COVID 19 : MISE A JOUR DU 18 MARS
La volatilité reste extrêmement élevée, le court terme demeure incertain, mais le niveau des bourses actuel offre une belle opportunité pour renforcer ses positions dans une optique de moyen/long terme.

La volatilité est très élevée en ce moment sur les marchés financiers. La bonne journée du 17 mars (bourse américaine en hausse de 6% hier) est ainsi occultée par une nouvelle baisse de près de 4% ce matin à l’ouverture en Europe, après une clôture des bourses asiatiques dans le rouge. Les indicateurs de risque sont très tendus (VIX à 75, V2X à 83), les spreads de crédit sont à des niveaux inconnus depuis la crise des années 2008/2009.
Sur le plan de la pandémie de Covid-19, le nombre de nouveaux cas est quasi nul en Chine et il se stabilise à un faible niveau en Corée. En revanche, en Europe, nouvel épicentre de l’épidémie, la hausse du nombre de cas demeure très forte y compris en Italie, premier pays européen à avoir mis en place des mesures de confinement. Pour être précis, la vitesse d’accélération des nouveaux cas en Italie commence à ralentir, ce qui est le prélude à une baisse future du nombre de cas. Celle-ci pourrait se produire dans les prochains 8 à 15 jours si le schéma d’évolution en Chine et Corée se répétait. Ailleurs en Europe, la hausse du nombre de cas continue sur sa lancée. Aux Etats-Unis, le nombre de cas déclarés du virus demeure de manière surprenante faible. Une accélération brutale est donc à craindre. Partout, les mesures sanitaires de confinement sont de plus en plus nombreuses et elles se généralisent en Europe.
Peu de nouvelles sur le plan économique ; la révision des prévisions en baisse sur la croissance économique se généralise, et notre scénario d’une récession technique globale durant le premier semestre est devenu très consensuel. La question essentielle sera celle du rebond que nous attendons au second semestre. Pour l’heure, de nombreuses sociétés européennes annoncent des fermetures d’usines et arrêts plus ou moins complets d’activité : une version concrète de la brutale révision en baisse de la croissance, source d’inquiétude dans les médias.
Autre sujet d’inquiétude, les questions de liquidité et du risque de crédit sont souvent évoquées. On constate bien que les entreprises tirent sur leurs lignes de crédit classique auprès des banques afin de se prémunir pour leur besoin de liquidités à court terme. Par ailleurs, sur les marchés des crédits/obligations d’entreprises/prêts aux entreprises, les indicateurs de liquidité se tendent ; les « spreads bid/ask » s’élargissent, le spread du High Yield (segment risqué du marché des obligation d’entreprises) américain a fait un nouveau plus haut récent, l’indice ITRAXX cross-over en Europe dépasse 650. Tous ces indicateurs techniques sont sur des niveaux inédits depuis la crise de 2008/2009. Comme nous le verrons ci-après, le risque systémique du « credit crunch » qui inquiète est pris très au sérieux par les banques centrales.
Face à toutes ces mauvaises nouvelles et au stress des marchés financiers, la réponse en terme de politique économique est massive, globale et coordonnée. Elle concerne aussi bien la politique monétaire que fiscale. Le « policy mix » est une accommodation générale. Les marges de politiques monétaires sont utilisées à plein ; baisses des taux officiels à 0, injections massives de liquidités, aides aux banques pour leur rôle spécifique vis-à-vis du financement des PME. Il s’agit aussi de contrer le risque bien connu en temps de récession du « credit crunch », période pendant laquelle les entreprises font face à des besoins de liquidités.
On se rappelle du « whatever it takes », ( « quoi qu’il en coûte ») de M. Draghi pour sauver l’Euro durant la crise régionale de 2012. Ce mantra s’applique maintenant à la politique fiscale dans les pays du G20.Tous les gouvernements annoncent des mesures massives. Nous en présentons ci-dessous un tableau qui résume l’essentiel des mesures annoncées à ce jour.
(TABLEAU DANS LE PDF)
Sur les bourses, les révisions en baisse des profits sont nombreuses. Le sentiment général se détériore, plus vite chez les particuliers que chez les institutionnels, mais le pessimisme est maintenant très dominant. Cet indicateur est souvent « contrariant », c’est-à-dire qu’un excès de pessimisme indique souvent de bons points d’entrée à moyen terme. Le court terme reste cependant très incertain car les fondamentaux se détériorent, le prix du pétrole a fait un nouveau points bas récent (à 28$ le baril de Brent), la situation sur le marché du crédit reste tendue et les niveaux de volatilité sont excessifs.
Nous restons néanmoins persuadés qu’il ne faut pas sous-estimer l’impact des mesures de politiques économiques prises en ce moment, même si elles n’auront pas un impact immédiat sur les économies et les entreprises. Dès que les premiers signes de pic de l’épidémie se manifesteront, il sera temps d’anticiper un rebond des économies, des taux d’intérêt et des marchés actions.