insuffisantes. Les paiements aux familles, extension des indemnités de chômage, les prêts aux petites entreprises et autres mesures depuis mars, totalisent déjà 3000 milliards de dollars.

Pour financer tout cela, le Trésor s’apprête à émettre des montants records de nouvelles obligations. Il n’y a pas de véritables craintes de remontée des taux du fait des rachats d’obligations par la banque centrale. Mais néanmoins, l’écart de rendement entre les 10 ans (0,68%) et les 30 ans (1,38%) s’est fortement élargi.

Rebond des prix du pétrole

Sur la semaine, le prix du baril a repris 25% pour le WTI et 15% pour le Brent pour atteindre respectivement 24,7 et 31 USD. Les traders ont été encouragés par une moindre progression que prévue des stocks de pétrole américains, par de nouvelles annonces de réduction de production et par la hausse anticipée de la demande en Europe.

Les prix du cuivre ont également poursuivi leur redressement (+15% par rapport à leur plus bas de mars) grâce à la reprise de la demande en Chine. « Doctor Copper » nous donne un message positif.

Le Nasdaq Composite en positif depuis le début de l’année

Les sociétés du S&P 500 devraient voir leurs bénéfices par action chuter de près de 14% au premier trimestre, la plus forte baisse depuis 2009. Mais les marchés semblent passer outre et anticiper un redressement dans la seconde partie de l’année et en 2021.

Les résultats des entreprises technologiques et de la santé ont surpris positivement. En outre, elles sont perçues comme les grandes gagnantes de la crise du coronavirus. Beaucoup d’entre elles ont des bilans et des cashflows solides, ce qui en fait des valeurs à privilégier en cette période de récession. Mais en outre, le travail, l’éducation et les loisirs à domicile devraient stimuler leur croissance.  Le secteur de la santé et les biotechs en particulier profitent naturellement de la crise sanitaire.

Indice riche en valeurs technologiques et biotechs, le Nasdaq Composite a récupéré ses 24% de pertes depuis le début de l’année. Va-t-on voir des prises de bénéfices (« Sell in May and go away ») ? Au vu de l’engouement pour ces valeurs, cela ne parait pas imminent.

Prochain test pour les bourses

Après le fort rebond d’avril, les investisseurs ont beaucoup de raisons d’être prudents. A la détérioration des chiffres économiques et des perspectives bénéficiaires des entreprises, aux doutes sur la vigueur de la reprise attendue, s’est ajouté la semaine passée la crainte de nouvelles tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis. A ce stade, il n’est pas évident de distinguer si les propos agressifs du président Trump envers la Chine sont destinés à plaire à son électorat ou si c’est le début d’un nouvel épisode de la guerre commerciale entre ces deux pays.

Mais avec la levée progressive des mesures de confinement dans beaucoup de pays, l’espoir d’un redémarrage de l’économie s’est ajouté aux effets des réponses sans précédent des banques centrales et des gouvernements.

Le prochain test pour les bourses viendra des effets du déconfinement sur le taux de contamination. Celui-ci devrait logiquement s’accroître mais si cet accroissement reste modeste et ne nécessite pas de nouvelles mesures de confinement généralisées, l’espoir de reprise pourra se renforcer.