L’autre côté de la vallée
Pour la deuxième semaine consécutive, les actions ont clôturé en positif.

Les espoirs de déconfinement et de redémarrage des principales économies mondiales ont prévalu sur les très mauvais chiffres économiques témoignant de l’ampleur de la récession. Sur la semaine, le Stoxx Europe 600 s’est apprécié de 0,5% et le S&P 500 de 3%.
Depuis leur plus bas de la mi-mars, le Stoxx Europe 600 a récupéré 19% et le S&P 500 a repris 28%. Les investisseurs ont été encouragés par la baisse du nombre de nouveaux cas de contamination,par les annonces de progrès quant aux médicaments potentiels et par le plan du président Trump pour rouvrir l’économie américaine et par le retour au calme sur le marché du crédit.
Retour de l’appétit pour les obligations « High Yield »
Les efforts agressifs des banques centrales semblent porter leurs fruits. Le marché des obligations d’entreprise rejoue son rôle de fournisseur de capitaux aux entreprises qui en ont grand besoin. Le constructeur automobile Ford, dont la qualité de la dette a été dégradée à « junk » (elle a perdu son statut « investment grade » il y a un mois) a réussi vendredi à émettre des nouvelles obligations qui ont attiré une forte demande. Mais la compensation exigée pour le risque est élevée avec un coupon de 9,625% à 10 ans. Les obligations à haut rendement ont attiré un record de 10,5 milliards de dollars dans la semaine se terminant mercredi.
États-Unis : la profondeur de la récession
L’état d’esprit du marché a changé depuis la mi-mars mais la volatilité reste forte. Les investisseurs sont tiraillés entre bonnes et mauvaises nouvelles. L’ampleur de la récession provoquée par les mesures de confinement se précise chaque jour. Les nouvelles demandes d’indemnités de chômage ont augmenté cette semaine de 5,2 millions, totalisant 22 millions sur le mois écoulé, soit 13,5% de la population active. Les ventes au détail ont baissé de 8,7% et les mises en chantier de logements neufs ont chuté de 22%.
Chine : du jamais vu en 40 ans
Le PIB chinois au premier trimestre a baissé de 6,8% par rapport à l’année précédente. C’est le premier recul depuis plus de 40 ans. Les investissements au premier trimestre ont baissé de 16% et les ventes au détail en mars également de 16%. Bien que pires que prévu, ces mauvais chiffres n’étaient pas inattendus. Vendredi, le jour de cette annonce, le principal indice des actions domestiques chinoises, le Shanghai Shenzhen 300, s’est apprécié, de 1%.
Un déluge de « treasury bills » et d’obligations
Ce lundi, le Trésor américain va adjuger plus de 150 milliards de dollars de papiers à 1 an ou moins. Au cours des dernières semaines, il a inondé le marché avec ces T-bills pour financer les 2000 milliards votés par le Congrès pour soutenir l’économie. Jusqu’à présent, le marché a tout absorbé sans problème étant donné l’appétit insatiable pour les valeurs refuges. Peu de prévisionnistes anticipent une hausse des taux étant donné que la Fed s’est engagée à acheter des quantités illimitées d’obligations pour assurer le fonctionnement du marché.
Vers une crise de la dette publique ?
Le gonflement des dettes publiques va-t-il inévitablement conduire à une crise ? Du point de vue de la théorie économique, une dette est viable tant que la croissance nominale de l’économie (croissance réelle + inflation) est supérieure au taux d'intérêt de la dette. Nous pensons que cela pourrait être le cas si les mesures de soutien permettent bien à l’économie de redémarrer rapidement dès que le confinement sera levé. Avec un peu de croissance et un peu d’inflation, la croissance nominale pourrait être supérieure aux taux d’intérêts de la dette qui sont extraordinairement bas.
Cela veut aussi dire que les banques centrales devraient maintenir les taux proches de zéro le plus longtemps possible. Pour les investisseurs américains, c’est une situation nouvelle. Ils découvrent TINA (There Is No Alternative).
Au programme cette semaine
Cette semaine, nous aurons les indices des directeurs d’achats des pays de la Zone euro. On s’attend à ce qu’ils soient encore pires qu’en mars, dépassant les plus bas historiques. Le flux de nouvelles concernant les résultats des entreprises au premier trimestre ne devrait pas être plus rassurant. Cela pourrait susciter de la volatilité.
Les marchés semblent vouloir regarder de l’autre côté de la vallée, se concentrer sur le rebond attendu pour la seconde partie de l’année. A raison pensons-nous car nous sommes optimistes pour la fin de l’année et pour l’an prochain. Mais le rebond a été rapide et porté par un (trop) petit nombre de valeurs, surtout des géants de la technologie. Le retour vers plus de normalité ne devrait pas être un long fleuve tranquille.