#Articles — 26.09.2022

Les élections italiennes

Luca Iandimarino, CIA Italie

Investment Theme 2 | BNP PARIBAS WEALTH MANAGEMENT

Le 25 septembre, des élections ont eu lieu pour la nomination du nouveau gouvernement et la composition de la Chambre des députés et du Sénat, composées respectivement de 400 et de 200 représentants.
La participation électorale a été faible, avec un taux de 63,9 %, soit moins que les élections de 2018 (-9 %).
Le résultat a mis en évidence une victoire pour la coalition de droite, menée par le parti Fratelli di Italia (FDI) de Giorgia Meloni, qui a recueilli environ 26 % des voix. Le centre gauche a obtenu moins de 30 %, alors que le Parti démocrate n'a pas dépassé le seuil des 20 %. Le parti « Movimento 5 Stelle » est proche de 15 %, principalement en raison des votes recueillis dans les régions méridionales de l'Italie.
Dans la Chambre des députés, le centre-droit est en tête avec 43,80 % tandis que le centre-gauche recueille 26,1 % des voix. Movimento 5 Stelle est à 15,4 % et le troisième parti atteint 7,7 %. Italexit et Unione Popolare n'atteignent pas 2 % (respectivement 1,9 % et 1,4 %).
Au Sénat, les bulletins sont dans la phase de clôture : le centre-droit recueille la majorité des voix (44 %) et le centre-gauche 26 %. Movimento 5 Stelle recueille 15,5 % des voix et Azione Italia Viva 7,7 %.
Le processus de formation du gouvernement prend en moyenne environ 2-3 semaines, mais la forte majorité obtenue par le centre-droit pourrait accélérer le processus. Une fois le parlement constitué, le président Sergio Mattarella entamera des consultations de partis qui détermineront qui deviendra le premier ministre - probablement Georgia Meloni, leader du parti de centre-droit qui a recueilli le plus de votes (FDI).

La situation macroéconomique
Après deux années de crise liées à la pandémie de COVID, la situation macroéconomique en Italie s'est considérablement améliorée. Les données de production industrielle ont montré des signes de reprise atteignant les niveaux enregistrés en 2019.

Par ailleurs, le chiffre est en ligne avec ceux de la zone euro, montrant également une certaine vigueur par rapport aux autres pays.

L'amélioration des données macroéconomiques italiennes se reflète également sur le marché du travail. Après l'arrêt provoqué par la pandémie, le taux de chômage est reparti à la baisse avec un taux d'emploi croissant.

Ces facteurs ont conduit à une hausse de la confiance des consommateurs et des entreprises, atténuant les points bas observés pendant la crise de la Covid. La forte hausse de l'inflation avec les actions conséquentes des banques centrales et le conflit en Ukraine affectent cependant le monde et l'économie italienne. Cela se reflète dans les indices de confiance (tant de la consommation que des entreprises) qui, après deux années de forte progression, ont commencé à revenir en arrière.

Points d'intérêt pour le marché
Les marchés n'ont pas accordé beaucoup d'importance aux élections italiennes pour le moment, en se focalisant sur des questions plus larges comme la crise énergétique, les tensions russo-ukrainiennes et la hausse de l'inflation. Le spread BTP-Bund a évolué dans une fourchette et n'a pas touché 250 points de base. Le rendement du BTP a progressé en moyenne en ligne avec celui des autres pays, impacté par les politiques restrictives des banques centrales. Même immédiatement après l'annonce des résultats électoraux, le spread ne s'est guère élargi (240 points de base) soulignant que les investisseurs avaient anticipé la victoire du centre-droit et que la prime de risque politique italienne n'est pas élevée actuellement.

A court terme nous n'attendons pas de tensions particulières, même s'il faut considérer que sur la base des expériences précédentes, il faudra environ 3 mois pour former un gouvernement efficace. Cette incertitude risque de déplaire aux marchés, surtout dans ce contexte macroéconomique de faible récession auquel l'Europe devrait faire face dans les prochains trimestres.

Nous pensons que les principaux points sur lesquels les investisseurs s'intéresseront sont les suivants :
- La relation avec l'Europe : Nous n'attendons pas de frictions majeures à court terme en raison de la nécessité d'assurer la continuité dans la gestion des fonds de Next Generation EU et surtout en tenant compte du poids que l'Europe pourrait avoir pour la gestion de la crise énergétique qui pèse tellement sur l'Italie.
- Les politiques budgétaires du nouveau gouvernement et l'impact sur la croissance : Le dernier document économique et financier met en évidence une tendance future de consolidation de la politique budgétaire, évoluant vers une amélioration progressive du déficit budgétaire, une fois que les mesures mises en place pendant la pandémie auront pris fin. Toutefois, l'hiver difficile qui nous attend amènera le nouveau gouvernement à prendre des décisions sur de nouvelles mesures de soutien à la consommation, impactée par le coût de la vie élevé. 

-La soutenabilité de la dette italienne dans un contexte de hausse des taux : Pour un pays comme l'Italie, avec un ratio dette/PIB d'environ 150 %, le coût de la dette joue un rôle important et doit être surveillé de près. Il faut toutefois considérer que, d'une part, la durée moyenne de la dette s'est allongée (avec donc des besoins de refinancement plus faibles à court terme) et que, d'autre part, la remontée de l'inflation pourrait augmenter la croissance nominale et donc améliorer le ratio dette/PIB. En outre, le mécanisme anti-fragmentation de la BCE pourrait éviter les spéculations excessives sur les BTP.

La stabilité du nouveau gouvernement et le choix des ministres clés (en particulier le ministre des Finances). La majorité semble tout à fait pertinente en termes numériques. Nous verrons à l'avenir comment les différents représentants coopéreront.

Pour conclure

Les résultats des élections italiennes ont mis en évidence une nette victoire de la coalition de centre-droit. Si la présence d'un gouvernement autonome permet la mise en œuvre facile des réformes, il faudra comprendre quelle direction le nouveau gouvernement voudra prendre et quels sont ses plans. Nous aurons plus de visibilité sur l'avenir lorsque le nouveau gouvernement sera formé, ce qui pourrait permettre à Giorgia Meloni d'être Première ministre en Italie. Entretemps, l'incertitude persistera sur les marchés actions et obligataires ce qui continuera à générer de la volatilité. Toutefois, la situation politique italienne ne sera pas le seul facteur à générer ce climat d'incertitude. L'évolution de l'inflation et les forts mouvements des banques centrales, ainsi que la crise énergétique en cours sont deux facteurs essentiels à surveiller.