COVID 19 : MISE A JOUR DU 24 MARS

Florent Bronès, Chief Investment Officer

On assiste à un fort rebond des marchés financiers ce matin du 24 mars (Bourse japonaise +7% à la clôture, Eurostoxx +4.5% au moment de la rédaction, futures du S&P500 +4.6%). Les indicateurs de risque se contractent (volatilité ou spreads de crédit).

BNP Paribas Wealth Management

Les déclencheurs de ce rebond sont quelques meilleures nouvelles du côté de l’épidémie en Italie et des décisions politiques fortes par la Fed et potentiellement du Congrès américain en cas d’accord entre Républicains et Démocrates.

La pandémie de covid-19

Le nombre de nouvelles infections en Chine est quasi nul depuis plusieurs jours. Les autorités ont annoncé un relâchement des règles de confinement à Wuhan, effectif dès le 8 avril. L’économie chinoise pourrait donc revenir, au cours du second trimestre, vers sa marche habituelle.

Concernant les pays européens, on observe pour le deuxième jour consécutif que le nombre de nouvelles infections et de décès en Italie diminue. En d’autres termes, les mesures strictes de confinement mises en place le 11 mars commencent enfin à avoir un impact significatif. Ce pic potentiel de l’épidémie, dans le pays européen premier touché, doit être confirmé dans les prochains jours. Il laisserait anticiper un pic potentiel en Espagne, en France et en Allemagne d’ici à 8-12 jours, si le modèle italien se répète.

De nombreux pays adoptent désormais des mesures strictes de confinement, puisque 1,7 milliard d’individus dans le monde y sont maintenant contraints ! Hier par exemple, le Royaume-Uni et l’Afrique du Sud ont pris des décisions en ce sens.

En revanche, aux Etats-Unis, les décisions ne sont pour l’instant toujours prises qu’au niveau local. Certains états (New York, Californie et Washington en premier, suivis par d’autres) ont mis en place un confinement partiel, qui ressemble aux premières mesures prises par les Italiens début mars (donc avant le 11 mars et ses mesures strictes). Si les exemples chinois, coréen et italien se répètent, il est à craindre que la gravité de la situation sanitaire ne soit à ce jour sous-estimée par les autorités américaines. Les Etats-Unis peuvent donc devenir une réelle source d’inquiétude.

En termes de politique économique, la réponse des gouvernements et des banques centrales ne cesse de s’amplifier.

Les dernières nouvelles ont surtout concerné les Etats-Unis. La Fed reprend tous les outils qu’elle a déjà utilisés durant la Grande Crise Financière de 2008/2009, en élargissant son rayon d’action aux titres obligataires municipaux par exemple, ou au papier commercial. Elle a annoncé que la taille de son intervention pourrait être illimitée !

Un plan de grande ampleur (2 trillions de $) est en discussion au Congrès. Hier, le désaccord entre Républicains et Démocrates a pesé sur les marchés financiers. Ce matin, l’espoir d’un accord reprend le dessus. Ce programme devra être finalisé tôt ou tard, car la récession arrive et le système américain d’indemnisation du chômage doit être adapté au plus vite. Les problèmes de liquidité de multiples PME et ETP rendent urgent un tel programme.

Les prochains chiffres économiques vont ainsi commencer à montrer l’ampleur de la récession. On surveillera surtout les PMIs (Purchasing Managers Index) publiés aujourd’hui en Europe et aux Etats Unis. Ces PMI pourraient enregistrer de nouveaux plus bas historiques.

Tableau disponible dans le PDF à la fin de l'article.

Sur le plan des marchés financiers, les indicateurs de risque se détendent ce matin ; la volatilité baisse (VIX et V2X), les spreads de crédit se resserrent, les marchés obligataires se calment avec de faibles variations des rendements. La peur peut néanmoins reprendre le dessus très rapidement, la période de forte volatilité ne nous semble clairement pas encore terminée.

Nous ne modifions donc pas notre message : les instruments de politiques économiques sont très puissants et il ne faut pas les sous-estimer. Nous maintenons donc le profil en U que nous attendons sur les économies, les taux et les bourses. Les niveaux de valorisation des actifs risqués sont attractifs aujourd’hui, mais la valorisation ne donne pas le timing du rebond. Ce timing dépendra des nouvelles sur la pandémie, nouvelles qui sont par nature imprévisibles. Des opportunités se présentent dans une optique d’investissement de moyen long terme, mais le court terme reste incertain.