L'effet « Credit Suisse » sur les banques européennes

Messages clés
Suite au naufrage de la Silicon Valley Bank, les craintes entourant le système bancaire américain ont eu des répercussions sur les banques européennes, principalement Credit Suisse.
Les difficultés pesant sur Credit Suisse (CS) au sein de sa banque d'investissement sont apparentes depuis un certain temps déjà et ne sont pas nouvelles.
En conséquence, Credit Suisse est engagé dans un processus de restructuration en profondeur, incluant la levée de capitaux supplémentaires.
La Banque Nationale Suisse (BNS) et l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers suisse (FINMA) ont pris des mesures en faveur de CS, en réponse à la forte chute de son cours et des valeurs bancaires européennes qui ont mis en évidence la vive remontée des craintes sur les marchés financiers.
La BNS a notamment fourni à CS des liquidités pouvant atteindre 50 milliards de francs suisses par le biais d'une facilité de prêt couverte de 39 milliards de francs suisses et d'une facilité de liquidité à court terme.
Credit Suisse a annoncé une offre de rachat en espèces d'obligations CS en dollars américains pour un total de 2,5 milliards de dollars, ainsi qu'un rachat supplémentaire de 500 millions d'obligations CS en euros.
De nouvelles annonces et mesures de soutien aux systèmes bancaires américains et européens sont probables dans les prochains jours. À ce stade, nous ne voyons pas de risque systémique pour le système bancaire mondial.
Nous continuons de suivre de près cette situation afin d'évaluer l'impact potentiel sur l'environnement macroéconomique et les marchés financiers. Nous mettrons prochainement à jour nos perspectives de marché dès que nous aurons une vision plus complète des mesures annoncées.
Que s'est-il passé ?
Credit Suisse (CS) est une banque d'importance systémique mondiale (G-SIB) qui est confrontée depuis plusieurs années à des problèmes au sein de sa banque d’investissement. Elle a déjà été restructurée et a procédé à d’importantes réductions d’effectifs, mais la banque d'investissement restante n'est toujours pas rentable. En revanche, la division Wealth and Asset Management (banque privée internationale et gestion d’actifs) est beaucoup plus solide. CS cherche à redresser sa division de banque d'investissement.
Suite à l'effondrement de la Silicon Valley Bank aux États-Unis et à l'impact négatif sur la confiance des banques qui en a résulté, l'Europe a connu un effet de contagion psychologique, centré sur Credit Suisse. Cela pourrait déclencher une accélération des sorties de capitaux et des dépôts bancaires des clients. Le cours de l'action CS a baissé de 24 % le 15 mars et le Credit Default Swap CS 5 ans (assurance obligataire) est passé d'environ 400 pb (4 %) à près de 1000 pb (10 %).
Déclaration conjointe de la BNS et de la FINMA
Dans la soirée du 15 mars, pendant les heures de cotation du marché américain, la Banque nationale suisse et la FINMA (l'Autorité suisse de surveillance des marchés financiers) ont confirmé leur soutien.
Tout d’abord, les deux institutions rappellent que Credit Suisse est bien capitalisé et solvable ; elles surveillent la banque de très près et la considèrent comme « très transparente ». Le ratio Common Equity Tier 1 (CET1) est de 14,1 %, parmi les plus élevés d'Europe, tandis que les autres ratios clés de fonds propres et de liquidité figurent également parmi les plus élevés. CS a en outre confirmé que son ratio de couverture de liquidité reste proche de 150 %, bien au-dessus du minimum réglementaire de 100 %.
Ensuite, afin de faire face aux problèmes de liquidité auxquels Credit Suisse pourrait être confronté, une facilité de prêt collatéralisée d'au moins 50 milliards de francs suisses a été convenue avec la Banque nationale suisse.
CS compte racheter des obligations
CS a annoncé un programme de rachat de sa dette de 3 milliards de francs suisses (2,5 milliards de dollars d'obligations en USD et 0,5 milliards d’euros d'obligations en euro) afin de renforcer son bilan.
Malgré une stabilisation relative, des inquiétudes subsistent, notamment au sujet de la banque d'investissement de CS non rentable.
Cela a limité l'exposition des institutions financières au bilan CS. Les autorités suisses ont indiqué qu'elles « ne voyaient actuellement aucun risque direct de contagion à d'autres entités suisses ».
Selon nous, la probabilité de contagion de Credit Suisse à d'autres grandes banques semble à ce stade assez faible. De toute évidence, à plus long terme, le marché serait plus confortable si la division CS Investment Banking pouvait redevenir profitable de manière structurelle.
Conclusion
Rappelons qu'il existe désormais un mécanisme de bail-in des banques européennes (post-2008) pour convertir les obligations convertibles contingentes en actions et renforcer les bilans des banques si nécessaire. D'autres annonces et mesures de soutien aux systèmes bancaires américains et européens sont probables dans les prochains jours. À ce stade, nous ne voyons pas de risque systémique pour le système bancaire mondial. Nous mettrons prochainement à jour nos perspectives de marché dès que nous aurons une vision plus complète des mesures annoncées.